Alfred Golliard
Alfred Emile Antoine Golliard est un haut fonctionnaire français, préfet du Jura, né le à Bourg-en-Bresse, et mort à Hartheim (Autriche) après sa déportation à Mauthausen en 1944.
Alfred Golliard | ||
Fonctions | ||
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Préfet du Jura | ||
– (5 ans, 10 mois et 25 jours) |
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Prédécesseur | Albert Bernard | |
Successeur | Eugène Bosc | |
Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Bourg-en-Bresse (Ain) | |
Date de décès | (à 62 ans) | |
Lieu de décès | Hartheim (Autriche) | |
Nature du décès | Assassinat par gaz | |
Nationalité | Français | |
Profession | Haut fonctionnaire | |
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Alfred Golliard a été membre de cabinets ministériels sous la présidence du Conseil de Clemenceau entre 1906 et 1909, et 1917-1918 aux côtés de Paul Morel, Julien Simyan et Étienne Clémentel.
Préfet du Jura, à Lons-le-Saunier, de 1934 à 1940, il entre en résistance dans le réseau Special Operations Executive (SOE) à Cluny après avoir été révoqué par le gouvernement de Vichy[1]. Avec une soixantaine de Clunisois et de Clunisoises, il est arrêté à Cluny le par la police allemande, puis conduit à Lyon au siège de la [SIPO-SD], puis à la prison de Montluc[2], avant d'être transféré dans le camp allemand de Compiègne. Déporté au camp autrichien de Mauthausen dans le convoi parti de Compiègne le et arrivé le 8, après un voyage abominable[3], il est assassiné dans la chambre à gaz du château de Hartheim - rattachée à l'administration du camp - officiellement le [4]. En réalité, les autorités nazies ont maquillé les statistiques des assassinats pour en amoindrir la visibilité, truquant les enregistrements des décès. D'après les archives allemandes, on peut raisonnablement penser qu'il est mort au début [5].
Alfred Golliard est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur en 1922 pour rendre hommage à sa contribution à la reconstruction des villages et zones dévastées dans les Vosges, quand il est sous-préfet de Saint-Dié-des-Vosges[6] ; il est nommé au grade de sous-lieutenant à titre posthume en 1947, et reçoit la médaille de la résistance et la Croix de Guerre avec Palme en 1959, avec la citation « Magnifique patriote, membre des Forces françaises combattantes, arrêté le 14.2.1944, a été interné jusqu’au 4.4.1944, puis déporté dans le camp de concentration où il est mort glorieusement pour la France le 16.8.1944 »[7].
Biographie
modifierAlfred Golliard naît le à Bourg-en-Bresse, de Claude Golliard - chef de gare à la Compagnie des Dombes - et Marie Antoinette Démur. Son père décède un an après sa naissance. Alfred Golliard obtient le baccalauréat en Lettres et Philosophie en 1901 au lycée Lamartine de Mâcon, et poursuit ensuite ses études en khâgne au lycée Ampère de Lyon dans la promotion qui précède celle d'Édouard Daladier; ils auront tous les deux Édouard Herriot en professeur de rhétorique supérieure[4]. Alors qu'il n'a pas encore fini ses études pour le doctorat en droit, il devient le secrétaire particulier de Julien Simyan en 1906 au ministère des travaux publics, des postes et des télégraphes. Il obtient une licence de droit en 1907.
Alfred Golliard épouse Renée Bajard en 1911, dont il a trois enfants, Renée, Michelle et Claude.
À la suite de sa révocation de ses fonctions de préfet (il est mis en retraite d'office le en vertu de la loi du ), il quitte Lons-le-Saunier et rejoint Cluny , où il entre dans la Résistance au sein du réseau du Special Operations Executive dit Tiburce Buckmaster[4]. Alfred Golliard fait partie du petit nombre des membres du corps préfectoral sanctionnés dès les débuts du régime. Il est l'un des fonctionnaires insérés dans le "Mémorial des fonctionnaires"[8] édité en 1947 par l'Association des membres du corps préfectoral sous la direction d'Émile Bollaert, lui aussi sanctionné, puis déporté après son arrestation en tant que successeur de Jean Moulin. Ce mémorial, qui recense trente-six fonctionnaires morts pendant la guerre pour de nombreuses raisons ne doit pas être confondu avec la liste des préfets déportés (il y en eut 25, dont 8 sont morts en déportation)[9]. Dans le corps préfectoral il y eut un nombre assez proche de membres déportés (26). Seule une minorité, chez les anciens préfets, a connu la condition ordinaire de déporté (Häftling, au sens du vocabulaire allemand). La plupart des préfets arrêtés, en effet, furent déportés en tant que "personnalités-otages", mais certains d'entre eux y renoncèrent et rejoignirent les détenus "ordinaires".
Mandats
modifierAlfred Golliard devient en 1906 le secrétaire particulier de Julien Simyan alors que celui-ci est sous-secrétaire d’État des postes et des télégraphes. Il a été engagé dans des cabinets radicaux-socialistes dans lesquels il a servi plusieurs fois entre 1912 et 1913, surtout auprès de Paul Morel (qui fut son ami, jusqu'à sa mort accidentelle en 1933, dans la catastrophe ferroviaire de Lagny), puis, jusqu’en 1919 auprès d’Étienne Clémentel, au ministère du Commerce.
Il est entré en 1910 dans l’administration en qualité de conseiller de préfecture à Vesoul ; il y devient un juriste émérite. Il est nommé secrétaire général dans le Vaucluse en 1913, où il seconde un préfet souvent malade, Albert Lambert-Rochet. Il est ensuite sous-préfet de Saint-Dié en 1918, et y reste jusqu'en . Sa principale mission, qu'il coordonne pour le département entier des Vosges, est celle de la reconstruction des villages et biens détruits par les Allemands dans la Guerre. Il est nommé secrétaire général dans le Bas-Rhin en 1925. Pendant son séjour à Strasbourg, il doit particulièrement s'occuper de la lutte contre les forces autonomistes.
Au moment où Adolf Hitler parvient au pouvoir en , l'Alsace-Moselle se trouve "naturellement" être un endroit de refuge, pour les Allemands persécutés, en particulier les Juifs. Au titre de ses fonctions, il coopère avec les comités de soutien aux réfugiés de la communauté juive. En 1934, grâce à l'intervention d'Édouard Herriot, il obtient la préfecture du Jura[10], située à Lons-le-Saunier. En 1936, il se trouve dans un département dont les dirigeants radicaux sont hostiles au Front populaire. Il implique cependant le Jura dans l'accueil des réfugiés espagnols, d'abord en 1937, puis en 1939. À la suite de l'invasion de la ville par les troupes allemandes en , il organise, à son poste, les services publics et mobilise les responsables administratifs après l'évacuation de Lons. Par la suite, et jusqu'à son départ du département, le , il organise l'accueil des réfugiés venus d’Allemagne et des juifs expulsés d’Alsace, notamment au lycée et à l’hôpital de Lons-le-Saunier, ainsi que leur transfert dans des établissements religieux et dans les villages aux alentours de Lons-le-Saunier[11] à partir du .
Il est dénoncé au Ministre de l'Intérieur pour ses prétendues sympathies avec les communistes et son attitude pendant le Front populaire. Le ministre et ses aides envisagent d'abord de le "juilletiser" puis ils le mettent en retraite anticipée. Il se réfugie à Cluny, où il prend contact avec la Résistance de la ville, dont le fondateur principal est Jean Renaud. Alfred Golliard met ses compétences de préfet au service de la lutte contre l'occupant. Le noyau de résistance clunisois comprend le lieutenant Albert Browne-Bartoli, dit Tiburce, qui est un membre de l'organisation Special Operation Executive que Churchill a chargée de mettre à feu l'Europe ("And now set Europe ablaze!"). Lors de la Libération, Joseph Marchand établit la liste des participants au réseau qui portera le nom "Tiburce". Madame Germaine Moreau en fait partie, qui fonde l'Amicale des déportés de Cluny, qu'elle préside jusqu'à son décès[12].
Distinctions
modifier- Chevalier de la Légion d'honneur (12 avril 1922)[13]
- Médaille de la Résistance française à titre posthume (23 février 1959)[14]
Notes et références
modifier- « Le lourd tribut de la préfecture du Jura au régime nazi », Le Progrès, (lire en ligne, consulté le )
- La prison de Montluc est devenue le Mémorial national de la Prison Montluc. Dans les cellules, le Mémorial honore des ex-détenus, en évoquant leur parcours. Celui d'A. Golliard a été installé dans la cellule no 56 à l'occasion du 73e anniversaire de la libération de Montluc, le 24 août 2017.
- voir le témoignage de Robert Chanut, déposé au Centre d'histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon
- Jean-Claude Barbier et Olivier Buttner, Alfred Golliard, préfet résistant (1881-1944), Halshs.archives-ouvertes.fr, (lire en ligne)
- Jean-Claude Barbier, La République jusqu'à la mort : Alfred Golliard, préfet, résistant, déporté45719024), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, , 435 p. (ISBN 978-2-84867-651-7), chapitre 5
- Jean-Claude Barbier, « Chapitre 1. Alfred Golliard, jeunesse d’un préfet Bourguignon », dans La République jusqu’à la mort : Alfred Golliard, préfet, résistant, déporté, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Annales littéraires », , 35–97 p. (ISBN 978-2-84867-874-0, DOI 10.4000/books.pufc.36842, lire en ligne)
- « Journal officiel du 2 septembre 1959 », sur legifrance.gouv.fr.
- Mémorial des fonctionnaires du corps préfectoral et de l’administration centrale, morts au cours de la guerre (1939-1945), Paris, Ministère de l'intérieur, sans date, 1947
- « Pour des détails, se reporter à J.-C. Barbier, « Qu'est-ce qu'un préfet déporté ? Destins contrastés des préfets de Vichy déportés. » », document de travail HAL, (lire en ligne)
- Barbier, Jean-Claude, « Alfred Golliard, préfet du Jura sous le Front populaire et le Centenaire de Rouget de Lisle à Lons le Saunier en juin 1936 », Travaux 2014 (Société d'émulation du Jura), , p. 271-294
- Claustre Vincent, « L'accueil des derniers juifs expulsés d'Alsace en juillet 1940 dans la zone non occupée du Jura », Travaux 2014 (Société d'émulation du Jura),
- Amicale des déportés de Cluny, Février 1944, "Le pire, c'est que c'était vrai", Mâcon, JPM éditions, , 411 p. (ISBN 978-2-84786-032-0, BNF 39970995)
- « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- « Accueil - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
Bibliographie
modifier- Jean-Claude Barbier, La République jusqu'à la mort : Alfred Golliard, préfet, résistant, déporté, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté » (no 998), , 435 p. (ISBN 978-2-84867-651-7, BNF 45719024, DOI 10.4000/books.pufc.36787).
Liens externes
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- Ressources relatives à la vie publique :