Alexandre-Romain Honnet
Alexandre-Romain Honnet, nommé parfois Bonnet par erreur[1] ou Honnet de Saint-Romain, né le 4 juillet 1770 à Paris et mort le à Clichy, est un élève de l'école des beaux-arts qui a reçu le prix de Rome en peinture[2]. Son travail s'inscrit dans le néo-classicisme.
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Biographie
modifierNé à Paris le 4 juillet 1770[3], au 59 de la rue Saint-André-des-Arts[4], il a vécu au 44 de la même rue[5]. Ses parents étaient propriétaires à Villeneuve-sur-Yonne.
Il est le frère d'Alexandre Georges François Honnet, né en 1778 à Villeneuve-sur-Yonne et décédé le 2 mai 1851 à Clichy au 32, rue du Landy, notaire à Paris du 14 août 1794 au 9 novembre 1799, propriétaire de l'immeuble abritant l'étude notariale installée au 44 (auj. 47), rue Saint-André-des-Arts, à savoir, l'hôtel de Vermenoux[6]. Ce notaire célibataire finalement installé à Clichy lègue tous ses biens, notamment le pavillon Vendôme de Clichy, à la grand-mère de Jean Cocteau, Clémence Charlotte Cocteau née Thiéry[7].
Il est élève au collège des Grassins, et il reçoit un accessit en version latine au concours de l'université, ainsi que l'indique le Journal de Paris en 1787[8].
Son travail est applaudi ainsi que Le retour de Marcus Sextus de Pierre-Narcisse Guérin lors d'une séance de l'institut national présidée par Antoine-Laurent de Jussieu, en 1799[9].
À la suite de son prix, il est pensionnaire de 1802 à 1806, à Rome, de la Villa Médicis, nouveau refuge de l'institut France qui vient de déménager, en même temps que, entre autres, Fulchran-Jean Harriet, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Pierre-Narcisse Guérin[10].
Il expose plusieurs de ses œuvres en 1805 à l'institut de France, à Rome, et reçoit un accueil favorable: "Il me resterait beaucoup d'éloges à donner" écrit un certain D. G. dans une lettre envoyée de Rome, adressée aux rédacteurs du Journal de Paris et datée du 12 novembre 1805[11].
Son travail est exposé avec celui des autres pensionnaires au Palais des Arts à Paris en 1806, exposition trop longtemps différée d'après l'auteur de la notice, Joachim Lebreton, le secrétaire perpétuel de la classe des beaux arts[12].
Il reçoit une pension viagère à partir du 8 août 1816[4]. Il meurt à Clichy au 69 rue du Landy le [13]
Formation
modifierIl fut l'élève de Jean-Baptiste Regnault[14].
Œuvres connues, référencées ou perdues
modifier- Il peint la Séparation de Télémaque et Mentor en Égypte en 1798, huile sur toile[15]. On trouve une description du tableau dans une compilation de livrets d'exposition du XIXe siècle : "Le fils d'Ulysse demande en vain à Métaphis, ministre prévaricateur de Sésostris, roi d'Égypte, de n'être point séparé de Mentor. Celui-ci reproche à son disciple sa faiblesse, et lui dit de se confier aux Dieux, qui ne l'abandonneront pas s'il se montre digne de leur protection."[16]. Le tableau a été exposé dans le Salon du Musée central des Arts, le (1er thermidor de l'an VI). Il a été vu par Caroline Wuiet qui en fait un compte-rendu critique dans sa revue Le Phénix:
« « Ma huitième promenade au musée des Arts ». Je passais dans la galerie d’Apollon, pour voir La Mort d’Eurydice, et, très distraite, comme c’est assez mon ordinaire, je fredonnais le duo de mon maître qui commence par Tu me l’paieras, j’en jure; tu me l’paieras, j’en jure, etc. Un éclat de rire trouble ma rêverie, je me retourne, je suis les yeux du rieur, et je les trouve fixés sur le Télémaque se séparant du Mentor en Égypte. Ô comme ma chanson allait bien à ce tableau ! Le joli fils d’Ulysse tout flanqué de membres de rapports menace Métophis qui prend assez bien la plaisanterie; Mentor, tant soit peu dessiné d’après Saint-Pierre, prêche la paix, et un soldat de cuivre s’impatientant des oraisons porte avec audace une petite main de poupée sur le Télémaque qu’il finit par entraîner. Après avoir assez regardé les mesquines idoles et les grandes momies, [...].[17] »
- Il est le vainqueur du prix de Rome en 1799 dont le sujet était: Manlius Torquatus, couronnant son fils victorieux, et l'envoyant à la mort, pour avoir manqué à la discipline.[18],[19]. En 1843, Le peintre François Vincent Latil demande par courrier à l'EBA l'autorisation de copier ce tableau[20].
Le texte de Tite-Live correspondant à l'épisode est le suivant:
« les rivaux s'élancent, poussent leurs chevaux et s'attaquent à coups de piques : celle de Manlius glissa au-dessus du casque de l'ennemi, celle de Maecius effleura le cou du cheval. Ils font tourner leur chevaux, et reviennent à la charge : plus prompt pour ce nouveau coup, Manlius se dresse et plante sa javeline entre les oreilles du cheval ; le cheval se sent blessé, se cabre en secouant violemment la tête, et renverse son cavalier, qui, s'appuyant sur sa pique et sur son bouclier, essayait de se relever de cette lourde chute, quand Manlius lui plonge son fer dans la gorge, lui traverse les côtes et le cloue à terre. Il recueille ses dépouilles, revient près des siens, rentre au camp au milieu de l'ovation joyeuse de sa troupe, et va droit à la tente de son père, ignorant le sort fatal qui l'attend, et s'il a mérité la louange ou le supplice:
"Afin, dit-il, ô mon père, de bien convaincre ici tout le monde que je suis sorti de ton sang, j'apporte ces dépouilles d'un cavalier ennemi qui m'a défié et que j'ai tué."
Le consul eut à peine entendu son fils, qu'il détourna de lui ses regards, fit sonner la trompette et convoquer l'armée. Dès que l'assemblée fut assez nombreuse:
"Puisque toi, T. Manlius, lui dit-il, sans respect pour l'autorité consulaire et pour la majesté paternelle, tu as, contre notre défense et hors des rangs, combattu l'ennemi ; puisque tu as, autant que tu l'as pu, brisé les liens de la discipline militaire, qui, jusqu'à ce jour, a fait la force de Rome ; et que tu m'as réduit à la nécessité de mettre en oubli, ou la république, ou moi et les miens : il vaut mieux que nous portions la peine de notre crime, que de faire payer si cher nos fautes à la république. [...] Va, licteur, attache-le au poteau."
Un si atroce commandement consterna l'armée : chacun pensa voir la hache levée sur sa tête, et, plus par crainte que par ménagement, on se tut. Puis, revenue enfin de sa stupeur, cette foule, d'abord morne et silencieuse, eut à peine vu tomber la tète et le sang rejaillir, qu'elle laissa librement éclater ses plaintes et ses cris, et n'épargna ni ses regrets ni ses imprécations. Ils couvrirent des dépouilles le corps du jeune homme, et pour célébrer ses funérailles avec tout l'appareil d'une solennité militaire, ils élevèrent un bûcher hors du camp, et l'y brûlèrent ; et la "sentence de Manlius", après avoir effrayé son siècle, laissa encore un triste souvenir à la postérité.[21] »
Le deuxième prix fut attribué à François-Henri Mulard, élève de Jacques-Louis David pour Manlius Torquatus condamne son fils à mort, exposé à Alger, au musée des beaux-arts. Les autres concurrents pour le prix étaient Claude Gautherot, Denis-Sébastien Leroy, Nicolas de Courteille, Henri Buguet, Jules Antoine Vauthier.
- Pyrame et Thisbé, reconnus par leurs parents, en 1800[22].
- Portrait de Dubut, architecte, en 1802[22]. Il s'agit de Louis-Ambroise Dubut, pensionnaire comme lui à Rome.
- Entelle sur le point d'assommer le taureau après son combat avec Darès, d'après les héros de l'Enéïde de Virgile. Les figures en sont "au dessus de nature"[11]. Tableau exposé à Rome en 1805.
- Un autre tableau d'Alexandre-Romain Honnet, représentant une femme nue au bain, assise sur les marches du bassin, se trouve dans la collection privée de Giovanni Agnelli et est exposé dans son appartement New-yorkais[23]. Il s'agit sans doute du tableau mentionné par Joachim Lebreton: "un tableau représentant la reine [sic] de Candaule au bain"[12], dont le journal de Paris indique qu'il est "de grandeur naturelle"[11]. Ce tableau a été exposé à Rome en 1805.
- Athlète vainqueur, "de proportion plus grande que nature" d'après Joachim Lebreton[12].
- Une copie de la Vierge au Chardonneret, d'après Raphaël. Joachim Lebreton écrit:"Ce dernier tableau est l'ouvrage d'émulation exigé des pensionnaires pendant leur quatrième année de séjour à Rome; il appartient au Gouvernement ainsi que le tableau original que les mêmes pensionnaires doivent exécuter pendant leur cinquième année. Des circonstances ayant empêché MM Honnet et Guérin d'acquitter cette obligation qu'eux-mêmes regardent comme sacrée, ils ont obtenu un délai que le talent de l'un et de l'autre compensera avantageusement. Ces deux tableaux doivent être regardés comme faisant partie des travaux d'émulation de l'année"[12]. Ce tableau a été exposé à Rome en 1805.
Prix
modifier1799 : Prix de Rome
Notes et références
modifier- sur la foi des Archives de l'art français, feu Bellier de la Chavignerie a catalogué cet artiste dans ce dictionnaire, sous le nom de Bonnet: voyez au tome Ier, page 120, l'article Bonnet (Alexandre-Romain), qui doit être supprimé, Dictionnaire général des artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, Emile Bellier de la Chavignerie, Louis Auvray, Paris, 1882
- Philippe Grunchec, Le grand Prix de peinture, les concours des prix de Rome de 1797 à 1863, préface de Jacques Thuillier, Paris, 1983, p.128
- Geneanet, Création de rente viagère du 27/08/1816 contenant sa date de naissance
- [1] document notarié
- Catalogues of the Paris Salon 1673 to 1881, Garland publishing, inc., New York and London, 1977.
- Philippe Bertholet, Etudes et notaires parisiens en 1803, Association des notaires du Châtelet, 2003, p. 35-36, 46, 506-507, 538-539
- [2] Voir le site de la Ville de Clichy pour plus d'informations
- Journal de Paris, numéro 232 du lundi 20 août 1787, p. 1015
- M.Peltier, Paris pendant l'année 1799, volume 24, Imprimerie Baylis, Londres, p. 291
- [3] liste des pensionnaires
- Le Journal de Paris, numéro 442, du 8 décembre 1805, p. 3105
- Magasin encyclopédique, tome 6, p. 155-157, imprimerie de Delance, 1806, Paris
- Archives départementales des Hauts-de-Seine, acte de décès n°11 dressé à Clichy le 02/02/1819, vue 5 / 23
- Magasin encyclopédique ou Journal des sciences et des arts, A.L. Millin, 5e année, Tome III, 1799, Paris.
- Anne Lafont, Charlotte Foucher, Amandine Gorse et alii, Plumes et Pinceaux. Discours de femmes sur l'art en Europe,(1750-1850), Anthologie, Paris, INHA, Presses du réel, 2012
- Collection de livrets d'anciennes expositions depuis 1673 jusqu'en 1800, Liepmannssohn éditeur, 11 rue des Saints-Pères, Paris, avril 1871
- Le Phénix, numéro 10, (1er vendémiaire de l'an VII), p. 4-5.
- Notice no 50510011400, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
- Journal des arts, de littérature et de commerce, Directeur de publication Joseph-François-Nicolas Dusaulchoy de Bergemont, Paris, 1799.
- [4] voir les archives de l'ENSBA
- Tite-Live, Histoire romaine, Trad. Nisard – 1864, Livre VIII - Guerres latines et samnites (341 à 322 av. J.-C.)
- Dictionnaire général des artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, Emile Bellier de la Chavignerie, Louis Auvray, Paris, 1882
- Marella Agnelli, the last swan, de Marella Caracciolo Chia, Editions Rizzoli, 2014
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :