Album B (Goya)

Artiste	Francisco de Goya
Date	1796-1797
Technique	gouache d'encre de Chine appliquée au pinceau, crayon noir, plume
Localisation	Musée du Prado, Madrid (Espagne)

L’Album B (en espagnol : Álbum B, Álbum de Sanlúcar-Madrid ou encore Álbum de Madrid^[2]) est une collection de dessins réalisés par Francisco de Goya et commencée en 1796 à Sanlúcar de Barrameda et Doñada, où Goya était invité par la duchesse d'Alba, récemment devenue veuve de José Álvarez de Toledo y Gonzaga (es), duc d'Alba, et terminée en 1797 à Madrid.

Contexte

Fin 1792, Goya est hébergé à Cadix par l'industriel Sebastián Martínez y Pérez (de qui il fait un excellent portrait), pour se remettre d'une maladie : probablement le saturnisme, qui est une intoxication progressive de plomb assez courante chez les peintres. En janvier 1793, Goya est alité dans un état grave : il reste plusieurs mois temporairement et partiellement paralysé. Son état s'améliore en mars, mais laisse comme séquelle une surdité dont il ne se remettra pas^[3].

À partir de 1794, Goya se rend au palais des ducs d'Alba à Madrid pour leur faire le portrait. Il fait également quelques tableaux de cabinet avec des scènes de sa vie quotidienne, tels que La Duchesse d'Alba et la bigote, et, après la mort du duc en 1795, il fera de longs séjours avec la jeune veuve dans sa propriété de Sanlúcar de Barrameda en 1796 et 1797. L'hypothétique relation amoureuse entre eux a suscité une abondante littérature basée sur des indices non concluants. Il y a eu de grands débats sur le sens du fragment de l'une des lettres que Goya a envoyé à Martín Zapater le 2 août 1794, et dans laquelle, avec sa graphie particulière, il écrit :

« Mas te balia benir á ayudar a pintar a la de Alba, que ayer se me metio en el estudio a que le pintase la cara, y se salió con ello; por cierto que me gusta mas que pintar en lienzo, que tanbien la he de retratar de cuerpo entero [...] »

— Francisco de Goya^[4]

« Tu aurais dû venir m'aider à peindre la Duchesse d'Alba, qui est venue hier au studio pour que je lui peigne le visage, et elle l'a obtenu. Lui peindre le visage me plairait plus que le lui peindre sur une toile ; maintenant je vais également devoir lui faire une peinture du corps entier^[5]. »

L’Album B est le deuxième réalisé par Goya, et a été réalisé entre 1796, pendant sa convalescence à Cadix, et 1797, de retour à Madrid. C'est donc la suite de l'Album A, dont la technique et la thématique, la sensualité féminine, est là même jusqu'au dessin n^o 27, dans lequel les scènes deviennent plus complexes et dramatiques (processions, ânes, dames et bandits) et surtout plus satiriques et critiques — une tendance qui se consolidera avec les Caprichos, publiés en 1799^[2].

Description

Dessin n^o 57 de l’Album B (musée du Louvre), préparatoire au capricho n^o 69, Sopla.

Notes techniques

Le langage visuel de l’Album de Madrid est élaboré avec un sens pictural très accentué. La ligne est substituée par les effets de tâche qui caractérisent la technique de la gouache d'encre de Chine, dont le ton grisâtre adopte une intensité relative selon la concentration de l'encre sur le papier^[2].

Analyse

Une centaine de dessins de l’Album B sont connus et les pages de l'album sont numérotées et possèdent, pour la première fois, des légendes aux scènes représentées. Cinq de ces feuilles sont conservées au Musée du Prado^[2]. Trois feuillets double face sont conservés au musée du Louvre^[6].

Aussi bien les estampes des Caprichos que la majeure partie des dessins de l’Album B sont avant tout une satire que Goya conçoit comme un moyen de combattre les vices de l'homme et les absurdités de son comportement^[2].

Œuvres

Dessin n^o 56 de l’Album B, préparatoire au capricho n^o 70, Devota profesion.

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Dessins de l’Album B qui ont préparé un capricho :

n^o 6 : de Dios la perdone. Y era su madre (n^o 16)
n^o 19 : Ni así la distingue (n^o 7)
n^o 35 : de El amor y la muerte (n^o 10)
n^o 56 intitulé Devota profesion : de Devota profesion (n^o 70)
n^o 57 intitulé La tía chorriones enciende la Oguera (musée du Louvre): de Sopla (n^o 69)
n^o 61 : Que se la llevaron! (n^o 8)
n^o 63 : de Están calientes (n^o 13)
n^o 68 : de Al conde Palatino (n^o 33)
n^o 72 : de Asta su Abuelo (n^o 39)
n^o 81 : de Mala Noche (n^o 36)
n^o 82 : Pobrecitas! (n^o 22)
n^o 88 : de Muchachos al avío (n^o 11)
n^o 86 : de Y se le quema la casa (n^o 18)
numéro à déterminer, mais intitulé Maja ante tres compañeros : ¿Quién más rendido? (n^o 27)
numéro à déterminer : Ruega por ella (n^o 31)
numéro à déterminer, mais intitulé La apunta pr. ermafrodita : La filiación (n^o 57)
numéro à déterminer : Le pide cuentas la mujer al mando ( Elle demande des explications à son mari), (58?), musée du Louvre
numéro à déterminer : Es dia de su santo, musée du Louvre
numéro à déterminer : Parten la vieja, musée du Louvre

Autres dessins :

Cantan para el que lo hizo

Notes et références

↑ (es) Marisa Cancela, « Las técnicas artísticas: El dibujo », sur goya.unizar.es, 1996 (consulté le 28 mars 2014).
↑ ^{a b c d et e} (es) José Manuel Matilla, « Albums de dessins », sur museodelprado.es (consulté le 28 mars 2014).
↑ Tzvetan Todorov, Goya à l'ombre des lumières, éd. Flammarion, 2011^{[réf. incomplète]}.
↑ ^{a et b} (es) Francisco de Goya, Mercedes Águeda (dir.) et Xabier de Salas (dir.), Cartas a Martín Zapater, Tres Cantos, Istmo, 2003, 384 p. (ISBN 978-84-7090-399-1), p. 344.
↑ Mercedes Águeda et Xabier de Salas affirment, à propos de ce passage : « L'unique phrase connue et documentée de Goya où il fait allusion à la Duchesse d'Alba et qui a donné lieu à toute la légende et aux élucubrations postérieures^[4]. »
↑ Grande Galerie - Le Journal du Louvre, printemps 2023, numéro 62, p.32-33.

Annexes

Bibliographie

Pierre Gassier, Dessins de Goya, vol. I : Les albums, Fribourg, Office du Livre, 1973.

(es) Pierre Gassier, Dibujos de Goya : Los álbumes, Barcelone, Noguer Ediciones, 1973, 400 p. (ISBN 978-84-279-9711-0).

Pierre Gassier, Dessins de Goya, vol. II : Études pour gravures et peintures, Fribourg, Office du Livre, 1975.

(es) Pierre Gassier, Dibujos de Goya : estudios para grabados y pinturas, Barcelone, Noguer Ediciones, 1975, 600 p. (ISBN 978-84-279-9712-7).

(es) Juliet Wilson-Bareau, Goya, el capricho y la invención : cuadros de gabinete, bocetos y miniaturas, Madrid, Museo Nacional del Prado, 1993, 400 p. (ISBN 978-84-87317-24-8).

Articles connexes

Liens externes

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Œuvres de Francisco de Goya, sur Wikimedia Commons

(es) Marisa Cancela, « Dibujos ("Álbumes de dibujos") », sur goya.unizar.es, 1996 (consulté le 28 mars 2014).
(es) José Manuel Matilla, « Goya en el Prado - Álbum B o de Madrid », sur museodelprado.es, 2007 (consulté le 31 mars 2014).
(es) José Manuel Matilla, « Albums de dessins », sur museodelprado.es (consulté le 28 mars 2014).

[1] (es) Marisa Cancela, « Las técnicas artísticas: El dibujo », sur goya.unizar.es, 1996 (consulté le 28 mars 2014).

[ficheprado-2] {a b c d et e} (es) José Manuel Matilla, « Albums de dessins », sur museodelprado.es (consulté le 28 mars 2014).

[Tod-3] Tzvetan Todorov, Goya à l'ombre des lumières, éd. Flammarion, 2011^{[réf. incomplète]}.

[cartasazapater-4] {a et b} (es) Francisco de Goya, Mercedes Águeda (dir.) et Xabier de Salas (dir.), Cartas a Martín Zapater, Tres Cantos, Istmo, 2003, 384 p. (ISBN 978-84-7090-399-1), p. 344.

[5] Mercedes Águeda et Xabier de Salas affirment, à propos de ce passage : « L'unique phrase connue et documentée de Goya où il fait allusion à la Duchesse d'Alba et qui a donné lieu à toute la légende et aux élucubrations postérieures^[4]. »

[6] Grande Galerie - Le Journal du Louvre, printemps 2023, numéro 62, p.32-33.

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