En géométrie, l'aire algébrique d'un polygone est une généralisation à un polygone quelconque de l'aire géométrique d'un polygone simple, mesure de la superficie de la région délimitée par ce polygone. Sa définition permet un calcul simple à l'aide de déterminants. Elle est équivalente à la formule de Green-Riemann donnant l'aire de la région déterminée par une courbe fermée simple.
Dans le plan affine euclidien orienté, le déterminant d'un couple de vecteurs ne dépend pas de la base orthonormée directe dans laquelle il est calculé et donne l'aire du parallélogramme construit sur si est direct, son opposé sinon.
On définit l'aire algébrique d'un triangle quelconque par , donnant l'aire géométrique si est parcouru dans le sens direct, son opposé sinon.
Étant donné un polygone quelconque on montre que l'expression ne dépend pas du point choisi (car ) et on la définit comme étant l'aire algébrique du polygone :
On montre que cette définition redonne bien la définition de l'aire algébrique d'un triangle si , qu'elle reste inchangée par décalage circulaire sur les lettres , qu'on a la relation de type Chasles pour :
(remarquer l'ajout de à la fin),
et qu'elle donne bien l'aire géométrique dans le cas d'un polygone simple (c'est-à-dire sans aucune intersection d'aucune paire quelconque de côtés, en dehors du sommet commun à deux côtés successifs) parcouru dans le sens direct.
De plus l'ajout d'un point aligné avec deux sommets consécutifs ne change pas l'aire : , formule pouvant être utilisée dans les deux sens.
L'aire algébrique d'un quadrilatère croisé est égale à la différence des aires des deux triangles formés (dans la figure de gauche, on a ). Elle est donc nulle si ces deux triangles ont la même aire, par exemple pour un antiparallélogramme.
Pour un pentagone , la relation ci-dessus donne :.
Dans la figure de droite, par une autre méthode, .