Adrien Treuille
Adrien Treuille, né le à Châtellerault et mort le à Menton, est un ingénieur polytechnicien, entrepreneur et homme politique français[1],[2].
Maire d'Availles-en-Châtellerault | |
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Comte romain |
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Jeanne-Delphine de La Fouchardière |
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Il est notamment maire d'Availles-en-Châtellerault de son élection en 1890 à sa mort en 1917[3], dernier entrepreneur privé de la Manufacture d'Armes de Châtellerault[4] à partir de novembre 1889 jusqu'en 1895, et Comte Romain par bref papal en 1897[5].
Biographie
modifierOrigines familiales
modifierAdrien Treuille naît le dans la ville de Châtellerault, dans le département de la Vienne, d'Alphonse Treuille, marchand de fer, et de Olympe Lavallée. Sa famille est plutôt nombreuses : il a un grand frère, de deux années son aîné, et deux sœurs jumelles, nées en 1844.
La branche châtelleraudaise de la famille Treuille, à laquelle il appartient, fut fondée par François Treuille, un apprenti orfèvre de la fin du XVIIe siècle qui s'installa à Châtellerault. L'un de ses ancêtres, Sieur des Richardières, fut procureur au Présidial de Poitiers durant le XVIIe siècle.
Il épouse Jeanne Delphine de La Fouchardière, petite-fille de Paul Proa et tante de Georges de La Fouchardière.
Entrepreneur de la Manufacture d'armes de Châtellerault
modifierCommande de fusils par la Russie
modifierEn 1891, la Russie d'Alexandre III, affaiblie économiquement et "pour des raisons stratégiques"[6], décide de passer une commande de 500 000 fusils Mossine à la France. S'entame alors des négociations entre la France et la Russie, Adrien Treuille négociant lui-même la commande avec le général-baron de Fréedéricksz, avant qu'un accord ne soit finalement trouvé le [7].
Le début des travaux est difficile : sous la pression, le président Sadi Carnot viendra lui-même à la Manufacture, , pour suivre l'avancée de la production[7]. Pour garder un œil sur la production de fusils, plusieurs hommes russes sont envoyés à Châtellerault, dont le prince impérial André Gagarine, qui s'installa dans une demeure avec sa famille[7]. Les russes, qui maitrisent le français, s'intègrent rapidement parmi la population, et Adrien Treuille les invite de manière récurrente à des banquets qu'il organise[6], probablement à la Tour d'Oyré.
La commande s'achève le , à terme et comme convenu : 503 539 fusils de la marque Mossine auront été produits et envoyés en Russie. De nombreux banquets et manifestations sont organisés par fêter l'évènement et le départ de la mission russe, et Adrien Treuille devient commandeur de l'ordre de Saint-Stanislas, en reconnaissance pour son service à la Russie.
La Cloche Russe
modifierÀ la mort brutale du Tsar, le [8], Adrien Treuille insiste auprès de l'évêque de Poitiers pour que des prières en sa mémoire soient faites publiquement[7]. Des hommages et des célébrations publics en l'honneur du défunt Tsar auront par la suite lieu. Touché par cet acte de reconnaissance, le colonel Solkérine demanda à Adrien Treuille et au curé Guérin ce qu'ils désiraient en retour. Les deux hommes répondirent alors qu'une cloche serait la bienvenue, et la demande fut présentée au Tsar Nicolas II, qui accepta de grâce[9].
La cloche est fondue dans la ville de Petrograd, où les russes gravent en lettres latines et cyrilliques "Sonnez la paix et la fraternité des peuples". Gigantesque (plus de 2 mètres de haut et plus d'1,70 mètre de diamètre), la cloche est acheminée en France, où elle sera baptisée par l'archevêque de Bordeaux, sous le parrainage d'Adrien Treuille lui-même. Elle sera ensuite installée dans le clocher de l'église Saint-Jean-Baptiste, à Châtellerault, où avait eu lieu les prières pour le Tsar.
Maire d'Availles-en-Châtellerault
modifierAdrien Treuille est le maire d'Availles à avoir été réélu le plus de fois (6 fois)[10]. Il devient maire par les élections du , et restera à son poste jusqu'à sa mort, en 1917. C'est notamment sous ses nombreux mandats qu'apparaîtront les premiers moyens de transports publics dans la commune d'Availles et le premier réseau téléphonique. Il chercha également à organiser une foire chaque 28 mars et chaque 28 septembre de chaque année, mais son projet n'aboutira pas[10].
Politique
modifierInterrogé à propos d'une élection sénatoriale, Adrien Treuille donna son opinion sur la politique qu'il souhaitait engager en tant que maire :
« Je voudrais faire de la concentration à la droite en réunissant le plus souvent dans les mêmes votes les républicains modérés et les membres des anciens partis monarchistes qui font passer le péril social avant le souci dynastique et la préoccupation chrétienne de soulager les misères humaines avant la conservation tout apparente de privilèges de classe. »[11]
Il se considère comme républicain conservateur.
Notes et références
modifier- « Geoffroy Roux de Béziers et Adrien Treuille »
- « La Manue et Treuille »
- « Histoire d'Availles en Châtellerault »
- « Ils ont fait la Manu »
- Jean-Pierre Thiollet, Hallier l'Edernel jeune homme, Magland, France, Neva éditions, , 282 p. (ISBN 978-2-350-55217-0), p. 170
- « Les Russes à Châtellerault »
- « Laissez vous conter la Manu »
- Encyclopædia Universalis, « ALEXANDRE III ALEXANDROVITCH », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- « La cloche russe sonnera bientôt de nouveau sur Châtellerault », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
- « Guerre et Paix à Availles »
- Fabien Conord, Les élections sénatoriales en France (1875-2015), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 376 p. (ISBN 978-2-7535-4949-4, DOI 10.4000/books.pur.45626, présentation en ligne, lire en ligne), « Chapitre II. Le temps des fidélités (1888-1912) », p. 57.