Adamites

adeptes de l'adamisme, doctrine du IIIe siècle

Les adamites (ou adamiens) étaient un mouvement religieux intermittent inspiré par la nostalgie de l'Éden. Bien que connu dès le IIe siècle, le mouvement atteint une relative apogée entre le XIIIe et le XVe siècles. Le fond de leur proposition était que « l'homme doit être aussi heureux ici-bas qu'il sera un jour dans le ciel » (Tommaso Campanella, La Cité du Soleil, 1568).

Gravure représentant les adamites persécutés.

Interprétations modernes

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Pour Jean-Luc Bouland, dans Tout en nu (1997), c'est le premier mouvement nudiste organisé connu, revendiquant le retour au paradis d'Adam et Ève, étant végétariens et possédant une organisation anarchiste, comme le couple originel et l'humanité jusqu'au Déluge, selon la théorie biblique.

Pour Marc-Alain Descamps, dans Vivre nu (1987), « les mouvements nudistes ont été créés par le christianisme. Avant lui, il n'existait ni interdiction ni proscription du nu dans toute l'Antiquité, que ce soit chez les Celtes, les Grecs, ou les Romains, donc personne ne cherchait à le défendre. »

Idéologie

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Rattachés au christianisme, les adamites tentaient d'imiter Adam avant la Chute. Suivant l'amour libre et sous l'influence probable de la pensée de Carpocrate, ils rejetaient le mariage, la violence, la consommation de chair animale (comme les cathares) de même que le travail et vivaient nus le plus souvent possible, dans une sorte d'état d'innocence originelle. Après une notoriété rapidement éclipsée dans l'Antiquité (IIe siècle apr. J.-C.), les adamites réapparaissent en Europe vers la fin du XIIIe siècle, en Autriche, en Bohême et en Flandres, mais les pillages dont ils se rendent coupables, ainsi que leur doctrine théologique indisposent les autorités. Persécutés, ils tentent de survivre mais, avant la fin du XVe siècle, ils auront tous disparu. On en trouve néanmoins des traces au XVIIe siècle, par exemple dans les agissements de religieux mentionnés dans les aveux de Magdelaine Bavent[1].

On a pu penser que Le Jardin des délices, le célèbre triptyque de Jérôme Bosch, était une représentation de la mythologie adamite, parce que la secte des Frères du Libre-Esprit (qui suivait ses principes) se développait à Bois-le-Duc, la ville où il résidait[2]. Cette thèse n'est plus soutenue aujourd'hui[3].

Notes et références

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  1. S.Alexandrian, Histoire de la philosophie occulte, Seghers, (ISBN 978-2221011225), p. 349 :

    « Il disoit qu'il falloit faire mourir le péché par le péché pour rentrer en innocence, et ressembler à nos premiers parents, qui estoient sans honte de leur nudité devant leur première coulpe. »

  2. « Hieronymus Bosch Le Jardin des Délices ou le règne de l'amour », sur artup-tv.com (consulté le )
  3. (en) Walter S. Gibson, Hieronymus Bosch, G.K. Hall, , p. 26.

Voir aussi

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