Accord de Ouagadougou (2013)
L'accord de Ouagadougou est signé le entre la république du Mali et les groupes armés rebelles du MNLA et du HCUA.
Signé |
Ouagadougou |
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Signataires | Mali | MNLA HCUA |
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Contexte
modifierEn 2013, le Nord du Mali est reconquis par l'armée malienne, la France, le Tchad et d'autres pays africains. Les rebelles du Mouvement national pour la libération de l'Azawad ont profité de la déroute des djihadistes pour reprendre possession de plusieurs villes au nord du Mali, et notamment Kidal.
D'abord hostile à la tenue d'élections maliennes à Kidal, le MNLA accepte finalement en mai de permettre la tenue de la présidentielle en juillet, cependant il refuse de laisser entrer l'armée malienne et propose que la sécurité des élections soit assurée par les troupes de l'ONU aussi bien à Kidal que dans l'ensemble de l'Azawad[1]. Cette proposition est rejetée par le gouvernement malien qui exige la présence de l'armée à Kidal[2].
Cependant le , la situation s'aggrave à Kidal où le MNLA arrête 180 personnes, une trentaine est relâchée le lendemain mais environ 10 ou 20 prisonniers, accusés d'être des espions et des militaires maliens infiltrés sont maintenus en prison. De son côté, le gouvernement malien accuse le MNLA d'avoir commis des pillages contre les populations noires (Songhaïs, Peuls et Bellas). Selon des témoins, plus habitants noirs sont contraints de prêter allégeance au MNLA sous peine d'être chassés de Kidal et évacués vers Gao. Le lendemain, le MNLA déclare que les personnes interpellées qui ne sont pas originaires de l'Azawad vont être expulsées et reconduites jusqu'à Douentza[3],[4],[5].
Le , l'armée malienne se met en mouvement et s'empare d'Anéfif après un combat contre le MNLA qui fait plusieurs morts[6]. Le même jour, un kamikaze tente d'assassiner un colonel du MNLA à Kidal, il se fait exploser mais ne fait qu'un blessé[7]. La France intervient après le combat, elle envoie une centaine d'hommes à Anéfis et freine l'offensive malienne sur Kidal[8].
Signature
modifierLes négociations débutent le , elles s'ouvrent dans un contexte tendu car la veille, l'armée malienne s'emparait de la ville d'Anéfif après la bataille d'Anéfif livrée contre le MNLA[9].
Le 7, l'émissaire du président malien Tiébilé Dramé demande que le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et les milices Ganda Koï participent aux négociations. Mais les groupes armés touaregs et la médiation burkinabè refusent[9].
Les trois premiers jours, les discussions bloquent. Le Mali demande un désarmement du MNLA dès l'entrée de ses troupes à Kidal tandis que les rebelles exigent la suspension du mandat d'arrêt international émis par le gouvernement contre ses principaux membres[9].
Un accord est finalement trouvé afin de permettre la tenue de l'élection présidentielle à Kidal pour la fin du mois de juillet. Une commission mixte est mise en place, comprenant quatre membres de l'armée, quatre membres des groupes rebelles, ainsi que des représentants de l'armée française et de la MINUSMA. Elle a pour mission de planifier le retour de l'armée et de l'administration à Kidal et d'encadrer le processus sécuritaire[9].
Un cessez-le-feu immédiat est décrété, ainsi qu'un cantonnement des combattants rebelles. Le Mali renonce à son exigence d'un désarmement immédiat des rebelles touaregs, en échange le MNLA accepter le déploiement de l'armée malienne à Kidal. Le MNLA et le HCUA obtiennent également la mention du mot « Azawad » dans l'accord malgré l'opposition de Bamako, en revanche ils n'obtiennent pas la suspension des poursuites judiciaires contre certains de leurs membres[9].
L'accord est signé le , après 11 jours de négociations. Il est signé, côté malien par le ministre de l'Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, et par Bilal Ag Acherif, secrétaire-général du MNLA et Algabass Ag Intalla, représentant du HCUA, en présence du président burkinabè, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne[9].
Application
modifierLe , conformément aux accords signés, les forces du MNLA et du HCUA commencent leur retrait sur trois cantonnements, dont deux situés à Kidal, le troisième en périphérie. Le lendemain, 150 soldats maliens font leur entrée dans Kidal. La réaction de la population n'est pas unanime, des échauffourées opposent manifestants pro-Mali et manifestants pro-Azawad, elles font plusieurs blessés[10],[11],[12]. Le , de nouvelles émeutes éclatent entre des pro-Mali, en majorité des Songhaïs et des pro-Azawad, majoritairement touaregs, elles font un mort et 7 blessés[13].
Les deux tours de l'élection présidentielle se déroulent sans incidents le et le . Ibrahim Boubacar Keïta est élu président avec 77,61 % des voix, contre 22,4 % pour Soumaïla Cissé, avec une participation de 48,98 % au premier tour, 45,78 % au deuxième[14].
Après s'être affrontée entre février et mai 2013, le MAA et le MNLA se réconcilient pendant les négociations de Ouagadougou. Le , le MNLA, le HCUA et le MAA publient une déclaration commune où ils réclament l'autonomie des peuples de l'Azawad[15].
Tensions et incidents
modifierUne seconde phase doit s'ouvrir dans les négociations dans les deux mois qui suivent l'élection présidentielle. Les discussions doivent porter sur le statut administratif de l'Azawad et les stratégies de développement pour cette zone[16].
Cependant les négociations pour un traité de paix définitif piétinent dans les mois qui suivent. Alors que lors des précédentes rébellions touarègues, la Libye de Mouammar Kadhafi assurait traditionnellement la médiation entre les autorités et les rebelles, aucun pays ne joue ce rôle en 2013[16].
Un premier incident sanglant éclate à Foïta, près de Léré, le . Un accrochage oppose des soldats maliens et des hommes du MNLA, plusieurs combattants sont tués ou blessés. Les deux camps se rejettent respectivement la responsabilité de l'attaque[17].
Le MNLA dénonce une violation des accords de Ouagadougou et déclare les engagements n'ont pas été respectés, selon lui le cantonnement des insurgés n'a pas été pris en charge par l'ONU, la MINUSMA est jugée « incompétente », les prisonniers de guerre n'ont pas été libérés et la commission d'enquête de la communauté internationale n'a pas été mise en place. Plusieurs membres du MNLA feraient pression sur Bilal Ag Acherif pour reprendre les armes[18]. De son côté, la presse malienne dénonce l'indiscipline des combattants du MNLA et affirme que plusieurs d'entre eux se livrent au banditisme[19].
Le , le MNLA, le HCUA et le MAA publient un communiqué commun dans lequel ils déclarent suspendre les négociations avec le gouvernement malien à la suite du refus du président d'Ibrahim Boubacar Keïta de négocier l'autonomie du Nord du Mali[20],[21],[22]. Le 27, deux militaires maliens sont blessés à Kidal par des jets de grenades[23].
Le , dans la soirée, une escarmouche oppose des soldats maliens à des combattants du MNLA, près du marché et du camp militaire à Kidal. La fusillade dure près d'une heure, mais finalement, les belligérants se replient sur leurs bases alors que les Français et les Casques bleus de la MINUSMA organisent des patrouilles[24]. Le lendemain, une nouvelle fusillade éclate à Kidal, plusieurs combattants sont blessés dans ces affrontements, les Français et les Casques bleus de la MINUSMA interviennent pour séparer les belligérants[25],[26].
Le , le gouvernement malien libère 23 hommes du MNLA capturés entre mars et [27]. Le 5, les groupes armés autonomistes reprennent les négociations avec le gouvernement malien[28].
Le , un nouvel accrochage oppose des soldats maliens et des hommes du MNLA à Amazragane, près de Ménaka, il fait au moins trois morts[29]. Le , à Kidal, le MNLA abandonne les bâtiments publics aux autorités maliennes, mais le 27 et le 28 alors que la visite du Premier ministre Oumar Tatam Ly est attendue, l'aéroport de Kidal est envahi par des manifestants pro-Azawad malgré la présence de militaires maliens. Des coups de feu sont tirés, trois personnes sont blessées selon le gouvernement malien, d'après le MNLA un manifestant est tué et cinq autres sont blessés. Le , certains représentants du MNLA annoncent que le mouvement reprend la guerre contre le gouvernement malien, ces déclarations sont cependant contestées par d'autres responsables du mouvement[30],[31],[32].
En , l'Algérie propose sa médiation pour négocier avec les groupes armés. Une plate-forme est signée à Alger, mais cet accord est dénoncé par des membres du HCUA et du MAA, alors que le MNLA avait boycotté la rencontre[33],[34],[35].
Selon Pierre Boilley, directeur de l'Institut des mondes africains :
« Il est important de rappeler que le MNLA a tenu ses engagements, ceux signés à Ouagadougou : il n'a pas perturbé les élections présidentielles et il a accepté l'idée de l'intégrité territoriale du Mali en abandonnant toute velléité d'indépendance. Selon ces mêmes accords, les autorités maliennes avaient promis de s'engager, 60 jours après l'élection présidentielle, à discuter de 'l'organisation territoriale et institutionnelle du nord du Mali. Elles n'ont pas tenu leurs engagements[16]. »
Pour Philippe Hugon, spécialiste du Mali à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) :
« Il y a une relative intransigeance des autorités maliennes dans ce dossier. Bamako rechigne à s'asseoir autour d'une table pour discuter d'une éventuelle autonomie des Touareg. Pourtant, ces derniers ne réclament plus l'indépendance de l'Azawad. Ils demandent une reconnaissance de leur spécificité[16]. »
Reprise des combats
modifierLe , la visite du Premier ministre malien Moussa Mara à Kidal provoque des affrontements entre les l'armée malienne et les rebelles du MNLA, du HCUA et du MAA. Les rebelles s'emparent du gouvernorat après des combats qui font plusieurs dizaines de morts. La MINUSMA et les Français de l'opération Serval interviennent et parviennent à obtenir un accord de cessez-le-feu entre l'armée malienne et les rebelles[36],[37]. Le 19 mai, les groupes armés appellent à l'apaisement et « la relance du processus de paix »[38], mais le 18 à Gao, le Premier ministre Moussa Mara déclare que « La république du Mali est en dorénavant en guerre »[37]. Le 21, l'armée malienne lance une offensive pour reprendre la ville de Kidal[39].
Lien externe
modifierNotes et références
modifier- « Mali: le MNLA dit oui à une présidentielle », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Mali: Dioncounda Traoré affirme que l'armée doit être à Kidal avant le premier tour de l'élection - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: la situation s'envenime à Kidal », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: la tension est un peu retombée à Kidal », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Expulsion des infiltrés maliens et relations de l'armée malienne avec les réseaux terroristes », sur www.mnlamov.net, (consulté le )
- « Mali : des soldats en route vers Kidal », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Mali: attentat-suicide dans la maison d'un chef du MNLA à Kidal », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: après les affrontements d'Anéfis, le MNLA et l'armée attendent les pourparlers de Ouagadougou », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: les grandes lignes de l’accord signé à Ouagadougou », sur RFI Afrique, (consulté le )
- « Le retour de l'armée malienne diversement apprécié à Kidal - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: à Kidal, le cantonnement des groupes armés touaregs entre en vigueur ce vendredi - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Kidal : le MNLA blesse 3 militaires de la MINUSMA et caillasse trois véhicules de l’armée malienne dont une ambulance », sur Mali Actu (consulté le )
- « Mali: un mort après un fort regain de tension à Kidal - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali : Ibrahim Boubacar Keïta élu avec 77,61 % des voix », sur Le Point, (consulté le )
- « Au Nord-Mali, les groupes armés touaregs et arabes font un pas vers l’unité », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- « Nord-Mali : l'impossible réconciliation entre les Touareg et Bamako ? »
- « Mali: accrochages entre l’armée malienne et des touaregs - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- Sarah Halifa-Legrand, « MALI. Au Nord du pays, on reparle déjà de guerre », nouvelobs.com, 20 septembre 2013 à 10h54 (lire en ligne)
- « 11 combattants du MNLA arrêtés à Tombouctou », sur Mali Actu (consulté le )
- « Négociations suspendues au Mali entre Bamako et les rebelles », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Mali : les négociations avec les rebelles achoppent sur l’autonomie du Nord », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- « Mali - Tout est négociable sauf l'autonomie des régions du nord (Boubacar Kéita) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Maghreb Emergent
- BFMTV, « Mali: deux militaires maliens blessés à Kidal dans un attentat à la grenade », sur BFMTV (consulté le )
- « Mali: situation tendue à Kidal après des échanges de tirs entre l'armée et le MNLA - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: de nouveaux tirs à Kidal ce lundi matin entre le MNLA et l’armée malienne », sur RFI, (consulté le )
- « Mali: nouvelles tensions à Kidal entre le MNLA et l'armée malienne - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: libération de 23 prisonniers - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: reprise du dialogue entre les groupes armés du Nord et le pouvoir - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Paix fragile au Mali: accrochage entre soldats maliens et combattants du MNLA - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
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- « Mali: l’Algérie propose sa médiation dans les négociations avec les groupes armés - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Mali: une fraction du HCUA dénonce l’accord conclu entre plusieurs mouvements armés du Nord - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « Malijet Médiation à Alger de la crise du nord malien / Le désaccord des groupes armés Bamako Mali », sur malijet.com (consulté le )
- « Combats à Kidal : une trentaine de fonctionnaires portés disparus »
- « Les autorités maliennes déclarent être «en guerre» - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
- « MNLAMOV : Communiqué conjoint des mouvements de l’Azawad »
- « Nouveaux affrontements à Kidal entre soldats maliens et groupes armés - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )