Aérenchyme
Un aérenchyme (du grec aèr, air et khuma, flux), appelé aussi parenchyme aérifère, est un tissu végétal (parenchyme le plus souvent dans les racines, les feuilles et les tiges de certaines hydrophytes et hygrophytes) à cellules séparées par de vastes méats ou lacunes aérifères (jusqu'à 50 % chez les plantes de marécages contre 5 % chez les plantes de sols bien aérés), contenant des canaux avec de larges cavités qui permettent les échanges gazeux (oxygène, éthylène, méthane…) entre les parties dans et hors de l'eau. Les aérenchymes racinaires et caulinaires ont un rôle de squelette hydrodynamique, de flotteur et de réserve potentielle de gaz nécessaires à la photosynthèse et à la respiration. Cette réserve se constitue par renouvellement des gaz qui se concentrent dans les zones les plus froides (phénomène de thermodiffusion)[1].
En condition favorable, les aérenchymes ont un impact négatif chez les plantes car leur présence réduit le transfert radial d'eau et de nutriments qui se fait essentiellement par les cellules vivantes. Il existe donc un trade-off entre la présence d'aérenchyme et les conditions d'humidité du sol.
Caractéristiques
modifierLes plantes hygrophiles sont pourvues d'une atmosphère interne particulièrement importante. Cette adaptation à une humidité excessive résulte du développement d'un aérenchyme se substituant au parenchyme lacuneux (réseau gazeux de volumineuses lacunes issues de la mort programmée de cellules). Ce suicide cellulaire dans l'aérenchyme (d'abord schizogène puis lysigène, processus fréquent mais absent chez les Angiospermes basales)[2] est induit par l'éthylène qui stimule les activités cellulasiques[3].
Dans les hydrophytes, cet aérenchyme, constitué de larges cavités remplies d'air, procure un chemin de faible résistance pour l'échange de gaz tels que l'oxygène, l'éthylène ou le méthane entre les parties de la plante situées au-dessus et en dessous de l'eau. Les lacunes ont souvent une forme étoilée qui assure aussi un soutien grâce à leur disposition en « clé de voûte »[4].
Galerie
modifierPhotomicrographies de coupe transversale observée au microscope optique après coloration. | |||||||||
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Notes et références
modifier- Marc-André Selosse, L'origine du monde. Une histoire naturelle du sol à l'intention de ceux qui le piétinent, Actes Sud Nature, , p. 161.
- (en) Seago, J.L., L.C. Marsh, K.J. Stevens, A. Soukup, O. Votrubova & D.E. Enstone, « A re-examination of the root cortex in wetland flowering plants with respect to aerenchyma », Annals of Botany, vol. 96, no 4pages=565-79, (DOI 10.1093/aob/mci211)
- (en) Takaki Yamauchi, Akihiro Tanaka, Hiroki Inahashi, Naoko K. Nishizawa, Nobuhiro Tsutsumi, Yoshiaki Inukai, Mikio Nakazono, « Fine control of aerenchyma and lateral root development through AUX/IAA- and ARF-dependent auxin signaling », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 116, no 41, , p. 20770-20775 (DOI 10.1073/pnas.1907181116, lire en ligne).
- Pierre Peycru, Didier Grandperrin et Christiane Perrier, Biologie tout-en-un, Dunod, (lire en ligne), p. 279.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) David E. Evans, « Aerenchyma formation », New Phytologist, vol. 161, no 1, , p. 35–49 (DOI 10.1046/j.1469-8137.2003.00907.x)
- (en) M. B. Jackson, W. Armstrong, « Formation of Aerenchyma and the Processes of Plant Ventilation in Relation to Soil Flooding and Submergence », Plant Biol (Stuttg), vol. 1, no 3, , p. 274-287 (DOI 10.1055/s-2007-978516)