Éva Circé-Côté
Éva Circé-Côté (née le à Montréal, où elle est morte le ) est une journaliste, une écrivaine et une bibliothécaire québécoise. Elle est aussi connue pour son militantisme en faveur de l'éducation, contre l'ingérence du clergé dans la politique et pour l'émancipation des femmes.
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Biographie
modifierJeunesse et formation
modifierMarie Arzélie Éva Circé naît le [1]. Elle est le cinquième des douze enfants de Julie-Ézilda Décarie (1846-1926) et de Narcisse Circé (1842-1911), un conducteur de trains de marchandises qui devient marchand vers 1875[2]. Seulement trois enfants du couple Circé-Décarie, marié à l'église Notre-Dame de Montréal en 1865, atteignent l'âge adulte : Éva, Maria et Arthur[3].
L'ancêtre paternel de Julie-Ézilda Décarie, Jean Descarries dit Le Houx (vers 1620-1687), est un charbonnier de France arrivé en Nouvelle-France vers 1650. Il s'est installé à Montréal et toute sa descendance est demeurée dans cette région[4]. La lignée des Circé est également originaire de France : l'ancêtre François Sircé de Saint-Michel (1650-1714), de la région de Paris, est un soldat et chirurgien. Cinq générations de Circé résideront dans la région de La Prairie avant le départ de Narcisse, le père d'Éva, pour la ville de Montréal[4].
Le père d'Éva, Narcisse Circé, change de métier en 1870 : il abandonne la conduite de trains de marchandises pour le commerce d'habits pour hommes[5]. Il se lance dans cette entreprise avec un associé, Jos Dumouchel, et ouvre un établissement sur la rue Saint-Joseph, dans le quartier Saint-Jacques, près de la résidence des Circé-Décarie[5]. Le magasin d'habits qui, en 1877, prend l'enseigne Narcisse Circé, déménage vers 1883-1884 au 2009, rue Notre-Dame[5]. La famille se déplace du même coup dans une plus grande maison, sur la même rue, au numéro 2007[6]. Éva, sa sœur Maria et son frère Arthur grandissent donc en bonne partie à Sainte-Cunégonde, paroisse (1875), village (1876), ville (1884), cité (1890) puis quartier annexé à Montréal ()[7] en même temps que Saint-Henri (oct. 1905)[8].
La vie culturelle de Sainte-Cunégonde est intense malgré sa petite taille de quelque 10 000 habitants au tournant du siècle. D'une manière exceptionnelle pour l'époque, elle a des librairies, des théâtres et des cafés littéraires[9]. C'est dans l'hôtel de ville de Sainte-Cunégonde qu'est ouverte en 1905 la première bibliothèque publique de langue française non seulement dans toute l'île de Montréal, mais même au Québec et au Canada. Dirigée par Édouard-Zotique Massicotte, journaliste, historien, archiviste et poète cofondateur de l'École littéraire de Montréal, la bibliothèque profite aux résidents des quartiers Sainte-Cunégonde, Saint-Joseph, Saint-Gabriel et Saint-Henri, jusqu'à sa fermeture en 1918[10].
Entre 1884 et 1888, de 13 ans à 17 ans, elle étudie à Lachine au pensionnat des Sœurs de Sainte-Anne fondé en 1861[11]. Elle suit des cours de religion, français, anglais, musique, dessin, couture, économie domestique, suivant le curriculum de cet établissement, qui encourage également le développement des talents littéraire et artistique[11]. Pour l’époque, cette éducation est relativement poussée. Peu douée pour la couture, elle est plus dans son élément au piano et au chant et se démarque nettement par ses dons pour l'écriture[12]. À la fin de ses études secondaires, elle reçoit une médaille de bronze en littérature des mains de Lord Stanley de Preston, gouverneur général du Canada, et de sa femme, Lady Stanley[12].
Après son passage au pensionnat, elle songe à faire carrière dans la musique : elle suit des cours de piano auprès de Clara Lanctôt, des cours de chant auprès de Charles Labelle, et donne quelques concerts[13]. C'est cependant par la plume qu'elle se fera le mieux connaître du public.
Vie personnelle
modifierMariage et naissance de sa fille
modifierLes circonstances de la rencontre entre Éva Circé et le docteur Pierre-Salomon Côté (1876-1909), de cinq ans son cadet, ne sont pas connues[14]. Originaires du Bas-du-Fleuve, ses parents sont Elzéar Côté (1841-1920), un marchand de Sainte-Luce de Rimouski, et Ann Jane Haney (1847-1921), née en Irlande et arrivée au pays en bas âge[15]. En 1902, après avoir terminé ses études à la faculté de médecine de l'Université Laval, il ouvre un cabinet de pratique sur la rue Saint-Denis, au sud de Rachel, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Il acquiert rapidement la réputation d'être le « docteur des pauvres » de ce quartier[14].
Éva Circé (34 ans) et Pierre-Salomon Côté (29 ans) se marient à l'église Saint-Jean-Baptiste le [16]. C'est le curé Magloire Auclair qui bénit leur union[17]. À la suite du mariage, le couple emménage au nouveau domicile familial des Circé, situé au 462, rue Rachel, à Montréal[16], entre Hôtel-de-Ville et De Bullion[14].
Les deux époux ont des affinités intellectuelles et fréquentent les mêmes milieux libéraux et francs-maçons[18]. Ils ont une fille, Ève[19], qui naît le [20]. Circé-Côté publie alors moins de chroniques, sans toutefois abandonner le journalisme[18].
Décès de son mari
modifierSon mari, le docteur Pierre-Salomon Côté, décède le d'une tuberculose intestinale: il avait trente-trois ans. Médecin reconnu, le journal Le Canada l'encensera, faisant l'éloge du « Médecin des pauvres »[21].
C'est toutefois un autre élément qui retiendra l'attention médiatique. En plus d'y aller de funérailles civiles et laïques, Éva Circé le fait incinérer, conformément à ses dernières volontés. Chose peu commune chez les Canadiens français, cette décision lui attire la foudre des milieux catholiques et de la presse de droite[18]. De plus, le cortège funèbre est composé de nombreuses figures progressistes du milieu libéral canadien-français: des francs-maçons, des hommes politiques libéraux (notamment Honoré Gervais, député de Saint-Jacques), des journalistes (la rédaction du Canada ou encore Olivar Asselin et Godfroy Langlois) ou encore des écrivains et des dramaturges (notamment Albert Laberge)[22].
La liste de ces 143 personnalités est publiée dans le Carnet mondain du journal La Presse. L'évènement fait scandale au sein de la presse conservatrice, notamment dans L'Action sociale, qui décrit les funérailles de Pierre-Salomon Côté comme une « mascarade macabre de défis à l'Église, organisée [sic.] autour d'un cadavre en décomposition, ce cercueil transformé en piédestal maçonnique »[22]. Ces commentaires entraînent une riposte du journal Le Soleil, qui y voit un « manque de charité », puis un emballement médiatique particulièrement virulent[23]. Face à la polémique, plusieurs personnalités ayant participé au cortège funèbre, notamment Honoré Gervais et Laurent-Olivier David, greffier de la Ville de Montréal, se distancient publiquement de l'évènement. D'autres, comme l'éminent journaliste Olivar Asselin, prennent la défense de Pierre-Salomon Côté et Éva Circé-Côté[24].
C'est que les critiques ne tardent pas à cibler la femme du défunt, qu'on désigne désormais comme étant la « veuve Côté »[25]. On l'accuse de ne pas avoir respecté la volonté du défunt, en enlevant notamment le crucifix qu'on avait mis entre ses mains et en lui refusant une sépulture catholique[24]. Voyant sa réputation ternie, Éva Circé-Côté répond à ces accusations et défend la réputation de son mari dans une lettre publiée dans Le Devoir. Dans la tempête médiatique, il faut noter que deux journaux appuient néanmoins Circé-Côté: le journal protestant francophone L'Aurore et Le Pays, journal libéral au sein duquel elle collabore un an plus tard[25].
Vie professionnelle
modifierJournaliste
modifierVers 1900, les femmes constituent environ 5 % des journalistes, éditeurs et rapporteurs (325 hommes, 18 femmes) de la presse du Québec[11]. Éva Circé connaît naturellement toutes ses collègues féminines et dès 1904 elle participe, avec Robertine Barry (Françoise) et quelques autres pionnières, à la fondation de l'Association des femmes journalistes canadiennes-françaises[11].
En 1903, elle s'exprime sur son propre engagement intellectuel en publiant le « programme » qu'elle nous dit avoir conçu deux ans plus tôt, en 1901, en se lançant dans le journalisme :
« Malgré ce qu'on en dira, j'irai mon droit chemin, fidèle au programme que je me suis tracé il y a deux ans. Lutter pour les idées généreuses et hardies, défendre les démunis, parce que leur souffrance a toujours raison contre la peur, célébrer tout ce que la nature a de superbe, tout ce que l'art a de consolant, tout ce que la science donne d'espoir à l'humanité, se pencher sur les geôles pour y suspendre une injustice, veiller à l'éducation des petits, au respect dû à la femme, vouloir le repos des siens, faire de cette plume un outil de délivrance, proclamer le chant d'amour, de penser, d'admirer, de vivre, et tout cela sans bruit, sans l'expectative d'une vaine gloriole, avec l'espérance seulement d'être utile, douce et consolante au malheur »[26].
Pendant quatre décennies, de 1900 à 1942, elle aura signé quelque 1 800 chroniques[27] dans une dizaine de journaux : Les Débats, L'Avenir, L'Avenir du Nord, Le Combat, Le Monde illustré, Le Nationaliste, Le Pays, Le Monde ouvrier, L'Aurore des Canadas.
Faute de documents, nous ne savons rien de la « socialisation littéraire » d'Éva Circé entre 1888 et , moment où elle décide d'envoyer quelques poèmes à Louvigny de Montigny, rédacteur en chef au journal Les Débats[28]. Quelques mois plus tard, en , alors qu'elle est âgée de 29 ans, elle a rejoint l'équipe de rédaction de ce nouvel hebdomadaire du dimanche qui se dit « ni vendu ni à vendre à aucune faction politique » et qui espère devenir plus tard un quotidien généraliste[29],[30]. Outre Louvigny de Montigny, elle y côtoie les Germain Beaulieu, Paul de Martigny, Charles Gill, Jean Charbonneau, Olivar Asselin, Arsène Bessette, qui sont tous des membres ou des proches de l'École littéraire de Montréal. Entre le et le , Les Débats publie au moins quarante textes d'Éva Circé, qu'elle signe sous les pseudonymes de « Colombine » et de « Musette »[29]. Ces textes sont surtout des chroniques et des reportages, mais on compte aussi quatre poèmes[29].
Éva Circé prend une part active dans la fondation de L'Avenir, un éphémère hebdomadaire du samedi lancé par les frères Louvigny et Gaston de Montigny, qui protestent contre l'argent du Parti libéral accepté en par le propriétaire des Débats, Alexandre Duclos, en pleine campagne électorale fédérale[31]. Faute de revenus suffisants, l'aventure de L'Avenir se termine en , et c'est avec dépit que les membres de son équipe retournent aux Débats. Ledit journal, qui ne deviendra jamais un quotidien, disparaît de son côté quelques années plus tard sous le coup de la censure de l'archevêque Monseigneur Bruchési, qui en interdit la lecture aux catholiques le . Son successeur, Le Combat, subit le même sort le [32].
En 1901, avec plusieurs collègues de l'équipe des Débats, Éva Circé entre à la rédaction du journal sherbrookois Le Pionnier, un autre hebdomadaire du dimanche[33]. Bien que publié pour son lectorat de Sherbrooke, Le Pionnier partage les locaux montréalais du Le Monde illustré situés sur la rue Saint-Gabriel. Entre 1901 et 1902, Éva Circé produit quelque vingt articles pour Le Pionnier[34] et environ le même nombre pour Le Monde illustré[33].
En plus des Débats, de L'Avenir, du Pionnier et du Monde illustré, Éva Circé collabore à L'Avenir du Nord, encore une fois un hebdomadaire du dimanche, d'allégeance libérale, publié à Saint-Jérôme. Elle rédige une quarantaine d'articles dans le cadre de cette collaboration, qui s'étend de 1900 à 1909[34]. Circé-Côté publie la majorité de ses textes entre 1900 et 1903 (année où son implication dans une bibliothèque municipale et d'autres activités prendront beaucoup de son temps[35]).
En , Éva Circé, Arsène Bessette et Charles Gill fondent L'Étincelle, un journal littéraire. À la même époque, d'autres femmes journalistes font également œuvre de pionnières dans les lettres : Robertine Barry avec Le Journal de Françoise, Anne-Marie Gleason (Madeleine) avec son recueil intitulé Premier péché et Marie Gérin-Lajoie avec son Traité de droit usuel[26].
C'est Éva Circé qui est l'éditrice et la propriétaire de L'Étincelle. Outre les fondateurs eux-mêmes, on compte notamment parmi les collaborateurs du journal le poète Émile Nelligan[36]. Circé-Côté publie quelque quatorze textes pour L'Étincelle : des poèmes, des contes et des essais. Sa biographe, Andrée Lévesque, estime également que plusieurs articles du journal, non signés, furent aussi rédigés par l'éditrice-propriétaire[37].
Le septième et dernier numéro de l'éphémère journal paraît le [37]. Le dernier texte de L'Étincelle, se penchant sur une conférence intitulée « Étude sur les causes de l'infériorité de la femme », est considéré par Andrée Lévesque comme étant le premier essai féministe d'Éva Circé-Côté[37]. Cette dernière retourne au journal Débats après la fin de sa brève initiative entrepreneuriale[37].
En , elle entame sa collaboration à l'hebdomadaire libéral radical Le Pays dirigé par Godfroy Langlois. Elle y publie 793 chroniques, sous plusieurs pseudonymes (Jean Nay, Paul S. Bédard, Fantasio, etc.), peut-être parce qu'elle voulait s'assurer de garder son poste à la bibliothèque parallèlement à ses activités journalistiques[38]. Sa biographe, Andrée Lévesque, se questionne à savoir si Circé-Côté a évité d'utiliser Colombine et Musette parce qu'elles auraient été « discréditées par le scandale qui persiste autour des funérailles du docteur Côté »[38]. Dans ses chroniques, elle milite pour l'instruction publique, s'insurge contre la corruption, condamne la peine de mort et, plus généralement, « exprime sa foi dans le progrès »[39].
Dès la fondation du Monde ouvrier par Gustave Francq en 1919, elle se joint à son l'équipe et publie dans le journal syndical jusqu'en 1942. À partir de 1937, elle publie aussi dans le journal protestant francophone L'Aurore.
Des parallèles peuvent être tracées entre les stratégies d'éducation au progressisme d'Éva Circé-Côté, qui passent en grande partie par le journalisme engagé, et les stratégies mises de l'avant à la même époque par les femmes anarchistes en France[40].
Écrivaine
modifierElle devient écrivaine en explorant tour à la tour la poésie, l'écriture dramaturgique et l'essai. C'est la passion qu'elle entretient pour la poésie qui l'amène d'abord à participer au milieu littéraire de Montréal[41].
Poésie
modifierEn , elle publie sous le pseudonyme de Colombine un recueil d'une soixantaine de textes intitulé Bleu, Blanc, Rouge. Les 369 pages du volume paru chez Déom frères comprennent, comme nous l'indique son sous-titre, des « poésies », des « paysages » et des « causeries »[42]. Œuvre hétérogène, elle refléterait, selon le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec (DOLQ), « la manière de vivre, les usages, les coutumes et les préjugés des Canadiens français de son époque[43]. »
Le livre reçoit une très bonne réception critique, notamment dans Le Soleil, La Patrie et L'Album universel. Même un adversaire idéologique conservateur et catholique comme le Belge d'origine Louis Tytgat, qui n'aime pas la France républicaine, est forcé de reconnaître au moins les mérites du style de l'écrivaine[44]. En 1989, le Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord (DALFAN) décrit en ces mots le recueil:
« C’est le fruit de ses enthousiasmes, de ses observations sur le "théâtre de la rue", et de ses remarques de moraliste. Il s’y manifeste un ardent patriotisme, une bonté profonde envers les petits, une forte prise de position en faveur du rôle de la femme dans la société et les lettres, tout cela, malgré une émotion trop facilement emportée, est exprimé avec une magnifique franchise, souvent avec finesse, dans une langue très pure[45]. »
Théâtre
modifierSa pièce Hindelang et De Lorimier joué au Théâtre National environ un mois après la publication de Bleu, Blanc, Rouge lui vaut la consécration comme dramaturge[46]. Si le texte de la pièce ne nous est pas parvenu, les comptes-rendus très positifs de la presse nous décrivent un drame en quatre actes mettant en scène deux authentiques patriotes bas-canadiens (Charles Hindenlang et Chevalier de Lorimier) impliqués dans les insurrections de 1837-1838 et pendus par le gouvernement colonial britannique au Pied-du-Courant en 1839[46].
Sans doute encouragée par le succès de sa pièce dramatique, elle se lance dans l'écriture d'une comédie en un seul acte intitulée Le Fumeur endiablé, qui lui vaut un prix (ex æquo avec Un arrêt judicieux de Germain Beaulieu) lors d'un concours organisé en par Georges Gauvreau, le directeur du Théâtre National[36]. Signée Colombine, la pièce raconte l’histoire d’un bon « Canadien » qui décide, à l'occasion du carême, d’arrêter de fumer sa pipe[19]. Si les archives ne permettent pas de prendre la mesure de la réception du Fumeur endiablé ni même d'en lire le texte, on peut souligner le fait que la pièce est lue quelque 18 ans plus tard, le , lors d'une soirée consacrée aux dramaturges canadiens organisée par la section française de la Société des auteurs canadiens[19].
En 1920, elle travaille sur un drame historique en quatre actes intitulé Maisonneuve[47]. Le , la pièce qui porte sur la fondation de Montréal est montée au théâtre montréalais His Majesty's[47]. La pièce se mérite les ovations du public et la critique de la presse libérale (Le Pays, Le Canada, La Presse, La Patrie) est très positive[48].
En , elle reçoit pour sa pièce L'Aglomanie le troisième prix d'un concours d'art dramatique lancé par L'Action française de Montréal[49]. Le texte de cette pièce en trois actes ne nous est pas parvenu, mais les critiques de La Presse et du Canada nous décrivent une comédie qui s'en prend autant à l'anglophilie qu'à l'anglophobie[49]. Malgré les fleurs de la critique, la pièce présentée au Monument-National le connaît des ratés avec des comédiens mal préparés et un public qui n'est pas au rendez-vous[50].
Essai
modifierEn 1924, elle publie Papineau. Son influence sur la pensée canadienne. Dans cet « essai de psychologie historique » de quelque 250 pages, édité par R. A. Regnault & Cie., imprimeurs, et dédié au poète Gonzalve Desaulniers, elle dit vouloir procéder à un « examen de conscience nationale » en parcourant « l'histoire politique du siècle qui vient de s’écouler »[51]. Admiratrice de l'homme politique Louis-Joseph Papineau et de la génération de patriotes libéraux dont il est issu, l'essayiste se désole que sa propre génération « par couardise ou par indifférence, n’a[it] rien tenté pour perpétuer la gloire de ceux qui méritent les hommages de tout un peuple »[51].
Directrice du Lycée des jeunes filles
modifierDès la fin du XIXe siècle, Éva Circé-Côté prononce des conférences sur l'éducation des filles. Elle appuie le programme de la Ligue de l'enseignement, fondée au Québec en 1902[52].
En , avec la journaliste Georgina Bélanger-Gill, elle ouvre le Lycée des jeunes filles inc., situé au 286, rue Saint-Denis, en plein Quartier latin[53]. Annoncé publiquement quelques mois plus tôt en , l'établissement privé, présidé officiellement par Gonzalve Desaulniers, est dirigé dans les faits par Éva Circé-Côté et Georgina Bélanger-Gill, qui recrutent des enseignantes de France et des États-Unis[53]. Les pensionnaires et les externes reçues par le lycée reçoivent un enseignement laïc qui se veut moderne, avec des leçons de français, d'anglais, de sténographie. Le programme comporte également des cours de beaux-arts, de musique, de chant, de peinture et de danse[54].
Éva Circé-Côté se retire de la direction peu avant la rentrée de , probablement en raison de la maladie de son mari[53]. Elle est remplacée par Mme de la Chaux, professeure de musique du Lycée[53].
Le Lycée ferme ses portes en 1910 pour des raisons qui restent à élucider[55].
Malgré sa courte vie, le Lycée des jeunes filles marque l'histoire de l'éducation des femmes en provoquant une vive réaction dans les milieux catholiques opposés à l'enseignement laïc. Refusée en 1904, la demande des religieuses de la congrégation de Notre-Dame (CND) d'ouvrir un collège d'enseignement supérieur pour jeunes filles est accordée par Monseigneur Bruchési peu après [55]. Le , entre en activité l'École d’enseignement supérieur pour filles, le premier collège classique féminin du Québec[56].
Bibliothécaire
modifierBibliothèque technique
modifierContrairement aux communautés anglophones de Montréal qui peuvent fréquenter la bibliothèque du Montreal Mechanic’s Institute, du Fraser Institute, de la Westmount Public Library ou du Young Men's Christian Association, la population francophone de la fin du XIXe siècle a très peu accès à des bibliothèques[57], notamment à cause de la volonté du clergé d'exercer un contrôle sur les ouvrages sélectionnés[58]. Malgré le contexte de l'époque, la Commission de la bibliothèque de la ville de Montréal approuve en 1903 la fondation de la Bibliothèque technique[59]. Cette dernière est aménagée au Monument-National, propriété de la Société Saint-Jean-Baptiste[60], et sa collection est constituée d'ouvrages scientifiques servant à parfaire la formation des ouvriers[61].
Cinq personnes soumettent leur candidature pour pourvoir au poste de bibliothécaire et de conservateur à la Bibliothèque technique : Fabien Vanasse, M. Dubreuil, Mme Tremblay, Idola Saint-Jean et Éva Circé[62]. Même si elle ne possède pas de formation de bibliothécaire[63], l'appui des dames patronnesses de l'Association Saint-Jean-Baptiste ainsi que le rayonnement d'Éva Circé en tant que journaliste, poète et dramaturge ont joué en sa faveur pour l'obtention du poste[64]. On juge dans les premières décennies du 20e siècle que la fondation de la bibliothèque constitue sa « grand oeuvre »[65].
À titre de bibliothécaire et de conservatrice, Éva Circé reçoit un salaire annuel de 400 $ (CAD) et poursuit en parallèle sa carrière de journaliste[64]. Toutefois, sa nomination à la Bibliothèque technique semble précaire[59], car dans un article paru dans le journal La Presse du qui mentionne l'embauche de Circé-Côté, il est précisé que « plus tard, lorsque les besoins du service l’exigeront, on nommera un homme »[66]. À son ouverture, la Bibliothèque technique est ouverte 85 heures par semaine, et du lundi au samedi, ses portes ferment à 22 heures pour permettre aux travailleurs d'y accéder[67]. En 1909, Éva Circé-Côté y travaille 40 heures par semaine, soit du lundi au samedi, de 10 à 13 heures et de 19 à 22 heures ainsi que le dimanche, de 14 à 18 heures[68].
À ses débuts, la collection de la Bibliothèque technique est composée d'ouvrages destinés aux travailleurs[69] et les sujets abordés traitent de mécanique, des travaux publics, de la photographie, de la métallurgie, des mathématiques, de la physique et de la géographie[70]. En , la Commission de la bibliothèque permet à Éva Circé-Côté d'élargir le mandat de la Bibliothèque technique[71] en permettant l'acquisition de romans, de livres poétiques, historiques et artistiques[72]. Ce glissement de vocation mécontente les autorités religieuses, dont monseigneur Bruchési, et en , il avise par écrit les membres de la Commission de la bibliothèque de la présence de ces livres qu’il juge indésirables, soit parce qu'ils ne correspondent pas à la mission technique de la bibliothèque ou qu'ils sont inscrits à l'Index[73]. Le , le Conseil municipal de Montréal vote un projet de règlement qui confirme le caractère technique de la bibliothèque et, quelques mois plus tard, soit le , Éva Circé-Côté est remplacée par le journaliste Lorenzo Prince[74]. Ensuite, elle est rétrogradée au poste d’assistante-bibliothécaire[74], où son salaire annuel est révisé à 300 $ (CAD)[75]. Du au , Lorenzo Prince occupe le poste de bibliothécaire et de conservateur à la bibliothèque technique[76], puis il est remplacé en 1909 par Frédéric Villeneuve qui maintient Éva Circé-Côté dans ses fonctions d'assistante[77] et son salaire annuel est révisé à 350 $ (CAD)[75].
Au fil des années, les autorités municipales, le Conseil de la bibliothèque, le clergé et Éva Circé-Côté ont plusieurs conflits concernant le choix de livre puisque deux visions de la Bibliothèque technique s'affrontent : « fournir une aide technique aux travailleurs ou éduquer et distraire lecteurs et lectrices »[78]. Toutefois, avec l'appui de son patron Frédéric Villeneuve, et de son successeur Hector Garneau, Éva Circé-Côté poursuit son mandat d'acquérir une grande variété d'ouvrages, tout en refusant de céder aux pressions du clergé concernant les choix d'acquisition[79].
Dans les journaux où elle publie ses chroniques, Éva Circé-Côté rédige une cinquantaine d'articles sous différents pseudonymes pour présenter les enjeux de la bibliothèque publique à Montréal[80]. Ces chroniques présentent les idées de Circé-Côté concernant la bibliothèque, soit qu'elle est un lieu d'instruction[79], qu'elle doit être indépendante des autorités en place, notamment du clergé catholique[81], et qu'elle doit acquérir une grande variété d'ouvrages : de la littérature légère, des ouvrages scientifiques, des romans, etc[82].
En 1910, la bibliothèque acquiert la collection du bibliophile Philéas Gagnon et Éva Circé-Côté devient la responsable du catalogue de cette collection[83]. L’accueil de ce vaste éventail de documents représente un travail d’envergure pour la bibliothécaire. Dès le moment de sa réception, la totalité de ce regroupement d’ouvrages correspond à près de 12 479 pièces[84] d’une valeur pouvant s’élever à près 40 000$ à l’époque[85]. Puisque sa constitution s’est échelonnée sur plusieurs années, le contenu de la collection est hautement diversifié. Des livres et des manuscrits, en passant par des brochures, des estampes, des plans ou même des dessins et des portraits, la collection réunit un ensemble exclusif et rare d’informations locales et internationales, mais aussi contemporaines et historiques[86]. Circé-Côté hérite donc de la tâche de la classification, du catalogage, tout en veillant à rendre accessible aux usagers les différents ouvrages recensés. Une mission tout indiquée pour la libérale et libre-penseuse qu’elle était. D’ailleurs, cette une responsabilité qui l’accompagnera durant toute sa carrière et qui lui vaudra éventuellement le titre de directrice de la collection Gagnon[87]. En 1911, la Bibliothèque technique déménage dans l’École technique de Montréal située sur la rue Sherbrooke[79]. En 1913, son patron, Frédéric Villeneuve, lui fait suivre des cours de bibliographie à l'Université McGill pour parfaire ses connaissances du domaine et l'aider dans la gestion de la collection Gagnon[77]. Grâce à cette formation, elle augmente son salaire annuel à 900 $[77].
En 1914, l’annonce de la construction d’une bibliothèque municipale qui remplacera la Bibliothèque technique enchante Circé-Côté[79] et elle dédie un article sur ce sujet sous le pseudonyme de Fantasio dans le journal Le Pays le [88]. En 1915, Frédéric Villeneuve décède et Éva Circé-Côté devient bibliothécaire en chef intérimaire pour une durée de neuf mois[89]. Lorsque Hector Garneau, petit-fils de l'historien François-Xavier Garneau, est attitré au poste de bibliothécaire en chef, elle retourne dans ses fonctions d'assistante-bibliothécaire[90].
Bibliothèque municipale
modifierEn 1917, la Bibliothèque technique devient la Bibliothèque municipale et Éva Circé-Côté est présente le jour de l'inauguration dans les nouveaux locaux situés sur la rue Sherbrooke, en face du parc Lafontaine (aujourd'hui l'Édifice Gaston-Miron)[91]. Quelques mois après son ouverture, Éva Circé-Côté constate que les rayons de la Bibliothèque municipale sont dégarnis et elle écrit une chronique, toujours sous le couvert d'un pseudonyme, pour exiger l'augmentation du budget d'acquisition de livres[91]. En 1921, elle aborde dans ses chroniques la nécessité d'embaucher des assistantes et en 1931, elle milite pour l'accessibilité de la Bibliothèque municipale aux enfants[92].
Effectivement habitée d’idéaux progressistes, Circé-Côté défendra toute sa vie l'accès des enfants aux livres et à la littérature. « Heureux l’enfant qui a pris tout jeune le chemin de la bibliothèque. » énonçait-elle dans Le Monde ouvrier en novembre 1930[63]. Alors que d’autres institutions nord-américaines soutiennent déjà cette initiative, notamment les États-Unis avec la première bibliothèque pour enfants de Salisbury dans le Connecticut en 1803[93], ce n’est qu’en 1911 que Montréal se dote d’un tel service. En effet, la bibliothèque anglophone de Westmount ouvrira un pavillon et rendra accessible une collection entièrement dédiée à cette portion de la population[94]. La création de ces espaces prouve l’importance de ce service et de l’accès à la littératie dans le développement global de l’enfant. Par le fait même, cela ne manque pas de souligner au passage le retard des établissements francophones qui font alors piètre figure. Un enjeu souvent soulevé par Circé-Côté dans plusieurs de ces chroniques. Elle revendiquera longtemps la complémentarité des bibliothèques avec le système éducatif formel[91].
Du côté francophone de la métropole québécoise, il faudra attendre l’année 1928, soit plus d’une décennie après l’ouverture de la bibliothèque municipale rue Sherbrooke, pour que celle-ci accepte de céder l’un de ses locaux afin d’accueillir ce type de clientèle[91]. Malheureusement, ce projet de Circé-Côté ne sera que de courte durée puisque dès 1933, Aegidius Fauteux alors directeur de la bibliothèque municipale, impose un règlement interdisant au moins de 12 ans l’accès à l’établissement[92] compromettant directement le développement des services aux jeunes. À regret, Circé-Côté ne pourra jamais pleinement profiter des fruits de son militantisme, car ce n’est qu’en 1941, alors retraitée, que sous la gouverne de Léo-Paul Desrosiers, un étage entier de la bibliothèque, plus précisément le sous-sol, sera finalement consacré à la littérature jeunesse[95].
Femme de lettres, Circé-Côté participera également à la mise en valeur du rôle des écrivains et de la littérature canadienne-française, entre autres par l'octroi de prix littéraires et l'organisation de soirées littéraires à la Bibliothèque municipale[87]. En tant que membre cofondatrice de la section canadienne-française de l'Association des auteurs canadiens (qui deviendra ensuite la Société des auteurs canadiens)[96], Circé-Côté défend aussi la question des droits d'auteur[96] et la spécificité de la littérature canadienne-française[97]. Le se tiendra à la Bibliothèque municipale la première rencontre officielle de l'Association en présence des trente fondateurs, soit des intellectuels et des professionnels du monde des lettres, de la culture et de l'éducation[98]. Circé-Côté animera à la bibliothèque des conférences, et organisera, en collaboration avec Anne-Marie Gleason (Madeleine Huguenin), Victor Morin et Aegidius Fauteux, la Semaine du livre canadien, du 21 au [98]. Les activités au programme se tiendront à la Bibliothèque municipale, mais aussi à la Bibliothèque Fraser et à la Bibliothèque Saint-Sulpice[98].
En 1922, la Bibliothèque municipale s'attaque au catalogage de la collection Gagnon, et cette tâche incombe à Éva Circé-Côté ainsi qu'à son assistante Marie-Claire Daveluy[99]. En 1926, dans leur correspondance personnelle, elle témoigne à son ancien collègue et ami, Marcel Dugas, son attachement à cette collection : « Je suis toujours à la collection Gagnon en compagnie de bouquins poussiéreux que je préfère à la société de mes dissemblables. »[100]. Riche et constitué d’ouvrages variés et diversifiés, le refuge que la collection devient pour la bibliothécaire confirme la valeur qu’elle attribue à ces ouvrages de qualité, témoins fondamentaux de l’histoire du Canada et du Québec. Circé-Côté travaillera activement tout au long de sa carrière pour favoriser l’accès, à la population québécoise, à cette collection unique. À l’occasion de son rapport annuel de l’année 1930-1931, elle affirme que : « notre intention quand le catalogue sera parfait est d’attirer l’attention du public sur les trésors bibliographiques ignorés que renferme notre Bibliothèque, et qui mettent en lumière certaines phases de notre histoire. »[100]
Après le départ de Hector Garneau en 1930, Félix Desrochers devient le nouveau bibliothécaire en chef jusqu'en 1932[76]. Aegidius Fauteux quitte son poste à la Bibliothèque Saint-Sulpice et devient le nouveau bibliothécaire en chef de la Bibliothèque municipale[101]. Circé-Côté et Fauteux ne s'entendent pas sur le mandat que doit avoir la bibliothèque : alors que le directeur veut en faire une institution tournée vers les « gens d'étude et la classe instruite », Circé-Côté veut en préserver le caractère populaire et démocratique[102], persuadée que la lecture et l'éducation sont les moteurs principaux du progrès social[103]. En 1932, à 61 ans, Éva Circé-Côté est congédiée par Aegidius Fauteux, le nouveau directeur de la bibliothèque[104]. Marie-Claire Daveluy prend alors sa place pour la gestion du catalogue[104]. En guise de compensation, Éva Circé-Côté reçoit une pension mensuelle de 809,10 $[104].
Par sa double carrière de journaliste et de bibliothécaire, Éva Circé-Côté joindra l’action à la parole et deviendra l’une des pionnières de la scène culturelle montréalaise et québécoise. Elle la fera d’abord évoluer par la publication de ses opinions écrites, quoique parfois rédigée sous le couvert de différents pseudonymes, qui véhiculeront ces intentions progressistes. Bien que ces articles participeront à partager ses idées novatrices et avant-gardistes, c’est aussi grâce à son emploi de bibliothécaire qu’elle parviendra à incarner ses idéaux innovants. Ses réalisations professionnelles, déployées au quotidien sur plus d’une trentaine d’années, changeront le portrait littéraire et éducatif de la province. Quoiqu’il soit ardu de mesurer pleinement l’impact et l’héritage de son travail, le militantisme et l’activisme de Circé-Côté témoignent d’un engagement soutenu envers ses contemporains et de la foi indéniable qu’elle avait envers ses valeurs humanistes de partage, de bien commun et d’éducation par l’accès à la littératie.
Fin de carrière
modifierAyant perdu son emploi à la Bibliothèque municipale de Montréal, Éva Circé-Côté est forcée de vendre sa maison située sur le prestigieux boulevard Westmount. Elle habite alors plus à l'est, sur le boulevard Saint-Joseph (jusqu'en 1933) avant de revenir à Westmount en 1948. Elle doit toutefois avoir des locataires afin de boucler ses fins de mois[105].
Éva Circé-Côté ne met pas fin à toutes ses activités à sa « retraite ». Elle fait des apparitions à la radio, notamment à CKAC et continue de publier dans Le Monde ouvrier. Amie proche de Georgina Bélanger, elle s'implique également en tant que porte-parole au sein de la Ligue des filles natives canadiennes, une organisation féministe originaire de Colombie-Britannique ayant deux principaux buts: l'adoption de symboles propres au Canada (comme un drapeau spécifique) et la restriction de l'immigration[106]. Circé-Côté aurait été sensible à ce dernier point de par le fait qu'elle était solidaire de ses lecteurs de la classe ouvrière pouvant se sentir menacés durant la Grande Dépression[106]. Des divergences avec Georgina Bélanger, notamment sur l'aide aux colons et l'usage des fonds de la Ligue des filles natives canadiennes, finissent toutefois par la faire démissionner de l'organisation le [107].
Alors qu'elle écrit de moins en moins d'articles dans le Monde ouvrier, elle publie une série d'articles de critique cinématographique dans La Revue moderne. Elle se rapproche également des milieux protestants, publiant des articles dans le journal L'Aurore. Dans ses chroniques, elle traite de sujets comme la droite catholique, le progrès, la laïcité, le suffrage féminin ou encore l'éducation[108]. Malgré un « embourgeoisement » de Circé-Côté d'après sa biographe (notamment dans sa défense des droits des propriétaires et l'opposition aux taxes), elle continue de maintenir des positions progressistes dans les dernières années de sa vie. Elle s'oppose notamment, en 1936, à l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie de Mussolini (qu'elle qualifie d'« antéchrist »[109]) et critique l'« inaction de la Société des Nations » et la « montée du militarisme » à l'aube de la Seconde Guerre mondiale[110].
Autre fait notable, elle se réjouit de l'obtention du droit de vote pour les femmes québécoises en 1940, symbole de l'aboutissement des multiples combats féministes qu'elle a menés tout au long de sa vie[111].
Décès
modifierLe , Éva Circé-Côté décède à l'âge de 78 ans[112]. Elle reçoit des funérailles à l'église unie Saint-Jean, fondée en 1841 par des protestants francophones et affiliée à l'Église Unie du Canada[113]. Son corps est inhumé dans un cimetière laïque de Ville Saint-Laurent nommé le Montreal Memorial Park[112].
Tous les papiers de l'écrivaine sont détruits lors du nettoyage de son appartement[112] situé au 3512, avenue Vendôme[114].
Œuvres
modifierPièces de théâtre
- 1903 : Hindelang et DeLorimier (drame historique, cinq actes)
- 1904 : Le Fumeur endiablé (comédie, 1 acte)
- 1921 : Maisonneuve (drame historique, 4 actes)
- 1922 : L'Anglomanie (comédie, 3 actes, prix de l'Action française)
Poésie
- 1903 : Bleu, Blanc, Rouge. Poésie, paysages, causeries. (recueil de poèmes et d'essais, sous le pseudonyme Colombine), Déom Frères éditeurs, Montréal, 1903
Essai
- 1924 : Papineau, son influence sur la pensée canadienne; essai de psychologie historique (essai), Ève Circé-Côté (éditeur), R.A. Regnault & cie imprimeurs, Montréal, 1924. Réédition : Lux, Montréal, 2002, 266 pages (ISBN 978-2-922494-54-9).
Articles
Sélection de textes reproduits en ligne :
- 1916 : L'éducation de nos filles : elles doivent être protégées pour les luttes de la vie
- 1916 : Incapacité intellectuelle et civile de la femme
- 1917 : Travail égal - salaire égal
- 1918 : Le rôle de la femme en politique
- 1921 : Décence et hypocrisie
- 1923 : Restons chez-nous: L'exode des Canadiens aux États-Unis
Hommages
modifierMurale
modifierUne murale réalisée en 2022 par l’artiste Cyrielle Tremblay, assistée de Julien Sicre a été produite sur le mur situé au 1773 de la rue St-Denis dans le quartier latin de Montréal.
L’oeuvre fait partie de la collection « Les batisseur-es culturel-les montréalais-es initié par MU. un organisme qui transforme l’espace public montréalais en réalisant des murales ancrées dans les communautés[115].
Roman
modifier"A la fin tu es lasse de ce monde ancien" est une œuvre de fiction écrite par Pierre Roberge. Le roman est basé sur des faits réels de la vie de Éva Circé-Côté et a été publié aux éditions GID en 2021[116].
Notes et références
modifier- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, , p. 19
- Ils ont eu douze enfants, dont seulement trois atteignent l'âge adulte. (Lévesque, « Dix utopies qui ont forgé le Québec - Éva Circé-Côté, l'oubliée de la lutte pour l'égalité », dans Le Devoir, 11 juillet 2005)
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, , p. 23
- André Lévesque, Éva Circé-Côté, , p. 20
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, , p. 21
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, , p. 21-22
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- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, première bibliothécaire de la Ville de Montréal. Dans Marcel Lajeunesse, Éric Leroux et Marie D. Martel (dir.), Pour une histoire des femmes bibliothécaires au Québec : portraits et parcours de vies professionnelles, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2020, 200 p. (ISBN 978-2-7605-5251-7), p.23
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, première bibliothécaire de la Ville de Montréal. Dans Marcel Lajeunesse, Éric Leroux et Marie D. Martel (dir.), Pour une histoire des femmes bibliothécaires au Québec : portraits et parcours de vies professionnelles. Presses de l'Université du Québec., Québec, Presses de l'Université du Québec, (ISBN 978-2-7605-5252-4), p. 22
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté : libre-penseuse, 1871-1949, Éditions du Remue-ménage, , 478 p. (ISBN 978-2-89091-285-4), p. 189
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, première bibliothécaire de la Ville de Montréal. Dans Marcel Lajeunesse, Éric Leroux et Marie D. Martel (dir.), Pour une histoire des femmes bibliothécaires au Québec : portraits et parcours de vies professionnelles, Québec, Presses de l'Université du Québec, , 200 p. (ISBN 978-2-7605-5252-4), p. 13
- Lévesque, Andrée., Éva Circé-Côté : libre-penseuse, 1871-1949, Éditions du Remue-ménage, (ISBN 978-2-89091-285-4, OCLC 606120396, lire en ligne), p.190
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, 2010, p. 191.
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, 2010, p. 194.
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, 2010, p. 195.
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- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, 2010, p. 202.
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, 2010, p. 204.
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, 2010, p. 205.
- André Lévesque, Éva Circé-Côté, , p. 209
- « Une page d'histoire », sur Église unie Saint-Jean (consulté le ).
- « Éva Circé-Côté (1871-1949) - La Fondation Lionel-Groulx », sur fondationlionelgroulx.org (consulté le ).
- MU, « HOMMAGE À ÉVA CIRCÉ-CÔTÉ », sur mumtl.org, (consulté le ).
- Pierre Roberge, A la fin tu es lasse de ce monde ancien, Québec, QUébec, Les Éditions GID, , 247 p. (ISBN 978-2-89634-476-5)
Annexes
modifierBibliographie
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- Édition de l’œuvre
Des quatre pièces de théâtre d'Éva Circé-Côté qui nous sont connues, seule Maisonneuve (1921) a été retrouvée. La copie dactylographiée de la Bibliothèque Cameron de l’Université de l’Alberta est notamment disponible en ligne, en annexe du mémoire de maîtrise de Danaé Michaud-Mastoras (2006).
- Andrée Lévesque, Chroniques d'Éva Circé-Côté : lumière sur la société québécoise, 1900-1942, Montréal, Éditions du Remue-ménage, , 311 p. (ISBN 978-2-89091-338-7 et 978-2-890-91339-4, OCLC 937843554, présentation en ligne)
- Ève Circé-Côté, Papineau : son influence sur la pensée canadienne : essai de psychologie historique, Montréal, Lux éditeur, (1re éd. 1924, R.A. Regnault & cie), 266 p. (ISBN 2-922494-54-3, présentation en ligne)
- Ève Circé-Côté, Papineau : son influence sur la pensée canadienne : essai de psychologie, Montréal, R.A. Regnault & cie, imprimeurs, , 252 p. (lire sur Wikisource, lire en ligne)
- Colombine, Bleu, blanc, rouge : poésies, paysages causeries, Montréal, Déom frères, éditeurs, , 369 p. (lire en ligne)
- Ouvrages
- Andrée Lévesque (trad. Lazer Lederhendler), Freethinker : the life and works of Éva Circé-Côté, Toronto, Between the Lines, , 408 p. (ISBN 978-1-77113-331-9, présentation en ligne)
- François Séguin, D'obscurantisme et de lumières : la bibliothèque publique au Québec des origines au 21e siècle, Montréal, Éditions Hurtubise, coll. « Cahiers du Québec », , 660 p. (ISBN 978-2-89723-880-3, présentation en ligne)
- Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté : libre penseuse : 1871-1949, Montréal, Éditions du Remue-ménage, , 478 p. (ISBN 978-2-89091-285-4, présentation en ligne)
- Articles, chapitres
- Andrée Lévesque, « Éva Circé-Côté (1871-1949) », sur fondationlionelgroulx.org,
- Josiane Lavallée, « Éva Circé-Côté », The Canadian Encyclopedia / L'Encyclopédie canadienne, (lire en ligne)
- Andrée Lévesque, « « Cher Ami » : cinq lettres d’Éva Circé-Côté à Marcel Dugas », Recherches féministes, vol. 24, no 1, , p. 45–59 (lire en ligne)
- Charles-Philippe Courtois, « Le républicanisme au Québec au début du XXe siècle : les cas de figure de Wilfrid Gascon, Olivar Asselin et Ève Circé-Côté », Bulletin d’histoire politique, vol. 17, no 3, , p. 93‒119 (lire en ligne)
- Andrée Lévesque, « Éva Circé-Côté, journaliste au-delà de la singularité: 1900-1916 », dans Josette Brun (dir.), Interrelations femmes-médias dans l'Amérique française, Québec, Presses de l'Université Laval, coll. « Culture française d'Amérique », , 254 p. (ISBN 978-2-7637-8892-0, présentation en ligne)
- Andrée Lévesque, « Une visionnaire oubliée: Éva Circé-Côté (1871-1949) », dans Jean-Philippe Warren (dir.), Mémoires d’un avenir : 10 utopies qui ont forgé le Québec, Montréal, Nota Bene, , 144 p. (ISBN 978-2-89518-241-2, présentation en ligne)
- Claude M.J. Braun, « Éva Circé-Côté. Féministe et militante laïque (1871-1949) », Cité laïque. Revue humaniste du Mouvement laïque québécois, no 5, , p. 17-19 (lire en ligne)
- Andrée Lévesque, « Dix utopies qui ont forgé le Québec - Éva Circé-Côté, l'oubliée de la lutte pour l'égalité », Le Devoir, (lire en ligne)
- Andrée Lévesque, « Social Relations in Quebec from 1900 to 1939 as Seen through the Eyes of a Woman of Letters: Eva Circé-Côté », Zeitschrift für Kanada-Studien, vol. 25, no 2, , p. 36-46 (lire en ligne)
- Andrée Lévesque, « Les Québécoises et leur citoyenneté. La citoyenneté selon Éva Circé-Côté », dans Hans Ulrich Jost, Monique Pavillon et François Valloton (dir.), La Politique des droits. Citoyenneté et construction des genres aux 19e et 20e siècles, Paris, Éditions Kimé, (ISBN 978-2-908212-84-6), p. 89-104
- Lisette Girouard, « Reconnaissances. Éva, Colombine, Julien », Arcade, no 23, , p. 61-65
- « Circé-Côté Éval », Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, (lire en ligne)
- Kenneth Landry, « Bleu, blanc, rouge », Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, (lire en ligne)
- Mémoires et thèses
- Danaé Michaud-Mastoras, Étude sociocritique de la pièce Maisonneuve d'Éva Circé-Côté (mémoire de maîtrise (littérature)), Montréal, Université de Montréal, , 119 p. (lire en ligne)
- Émilie Létourneau, De Colombine à Julien Saint-Michel le féminisme chez Éva Circé-Côté (1900-1921) (Mémoire de maîtrise (histoire)), Sherbrooke, Université de Sherbrooke, , 177 p. (lire en ligne)
- Jenne MacLean, Parrots, picnics and psychic phenomena : The feminism, nationalism and social reform of Eva Circé-Côté in Le Monde Ouvrier's Montreal, 1900-1940 (mémoire de maîtrise (histoire)), Kingston, Queen's University, , 201 p. (lire en ligne)
- Audiovisuel
- Andrée Lévesque, « Éva Circé-Côté (1871-1949) », 5e rencontre de la série Figures marquantes de notre histoire — Montréal, MAtv, , 58 min.
- Andrée Lévesque, « Éva Circé-Côté : une vie à contre-courant », à l'émission Les publications universitaires, Canal Savoir, , 57 min.
Articles connexes
modifierLiens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- « Lutter, c’est Vivre!!! Éva Circé-Côté (1871-1949) », exposition au Carrefour des arts et des sciences de l'Université de Montréal (du 27 sept. au ).