Équation de Emden–Chandrasekhar

En astrophysique l'équation de Emden–Chandrasekhar est une forme non linéaire de l'équation de Poisson décrivant la distribution de masse volumique d'une sphère de gaz isotherme soumise à sa propre force gravitationnelle. Elle est ainsi nommée d'après Robert Emden (1907)[1] et Subrahmanyan Chandrasekhar[2],[3].

Solution numérique de l'équation Emden–Chandrasekhar.

L'équation s'écrit[4] :

est le rayon adimensionné et est un coefficient lié à la masse volumique de la sphère de gaz par , où est la valeur centrale. L'équation n'a pas de solution analytique connue. Si l'on utilise un fluide polytropique au lieu d'un fluide isotherme on obtient l'équation de Lane-Emden. L'hypothèse isotherme est généralement utilisée pour décrire le noyau d'une étoile. L'équation est résolue avec les conditions initiales suivantes :

L'équation apparaît également dans d'autres branches de la physique, par exemple dans la théorie de Frank-Kamenetskii en géométrie sphérique. La version relativiste de ce modèle isotherme à symétrie sphérique a été étudiée par Chandrasekhar en 1972[5].

Dérivation

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Pour une étoile gazeuse isotherme, la pression   est due à la pression cinétique et à la pression de rayonnement

 

L'équation d'équilibre de l'étoile nécessite un équilibre entre la force de pression et la force gravitationnelle :

 

  est le rayon mesuré à partir du centre et   est la constante gravitationnelle. L'équation est réécrite de la façon suivante :

 
 
Solution réelle et solution asymptotique.

On utilise les transformations suivantes :

 

  est la densité centrale de l'étoile.

 

Il n'y a pas de solution analytique connue mais on peut trouver une solution approchée pour   sous forme de développement :

 

Autres formes de l'équation

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  • On peut se ramener à une équation du premier ordre grâce à une transformation due à Edward Arthur Milne :
 
Ce qui conduit à :
 
  • Une autre méthode[6] utilise une fonction singulière donnée par  . Elle transforme l'équation en :
 

Cette équation possède une solution singulière donnée par :

 
Cela suggère l'introduction d'une nouvelle fonction   obéissant à :
 
Cette équation peut être réduite au premier ordre en introduisant une nouvelle fonction :
 
On a alors pour cette dernière :
 

Propriétés de la solution

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  • Si   est une solution de l'équation d'Emden–Chandrasekhar, alors  , où   est une constante arbitraire, est aussi une solution de l'équation.
  • Les solutions de l'équation qui sont finies à l'origine ont nécessairement   à  .

Limites du modèle

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L'hypothèse d'une sphère isotherme représente mal une étoile : la masse volumique obtenue diminue trop lentement à partir du centre pour donner une surface bien définie et une masse finie. On utilise pafois pour   l'approximation suivante[7] :

 

  et   sont des constantes qui sont obtenues à partir d'une solution numérique.

Références

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  1. (de) Robert Emden, Gaskugeln: Anwendungen der mechanischen Wärmeteorie auf kosmologische et meteorologische Probleme, B. Teubner,
  2. (en) Subrahmanyan Chandrasekhar, An introduction to the study of stellar structure, vol. 2, Courier Corporation,
  3. (en) Subrahmanyan Chandrasekhar et Gordon W. Wares, « The Isothermal Function », The Astrophysical Journal, vol. 109,‎ , p. 551-554 (lire en ligne)
  4. (en) Rudolf Kippenhahn, Alfred Weigert et Achim Weiss, Stellar structure and evolution, vol. 282, Springer-Verlag, (ISBN 978-3642302558)
  5. (en) Subrahmanyan Chandrasekhar, A limiting case of relativistic equilibrium, Clarendon Press, , 185-199 p., « General Relativity (in honor of J. L. Synge) »
  6. (en) Yani di Giovani, An introduction to some ordinary differential equations governing stellar structures, Lund University, (lire en ligne)
  7. (en) L. R. Henrich et S. Chandrasekhar, « Modèles stellaires avec noyaux isothermes », The Astrophysical Journal, vol. 94,‎ , p. 525