Émilie König

militante islamiste « française »

Émilie König, née le , est une française convertie à l'islam connue pour son appartenance à l'État islamique.

Émilie König
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Emilie Edwige KonigVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
Samra, Ummu Tawwab, L'égérie française de DaechVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Activités
Autres informations
Membre de
État islamique (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Taille
1,65 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Yeux
Lieux de détention

Biographie

modifier

Jeunesse

modifier

Cadette d'une fratrie de quatre, Émilie König est élevée dans un contexte familial difficile à Lorient, après que son père, Jean-Bernard König, gendarme maritime, l'a abandonnée à l'âge de 2 ans[1]. À 15 ans, elle abandonne son cursus de sport-études[2]. Par la suite, elle se réoriente vers un CAP de vendeuse, qu'elle obtient en alternance. Elle se convertit à l'islam à 17 ou 19 ans[3],[4]. À 19 ans, elle quitte le domicile familial pour s'installer en région parisienne. Elle y fait la rencontre de Smaïl, un Algérien kabyle dont elle tombe rapidement amoureuse. Elle l'épouse lors de sa première grossesse alors qu'elle a 20 ou 23 ans selon les sources[3],[5],[6],[7].

Radicalisation et djihadisme

modifier

En , elle quitte la France pour rejoindre la Syrie via la Turquie[8]. Elle est alors l'une des premières françaises présentes sur ce théâtre de guerre[9]. En ou en , elle retourne brièvement en France dans le but de ramener ses deux jeunes fils en Syrie avec elle mais n'y parvient pas[10],[11]. Installée dans la région d'Alep avec son nouveau mari — le Nîmois Axel Baeza, dit Abou Mohammed, rencontré sur Skype alors qu'elle vivait encore en France —, elle apparaît le dans une vidéo publiée sur YouTube où on la voit s'entraîner au maniement d'un fusil à pompe[5]. Elle poursuit son activité sur les réseaux sociaux en recrutant de nouveaux membres pour Daech et en appelant à commettre des crimes contre l’humanité en France et plus globalement en Europe jusqu’à l’été 2014[12].

Le , son nom est ajouté à la « liste relative aux sanctions contre l'EIIL (Daech) et Al-Qaida » du Comité contre le terrorisme (en) du Conseil de sécurité des Nations unies[13]. Le c'est au tour du département d'État américain de l'ajouter à sa liste des « terroristes internationaux spécialement désignés »[14]. Émilie König est la première Française à figurer sur chacune de ces listes noires[15]. Selon le politologue Alexandre del Valle, elle est également « la toute première française à avoir été « fichée S » »[16].

Capture et détention

modifier

Elle est arrêtée au début du mois de près d'Al-Chaddadeh par les forces kurdes des YPG et détenue au camp d'al-Hol, puis de Roj, avec son troisième fils, Ibrahim, né en à Mossoul et ses deux jumelles, Maroua et Safa, nées en en Syrie[7],[17],[18],[19],[20]. Sa mère déclare à Ouest-France le 2 janvier 2018 qu'elle « a été interrogée et torturée » et qu'elle et ses enfants sont « entassés dans des conteneurs, pas nourris » et « ont déjà dû déménager trois fois »[21]. Son avocat fait savoir à l'AFP le qu'elle demande à être rapatriée en France avec ses enfants[22]. Elle apparaît le dans une vidéo de propagande de l'organe de presse des YPG, dans laquelle elle n'est pas voilée. Elle affirme avoir été « toujours traitée correctement » par les YPG, soulignant que les allégations de torture rapportées par sa mère n'étaient en fait que de simples craintes : « J'ai téléphoné à ma mère [...] parce que j'ai entendu les femmes de Daech dire qu'il y'avait beaucoup d'injustice, qu'il y'avait beaucoup qui tapaient, les YPG ils tapaient, tout ça. Moi, j'ai pris peur, j'ai téléphoné à ma mère. Je lui ai expliqué un petit peu tout ça, je lui ai dit que j'avais peur, qu'apparemment on n'allait plus nous apporter de la nourriture, on allait nous priver de beaucoup de choses. Donc après on est partis au nouveau camp, ça a été le contraire. »[23]. Son avocat souligne que ses propos sont probablement édulcorés[24].

Le , ses trois enfants nés en zone irako-syrienne sont rapatriés en France[25]. Ils sont placés sous la tutelle du conseil départemental du Morbihan. Dès le mois de , celui-ci effectue un signalement au parquet national antiterroriste (Pnat) sur les « violences physiques et psychologiques » infligées par leur mère et les « scènes d'effroi » auxquelles ils auraient assistés[26],[27]. Le , le conseil départemental du Morbihan porte plainte contre Émilie König[26]. Le , sa plainte est transmise au Pnat[27]. Derrière la plainte du conseil départemental affleure l'idée, pour l'institution, de donner officiellement aux enfants d'Émilie König le statut de victimes afin de « participer à leur reconstruction »[26].

Elle fait partie des 16 mères rapatriées en France le . Dès son arrivée sur le territoire national, elle est présentée à un juge des libertés et de la détention et mise en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », puis placée en détention provisoire et à l'isolement à la maison d'arrêt de Fresnes[28],[29]. Au début de l'année 2024, elle est transférée à la prison des femmes de Rennes[30].

Pour s'être dévoilée volontairement et avoir demandé son rapatriement en France ainsi que celui de ses enfants, Émilie König est perçue négativement par ses anciens camarades d'arme de l'État islamique. Dans une vidéo publiée le par la fondation Al-Battar (affiliée à l'État islamique) et sous-titrée en français par le centre médiatique An-Nûr (également affilié à l'État islamique[31]), elle est ainsi décrite comme l'une des « dégénérées joyeuses » qui « rêvaient de confort [...] pensaient à un avenir meilleur pour leurs enfants jusqu'à ce qu'elles se retrouvent dans une amère réalité après leur retour et que leurs rêves soient brisés »[30]. En outre, elle est présentée comme un exemple à ne pas suivre pour les « mouhajirate captives », c'est-à-dire les femmes françaises et plus globalement étrangères retenues prisonnières dans des camps du nord-est syrien[réf. nécessaire].

Références

modifier
  1. Yvan Duvivier, « Djihadiste lorientaise : le témoignage du père », Ouest-France, (consulté le )
  2. Margaux Lannuzel, « Elle a rencontré Emilie König, la djihadiste bretonne : "elle était très seule et se plaignait énormément" », Europe 1, (consulté le )
  3. a et b Agnès De Féo, « Émilie König, du voile intégral à la Syrie: parcours d'une djihadiste », sur Slate.fr, (consulté le )
  4. Zoé Lauwereys, « Qui est Emilie König, la djihadiste partie en Syrie et rapatriée en France ? », Le Parisien, (consulté le )
  5. a et b Jacques Duplessy, « Emilie König, portrait d'une djihadiste française arrêtée en Syrie », Paris Match, (consulté le )
  6. Marie Lemonnier, « Emilie König : une réalisatrice avait rencontré l'égérie française de Daech », L'Obs, (consulté le )
  7. a et b Désirée de Lamarzelle, « Qui est Emilie König,la djihadiste française qui souhaite revenir en France pour être jugée ? », Marie Claire, (consulté le )
  8. « Qui est Emilie König, cette Bretonne convertie à l'islam, devenue recruteuse de Daech ? », L'Obs, (consulté le )
  9. Hugo Septier, « La jihadiste française Emilie König parmi les femmes rapatriées mardi des camps syriens », BFM TV, (consulté le )
  10. Yannick Van der Schueren, « Émilie König, la redoutable recruteuse bretonne de Daech », Tribune de Genève, (consulté le )
  11. Elise Vincent et Simon Piel, « Emilie, Maxime, Peter, Boubaker… ces djihadistes français blacklistés aux Etats-Unis », Le Monde, (consulté le )
  12. Yvan Duvivier, « La Bretonne de Daech arrêtée, sa mère témoigne », Ouest France,‎ (lire en ligne).
  13. (en) Michelle Nichols, « Exclusive - U.S., France propose U.N. sanctions on foreign Islamist fighters », Reuters, (consulté le )
  14. (en) Thomas Jocelyn, « US government targets Islamic State’s foreign fighters in new designations », sur Long War Journal (en), (consulté le )
  15. « La mère de la djihadiste Emilie König demande son rapatriement », Dernières Nouvelles d'Alsace, (consulté le )
  16. Alexandre del Valle, Les vrais ennemis de l'Occident : Du rejet de la Russie à l'islamisation des sociétés ouvertes, Paris, L'Artilleur, , 2e éd. (1re éd. 2016), 548 p. (ISBN 978-2-8100-0824-7), p. 206
  17. « La djihadiste française Emilie König a été capturée par les forces kurdes en Syrie », Le Monde, (consulté le )
  18. Stéphanie Maurice, Jean-Manuel Escarnot et Mathilde Frénois, « Face au silence, les familles de jihadistes dans l’incertitude », Libération, (consulté le )
  19. Elsa Théobald, « Qui est Emilie König, l’ex-« égérie française de Daech » rapatriée en France et incarcérée ? », L'Obs, (consulté le )
  20. Yvan Duvivier, « Émilie König. Itinéraire d'une Bretonne devenue recruteuse pour l’État islamique », Ouest-France, (consulté le )
  21. Yvan Duvivier, « La Bretonne de Daech arrêtée, sa mère témoigne », Ouest-France, (consulté le )
  22. Jade Toussay, « La jihadiste Emilie König veut être rapatriée en France (mais c'est mal parti) », sur LeHuff Post, (consulté le )
  23. « Djihadisme : Emilie König dit être "bien traitée" par les forces kurdes », sur Linfo.re, (consulté le )
  24. « La jihadiste Emilie König apparaît dans une vidéo controversée des forces kurdes », midilibre.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. Sophie Prévost et Hervé Chambonnière, « Les enfants de la jihadiste lorientaise ont été rapatriés », Le Télégramme, no 23584,‎ , p. 13 (lire en ligne)
  26. a b et c Vincent Gautronneau, « La djihadiste Émilie König accusée de violences sur ses enfants », Le Parisien, no 24920,‎ , p. 13 (lire en ligne)
  27. a et b « Plainte contre la jihadiste Emilie König pour maltraitance et violences sur ses enfants », AFP, (consulté le )
  28. Nicolas Poincaré et MM, « Émilie Konig: qui est la jihadiste française rapatriée en France? », RMC, (consulté le )
  29. Pascal Ceaux, « Rapatriée de Syrie où elle avait rejoint l’Etat islamique, Émilie König veut convaincre qu’elle a changé », Le Journal du dimanche, (consulté le )
  30. a et b Yvan Duvivier, « INFO OUEST-FRANCE. La djihadiste bretonne Émilie König va être transférée à la prison de Rennes », Ouest-France, (consulté le )
  31. Thierry Lévêque et François Meurisse, « Abdel, community manager français de l'État islamique », sur Les Jours, (consulté le )

Voir aussi

modifier

Vidéographie

modifier

Bibliographie

modifier

Liens externes

modifier