Élections législatives hongroises de 1994

Les élections législatives hongroises de 1994 ont lieu les 8 et afin d'élire, en deux tours, les 386 représentants de l'Assemblée nationale de Hongrie pour la période 1994-1998. Le deuxième tour du scrutin ne concernait que les postes de 174 des 176 députés dans les circonscriptions uniques. Il s'agit du deuxième exercice électoral après la chute du gouvernement communiste[1],[2].

Élections législatives hongroises de 1994
386 députés de l'Assemblée nationale
(Majorité absolue : 194 députés)
et
Type d’élection Élection législative
Corps électoral et résultats
Inscrits 7 959 228
Votants au 1er tour 5 479 457
68,84 % en augmentation 4,2
Votes exprimés au 1er tour 5 400 926
Votes nuls au 1er tour 78 531
Votants au 2d tour 4 336 886
54,49 % en augmentation 10,3
Votes exprimés au 2d tour 4 286 598
Votes nuls au 2d tour 50 288
MSZP – Gyula Horn
Voix 1 781 504
32,99 %
en augmentation 22,1
Députés élus 209 en augmentation 45
SZDSZ – Gábor Kuncze
Voix 1 065 889
19,74 %
en diminution 1,7
Députés élus 69 en diminution 23
MDF – Péter Boross
Voix 633 770
11,74 %
en diminution 13
Députés élus 38 en diminution 126
Carte des résultats
Carte
Représentation de l'Assemblée élue
Diagramme
Premier ministre
Sortant Élu
Péter Boross
MDF
Gyula Horn
MSZP

Ces élections permettent le retour au pouvoir du Parti socialiste hongrois (MSZP), successeur du Parti socialiste ouvrier hongrois (MSZMP), dirigé par Gyula Horn. Le MSZP fait un retour remarqué, obtenant la majorité absolue avec 209 des 386 sièges de l'Assemblée, une augmentation de 179 députés par rapport aux élections législatives de 1990. Jusque-là, aucun autre parti hongrois n'avait remporté autant de sièges lors d'élections libres.

De son côté, le Forum démocrate hongrois (MDF), au pouvoir, subit une cuisante défaite, se classant troisième, perdant 165 sièges et ne parvenant à conserver qu'un total de 38 sièges. Bien qu'elle ait pu conserver son rôle d'opposition, l'Alliance des démocrates libres (SZDSZ) ne réussit à tirer parti de l'impopularité du gouvernement et subit une défaite décevante, perdant de nombreux sièges. Les mauvaises performances économiques, l'incompétence apparente du gouvernement et la nostalgie de l'ère communiste pour la sécurité sociale sont les principales raisons de ces résultats, ainsi qu'une réforme importante des politiques socialistes, comme un engagement à développer l'économie de marché et l'indemnisation des victimes du régime communiste.

Même si le MSZP obtient la majorité absolue, le Premier ministre nouvellement élu Gyula Horn choisit de former un gouvernement de coalition avec le SZDSZ, ce qui donne à son gouvernement un quorum parlementaire des deux tiers. De cette façon, Horn atténue l'atmosphère interne tendue et évite une réaction internationale négative à la victoire électorale d'un ancien parti communiste. De la même manière, la présence libérale dans la coalition gouvernementale permet à Horn, de tendance social-démocrate, de faire passer une partie de son agenda réformiste sans avoir à s'entendre avec l'aile la plus à gauche de son propre parti.

Contexte

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Lors des premières élections libres en Hongrie depuis la fin du communisme, en 1990, l'ancien parti unique, devenu le Parti socialiste hongrois (MSZP), est largement défait et l'élection est remportée par le nouveau Forum démocrate hongrois (MDF). Celui-ci forme un gouvernement de centre-droit avec le Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP) et le Parti indépendant des petits propriétaires (FKGP), avec à sa tête József Antall. Cependant, celui-ci meurt du cancer en cours de mandat, le et est remplacé par son ministre de l'Intérieur, Péter Boross.

Au pouvoir, le MDF tente d'implanter une économie de marché basée sur la propriété privée, mais la transition est plus difficile qu'anticipée. Les taux d'intérêt, d'inflation et de chômage augmentent énormément et provoquent un mécontentement généralisé au sein de la population[3]. Il doit répondre des maux économiques persistants malgré des réformes et est victime d'autres facteurs qui affectent sa popularité, tels que la division interne du parti, la mort du populaire Premier ministre József Antall et une série de scandales de corruption liés à l'immobilier et à la finance. Ceci favorisant conséquemment les socialistes.

Fondamentalement, tous les partis prônaient une extension de la place accordée à la privatisation, les différences étant dans le rythme et les moyens pour y parvenir, afin d'éviter des effets négatifs, tels qu'une hausse de l'inflation (à l'époque à 22 %) et du chômage (alors à 13 %) et une baisse de la production industrielle. Dans le domaine des affaires étrangères, bien qu'avec des modèles d'intégration différents, les candidats soutiennent tous l'entrée de la Hongrie dans l'Union européenne et dans l'OTAN[4].

Pendant la campagne, Guyla Horn du Parti socialiste hongrois (MSZP) fait écho à la proposition de la faction libérale de son parti d'un pacte social entre le gouvernement, les syndicats et les employeurs pour fixer les prix, les salaires et d'autres politiques pendant la période de réforme du libre marché.

Campagne

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Le Premier ministre József Antall était très populaire dans la population malgré la crise économique qui se dessinait dans le pays.

La nostalgie de la sécurité sociale lors de la période communiste accroît l'attrait du Parti socialiste hongrois (MSZP) parmi la population. Selon une enquête menée au début de 1994, le facteur le plus important derrière le soutien au MSZP était la conviction que « les choses allaient mieux à l'époque où il y avait des emplois et une existence sûre ». Les socialistes exploitent par ailleurs le mécontentement de la population. Dans une annonce publiée au début de 1994, Gyula Horn promettait que son parti relèverait le niveau de vie de la plupart des couches de la population. Au cours de la campagne, cependant, la politique économique du parti est devenue de plus en plus influencée par László Békesi, l'expert en économie du parti et ancien ministre des Finances.

Békesi injecte un sens du réalisme dans la politique économique du MSZP en arguant que « le parti ne peut fonder sa politique sur l'attitude sociale largement répandue selon laquelle le Hongrois moyen était mieux loti sous le régime Kadar (ex-communiste) ». Le programme économique du parti évitait donc l'économie d'État communiste et soutenait l'expansion continue du secteur privé. Il promet également d'achever le processus d'indemnisation des victimes du communisme, de restaurer les propriétés confisquées aux églises et de maintenir le rythme du programme de privatisation. Dans son engagement général envers l'économie de marché, le programme officiel du MSZP différait quelque peu de ceux de ses principaux rivaux. Le parti a comme slogan principal : « Laisser les experts régner »[5].

Les campagnes des autres partis politiques n'ont pas su être attrayantes et jouir suffisamment de crédibilité. Par exemple, au lieu d'affronter le MSZP sur les questions économiques, le Forum démocratique hongrois opte pour une campagne axée sur les questions morales. La campagne du MDF souligne son rôle de parti chrétien incarnant les valeurs nationales hongroises et met l'accent sur le passé communiste des dirigeants du MSZP. L'implication antérieure du MDF dans la spéculation immobilière et sa tentative d'imposer des contrôles aux médias avant les élections affectent grandement la performance du parti. La mort du Premier ministre József Antall en décembre 1993 et la succession de Péter Boross affaiblissent également la campagne du MDF. Alors que le MSZP maintient un front uni en raison des traditions de discipline du parti et d'une direction centrale forte héritée de la période communiste, son rival, le MDF souffre de rivalités et de défections parmi ses membres. Le MDF était coincé entre son aile gouvernementale, qui comprenait principalement des politiciens conservateurs et pragmatiques, et son aile du parti composée principalement de nationalistes et de populistes.

Les changements récents dans la direction du parti ajoutent à la confusion quant à son orientation idéologique qui oscillait sur la politique économique entre individualisme radical et remèdes corporatistes. L'âpre dispute au sein du Parti civique indépendant des petits propriétaires et des travailleurs agraires (FKgP), ancien allié de la coalition du MDF, est probablement à l'origine de sa défaite lors de cette élection.

L'effondrement le plus spectaculaire de tous les partis de la campagne électorale concerne l'Alliance des jeunes démocrates (FIDESZ), parti qui était alors en tête de tous les sondages d'opinion réalisés en 1993. Sa participation au sein d'une future coalition gouvernementale apparaissait assurée. Cependant, la réputation du FIDESZ en tant que parti de jeunes politiciens intègres subit un revers majeur avec les révélations de pratiques commerciales louches. Le FIDESZ semble en outre incapable de décider s'il joindrait une coalition dirigée par le MDF ou le SZDSZ.

Système électoral

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L'Assemblée nationale (Országgyűlés) est le Parlement monocaméral de la république de Hongrie. Elle se compose de 386 députés, élus pour une législature de quatre ans au suffrage universel direct selon un mode de scrutin mixte :

Modalités

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  • Le nombre de sièges attribué à chaque province est parfaitement proportionnel au poids de sa population dans celle du pays. Il y a en moyenne un député pour 26 000 habitants.
  • Pour être nommé candidat dans l'un des 176 districts individuels, il est nécessaire de recueillir au moins 750 signatures de soutien au sein de ce district. Chaque personne ayant le droit de vote reçoit une formule d'appui préélectorale qui ne peut être donnée qu'à un seul candidat en guise de soutien.
  • Le pays est divisé en 20 provinces qui constituent les circonscriptions électorales des listes de partis. Pour qu'un parti puisse présenter une liste dans la province, il doit d'abord obtenir des candidats individuels dans au moins 25 % des circonscriptions individuelles de cette province.
  • Les partis qui parviennent à présenter des candidats dans au moins sept provinces peuvent également désigner des candidats pour la liste nationale. Cette liste n'est pas votée mais sert ensuite à répartir proportionnellement le vote dit « excédentaire », c'est-à-dire celui qui n'a pas suffi à obtenir un député. Tous les « votes excédentaires » des partis sont additionnés et les 58 sièges réservés à la liste nationale sont répartis proportionnellement entre eux. Pour obtenir des sièges de cette manière, il faut avoir franchi la barrière des 4 % du total national des suffrages exprimés.
  • Une même personne peut être candidate dans les trois circonscriptions : locale, provinciale et nationale. (Toutes les principales figures des partis sont présentées sur cette liste en plus des deux autres, puisque le système assure que les premiers noms de cette liste ont les meilleures chances d'être désignés).
  • Pour être représenté au Parlement, un parti a besoin de 4 % des suffrages exprimés au niveau national. Cela ne s'applique bien sûr pas aux candidats des circonscriptions individuelles, qui obtiennent leurs sièges non pas en tant que membres du parti mais en tant que représentants personnels.
  • Le vote est valable au premier tour si la participation est d'au moins 50 % et si dans les différentes circonscriptions un candidat obtient plus de 50 % des suffrages exprimés. Les candidats qui se présentent au second tour dans les circonscriptions individuelles sont ceux qui ont obtenu plus de 15 % des voix ou, s'il n'y en a pas au moins deux dans cette situation, les trois avec le plus de voix se présentent. Au second tour, une participation de 25 % suffit.
  • Dans les 176 circonscriptions individuelles, le candidat qui reçoit le plus de voix est élu. En cas d'égalité au second tour, les élections dans la circonscription seront répétées. Il ne s'agit pas d'un troisième tour mais d'une répétition de l'ensemble du processus.
  • Dans les 20 circonscriptions provinciales, l'attribution des députés à chaque liste de parti s'effectue avec une répartition proportionnelle suivant une variante de la méthode Droop.

Forces en présence

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Parti Idéologie Chef de file Résultats en 1990
Forum démocrate hongrois
Magyar Demokrata Fórum (MDF)
Centre droit
Démocratie chrétienne, conservatisme
Péter Boross

(Premier ministre)

24,7 % des voix

164 députés

Alliance des démocrates libres
Szabad Demokraták Szövetsége (SZDSZ)
Centre
Social-libéralisme, libéralisme économique
Gábor Kuncze 21,4 % des voix

92 députés

Parti indépendant des petits propriétaires
Független Kisgazdapárt (FKGP)
Droite
Agrarisme, nationalisme, conservatisme
József Torgyán 11,7 % des voix

44 députés

Parti socialiste hongrois
Magyar Szocialista Párt (MSZP)
Centre gauche
Social-démocratie, europhilie
Gyula Horn 10,9 % des voix

34 députés

Fidesz – Parti civique hongrois
Fidesz – Magyar Polgári Párt (Fidesz-MPP)
Centre droit
Conservatisme, démocratie chrétienne
Viktor Orbán 8,9 % des voix

24 députés

Parti populaire démocrate-chrétien
Kereszténydemokrata Néppárt (KDNP)
Centre droit
National-conservatisme, démocratie chrétienne
László Surján 6,5 % des voix

21 députés

Résultats

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Résultats des législatives hongroises de 1994[3],[6],[7]
 
Partis Scrutin majoritaire Scrutin proportionnel S.
Nat.
Total

Sièges

+/-
1er tour 2e tour Total +/-
Voix % Voix % Voix % +/- S.
Parti socialiste hongrois (MSZP) 1 688 835 31,27 1 943 758 45,35 149   147 1 781 504 32,99   22,10 53 7 209   175
Alliance des démocrates libres (SZDSZ) 1 005 658 18,62 1 221 069 28,49 16   19 1 065 889 19,74   1,65 28 25 69   23
Forum démocrate hongrois (MDF) 649 872 12,03 639 866 14,92 5   109 633 770 11,74   12,99 18 15 38   126
Parti indépendant des petits propriétaires (FKGP) 425 346 7,88 252 405 5,89 1   10 476 272 8,82   2,92 14 11 26   18
Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP) 397 873 7,37 126 616 2,95 3   379 523 7,03   0,57 5 14 22   1
Fidesz-Union civique hongroise (Fidesz) 416 116 7,70 29 391 0,69 0   4 379 344 7,02   1,93 7 13 20   4
Parti ouvrier hongrois (MMP) 177 416 3,28 6 268 0,15 0   172 109 3,19   0,50 0 0 0  
Parti républicain (KP) 104 253 1,93 9 774 0,23 0   137 561 2,55 Nv. 0 0 0  
Alliance agricole (ASZ) 132 173 2,45 14 544 0,34 1   113 384 2,10   1,04 0 0 1  
Parti hongrois de la justice et de la vie (MIÉP) 67 162 1,24 0 0 0   85 737 1,59 Nv. 0 0 0  
Parti social-démocrate de Hongrie (MSZDP) 32 912 0,61 0 0 0   51 110 0,95   2,60 0 0 0  
Parti des entrepreneurs (VP) 49 391 0,91 7 666 0,02 1   1 33 367 0,62   1,27 0 0 1   1
Autres partis 131 729 2,44 15 107 0,35 0 - 90 624 1,68 - 0 0 0 -
Indépendants 112 190 2,08 20 134 0,47 0   6 0   6
Suffrages exprimés 5 400 926 98,57 4 286 598 98,84 5 400 194 98,54
Votes invalides 78 531 1,43 50 288 1,16 80 191 1,46
Total 5 479 457 100 4 336 886 100 176 - 5 480 385 100 - 125 85 386  
Abstention 2 479 771 31,16 3 622 342 45,51 2 478 843 31,14
Inscrits / participation 7 959 228 68,84 7 959 228 54,49 7 959 228 68,86

Conséquences

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Les socialistes remportent largement l'élection, décrochant une majorité absolue. Son leader, l'ancien ministre communiste Gyula Horn, forme une coalition avec l'Alliance des démocrates libres (SZDSZ), donnant une majorité des 2/3 dans l'Assemblée au nouveau gouvernement[3]. Malgré le retour d'un ancien parti communiste au pouvoir, ce gouvernement poursuit la politique de libéralisation de ses prédécesseurs.

Notes et références

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  1. Nohlen, D & Stöver, P (2010) Elections in Europe: A data handbook, p. 899 (ISBN 978-3-8329-5609-7)
  2. Nohlen & Stöver, p. 925
  3. a b et c Élections hongroises 1994 - Union interparlementaire
  4. « HUNGARY: parliamentary elections Orszaggyules, 1994 », archive.ipu.org (consulté le )
  5. « The 1994 Hungarian General Election », archive.fairvote.org (consulté le )
  6. Élections hongroises 1994 - Election Resources
  7. Élections hongroises 1994 - European Election Database

Voir aussi

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Articles connexes

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