Élections législatives eswatiniennes de 2023
Les élections législatives eswatiniennes de 2023 se déroulent le afin de renouveler les membres de l'Assemblée de l'Eswatini[1].
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Élections législatives eswatiniennes de 2023 | ||||||||||||||
59 des 65 sièges de l'Assemblée | ||||||||||||||
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Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
Inscrits | 584 710 | |||||||||||||
Indépendants | ||||||||||||||
100 % | ||||||||||||||
Sièges obtenus | 59 | |||||||||||||
Premier ministre | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Cleopas Dlamini Indépendant |
Russell Dlamini Indépendant | |||||||||||||
Premier ministre intérimaire | ||||||||||||||
Mgwagwa Gamedze | ||||||||||||||
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L'ensemble des élus sont indépendants et présélectionnés par les chefs traditionnels, les partis politiques étant interdits dans le contexte d'une monarchie absolue. Russell Dlamini succède à Cleopas Dlamini au poste de Premier ministre.
Contexte
modifierL'Eswatini est l'une des dernières monarchies absolues au monde. Depuis 1973, les partis politiques ne sont pas autorisés à prendre part aux élections. De plus, si le vote a lieu au scrutin universel direct et libre, les électeurs ne participent en fait qu'au deuxième tour du scrutin. Une présélection des candidats est en effet opérée dans les conseils locaux des chefferies. Chacune d'elles retient les noms de trois candidats, qui se présentent alors devant les électeurs[2]. En pratique, les candidats sont sélectionnés par les chefs traditionnels loyaux envers le roi Mswati III[3],[4],[2]. Le Parlement n'a que très peu de contrôle sur le gouvernement. Le Premier ministre et ses ministres sont nommés par le roi, sans consulter le corps législatif. La Constitution permet en principe au Parlement d'émettre une motion de censure à l'encontre du gouvernement, mais cette disposition n'est pas respectée dans la pratique[4]. Le roi peut dissoudre le Parlement à sa guise, et appliquer son veto à toute loi adoptée par les législateurs[4].
Les élections législatives de 2018, qualifiées de « farce » par l'opposition dont une partie boycotte le scrutin[5], voient à nouveau participer des candidats strictement sans étiquette, les partis en étant exclus[6]. L'ultime tour de scrutin, ou élection secondaire, est entachée d'accusations d'achat de votes, et de fraude électorale, tandis que plusieurs incidents remettent en cause le bon déroulement du vote, provoquant des émeutes localisées. Plusieurs journalistes et observateurs indépendants se voient refuser l'entrée des bureaux de vote, les autorités exigeant d'eux la signature de déclaration de silence[7].
Une crise politique éclate à partir de 2021, lorsqu'une manifestation pacifique pour la démocratisation violemment réprimée évolue en une série de manifestation anti-régime émaillées de violence croissantes entre manifestants et forces de l'ordre[8],[9]. C'est dans ce contexte qu'intervient l'assassinat fin janvier 2023 de l'avocat et activiste de l'opposition Thulani Masek, qui militait de longue date pour des réformes démocratiques et la défense des droits humains. Il est tué par balle à son domicile quelques heures après un discours de Mswati III devant sa garde personnelle dans lequel celui ci les assurent que des mercenaires vont « s'occuper » des personnes appelant à des réformes démocratiques, qu'il accuse d'être à l'origine de l'instabilité dans le pays[10].
Le 31 juillet 2023, Nomalungelo Simelane-Zwide est élue députée avec 53 % des voix lors d'une élection partielle organisée à Siphofaneni. Elle remporte ainsi le siège laissé vacant de son mari Mduduzi Gawuzela Simelane, député et militant pro-démocratie contraint à l'exil en Afrique du Sud après les manifestations de 2021. Cette victoire est perçue comme une démonstration du soutien dont bénéficie le camp démocratique moins de deux mois avant le scrutin national[11],[12].
Mode de scrutin
modifierL'Assemblée est la chambre basse du parlement bicaméral de l'Eswatini. Elle est composée d'un maximum de 76 sièges dont, en 2023, 59 pourvus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans des circonscriptions correspondant aux communautés tribales, les tinkhundla. Dans chacune d'elles, les électeurs choisissent parmi trois candidats présélectionnés par les chefs traditionnels. Le roi — actuellement Mswati III — nomme un maximum de dix membres à sa discrétion, dont la moitié d'entre eux doivent être des femmes. Enfin le procureur général du pays en est membre ex officio ainsi que le président de l'Assemblée, si ce dernier n'a pas été élu parmi les parlementaires[2]. Les circonscriptions électorales sont réparties comme suit : 14 dans le district de Hhohho, 11 dans celui de Lubombo, 16 dans celui de Manzini et 14 dans celui de Shiselweni[13].
La présélection des candidats est opérée le 26 août dans les conseils locaux des chefferies, qui retiennent chacune les noms de trois candidats en lice dans chaque circonscription[2].
Résultats
modifierCandidats | Votes | % | Sièges | +/- | |||||
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Indépendants | 100 | 59 | |||||||
Membres nommés | 10 | 4 | |||||||
Procureur général | 1 | 1 | |||||||
Votes valides | |||||||||
Votes blancs et nuls | |||||||||
Total | 100 | 70 | 5 | ||||||
Abstention | |||||||||
Inscrits / participation | 584 710 |
Conséquences
modifierLe scrutin se déroule dans le calme, bien que sujet à des appels au boycott lancés par l'opposition[16]. L'élection par la population des 59 membres préalablement choisis par les chefs traditionnels est suivie de la nomination par le roi de dix membres supplémentaires, pour la plupart issus de la famille royale, auquel s'ajoute de droit le procureur général, celui-ci n'ayant été ni élu ni nommé[15]. Les membres de la nouvelle Assemblée élisent courant octobre 10 des 30 membres du Sénat au cours d'un scrutin indirect controversé, plusieurs sénateurs étant accusés d'avoir acheté leur siège en corrompant les députés, sans que les plaintes ne soient suivies d'effets par les autorités. Les 20 sénateurs restants sont nommés par le roi Mswati III le 5 novembre, finalisant ainsi le renouvellement du Parlement[17].
Après l'intérim assurée par Mgwagwa Gamedze à partir de la dissolution de l'assemblée le 28 septembre pour la durée de la période électorale, Mswati III nomme Russell Dlamini au poste de Premier ministre le 6 novembre. Le roi poursuit ainsi la tradition qui le voit changer de Premier ministre à chaque renouvellement parlementaire. Les ministres sont par la suite nommés par le roi sur les conseils du Premier ministre[18].
Notes et références
modifier- « eSwatini : les élections législatives fixées au 29 septembre », sur Africa24 TV, (consulté le ).
- « IPU PARLINE database: ESWATINI (House of Assembly), Dernières élections », sur Union interparlementaire (consulté le ).
- (en) « Swaziland votes in no-party election », sur BBC News, .
- « Elections législatives au Swaziland: l’opposition dénonce une mascarade - RFI », RFI Afrique, (lire en ligne, consulté le ).
- « Elections fantômes en eSwatini, la dernière monarchie absolue d’Afrique », sur Le Monde, .
- « Elections au petit royaume d’eSwatini, sans parti et avec un pouvoir absolu pour le roi », La Libre Afrique, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Swaziland: Results of Swaziland Election Not Published One Month After Poll Questioning Kingdom's Claim to Democracy », sur allafrica, .
- « Eswatini: la violence pourrait dégénérer en guerre civile, alerte l'Église - Vatican News », sur www.vaticannews.va, (consulté le ).
- « La crise politique s’envenime au royaume d’Eswatini », sur RFI, RFI, (consulté le ).
- « Eswatini : Meurtre brutal d’un avocat défenseur des droits humains », sur Human Rights Watch, HumanRightsWatch, (consulté le ).
- Le Point, magazine, « Eswatini : une élection partielle remportée par le camp prodémocratie », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
- (en) AFP - Agence France Presse, « By-election Victory For Eswatini Pro-democracy Activists », sur www.barrons.com, (consulté le ).
- (en) « Legislature », sur The Government Of the Kingdom Of Eswatini (consulté le ).
- « Previous Reports – eswatinielections », sur www.elections.org.sz (consulté le ).
- (en) « Members of Parliament 2023 — 2028 :: Parliament of the Kingdom of Eswatini », sur www.parliament.gov.sz (consulté le ).
- (en) AfricaNews, « Eswatini: government announces election results », sur Africanews, (consulté le ).
- (en) Swazi Observer, « KING APPOINTS 20 INTO SENATE », sur new.observer.org.sz (consulté le ).
- (en) Lenin Ndebele, « Eswatini has a new prime minister », sur News24 (consulté le ).