Élection présidentielle nigérienne de 1996
L'élection présidentielle nigérienne de 1996 a lieu les 7 et afin d'élire le président de la République du Niger. Le général Ibrahim Baré Maïnassara, artisan du coup d'État de janvier, est élu dès le premier tour d'une élection marquée par une fraude massive et d'importantes irrégularités.
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Élection présidentielle nigérienne de 1996 | ||||||||||||||
7 et 8 juillet 1996 | ||||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
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Population | 8 846 000 | |||||||||||||
Inscrits | 3 804 750 | |||||||||||||
Votants | 2 417 189 | |||||||||||||
66,36 % | ||||||||||||||
Blancs et nuls | 107 830 | |||||||||||||
Ibrahim Baré Maïnassara – Indépendant | ||||||||||||||
Voix | 1 262 308 | |||||||||||||
52,22 % | ||||||||||||||
Mahamane Ousmane – CDS-Rahama | ||||||||||||||
Voix | 477 431 | |||||||||||||
19,75 % | ||||||||||||||
Président de la République | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Ibrahim Baré Maïnassara Militaire |
Ibrahim Baré Maïnassara Indépendant | |||||||||||||
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Contexte
modifierLa querelle opposant le premier président élu démocratiquement au Niger, Mahamane Ousmane, à Hama Amadou, premier ministre, à paralysé le pays en 1995[1].
Le 27 janvier 1996, un coup d'État militaire renverse le premier président élu démocratiquement, Mahamane Ousmane, resté trois années au pouvoir, et installe le général Ibrahim Baré Maïnassara à la tête de l'État.
La constitution est revue en mai, renforçant le pouvoir présidentiel. Ibrahim Baré Maïnassara organise, sous la pression de la communauté internationale, une nouvelle élection présidentielle. L'élection se déroule en juillet 1996.
Candidats
modifierLes partis politiques sont de nouveau autorisés en mai 1996. Ils présentent quatre candidats, dont l'ancien président Mahamane Ousmane, ainsi que Mamadou Tandja, dirigeant du MNSD. L'officier parachutiste, Baré Maïnassara, devenu général « à la demande de la chefferie », est le cinquième candidat, insistant sur son indépendance par rapport à ces partis[2].
Résultats
modifierAprès les élections présidentielle et législatives de 1993 saluées par les observateurs, l'élection présidentielle de 1996 est organisée dans des circonstances très controversées[3]. À l'issue du scrutin, la junte militaire au pouvoir dissout la Commission électorale nationale indépendante (CENI), pour la remplacer par la Commission nationale des élections (CNE) dont elle désigne le président[4]. Les candidats à l'élection présidentielle accusent le général Baré Maïnassara d'avoir fait un nouveau coup d'État. L'Union syndicale des travailleurs du Niger menace de lancer un mouvement de « grève générale illimitée »[5]. Baré Maïnassara assigne à résidence surveillée les quatre autres candidats au lendemain des élections[6].
La nouvelle commission électorale proclame la victoire du général Ibrahim Baré Maïnassara, artisan du coup d'État de janvier, avec 52,22 % des suffrages. L'ancien président Mahamane Ousmane, renversé par les militaires, arrive en deuxième position avec 19,75 % des voix. Selon Les Échos, contrairement aux résultats officiels, Baré Maïnassara n'arrivait qu'en seconde position à l'issue du premier tour[7].
Résultats nationaux
modifierCandidats | Partis | Premier tour | ||||
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Voix | % | |||||
Ibrahim Baré Maïnassara | Indépendant | 1 262 308 | 52,22 | |||
Mahamane Ousmane | CDS | 477 826 | 19,75 | |||
Mamadou Tandja | MNSD | 378 322 | 15,65 | |||
Mahamadou Issoufou | PNDS | 187 826 | 7,60 | |||
Moumouni Adamou Djermakoye | ANDP | 115 302 | 4,77 | |||
Votes valides | 2 417 189 | 95,73 | ||||
Votes blancs et nuls | 107 830 | 4,27 | ||||
Total | 2 525 019 | 100 | ||||
Abstention | 1 279 731 | 33,64 | ||||
Inscrits / participation | 3 804 750 | 66,36 |
Résultats départementaux
modifierLes résultats officiels sont publiés pour chacun des 7 départements[note 1], ainsi que la communauté urbaine de Niamey.
Département | Ibrahim Baré Maïnassara | Mahamane Ousmane | Mamadou Tandja | Mahamadou Issoufou | Moumouni Adamou Djermakoye |
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Agadez | 26 034 | 10 618 | 13 858 | 6 817 | 941 |
Diffa | 11 196 | 7 226 | 21 092 | 5 635 | 815 |
Dosso | 269 854 | 18 979 | 28 815 | 18 643 | 52 455 |
Maradi | 165 042 | 76 484 | 49 454 | 16 881 | 5 571 |
Niamey | 46 828 | 11 656 | 28 148 | 6 001 | 7 640 |
Tahoua | 160 705 | 75 023 | 85 122 | 96 084 | 6 926 |
Tillabéri | 465 420 | 16 406 | 112 237 | 17 512 | 35 376 |
Zinder | 117 220 | 261 039 | 39 596 | 16 253 | 5 578 |
Total | 1 262 308[note 2] | 477 826[note 3] | 378 322 | 187 826 | 115 302 |
Réactions internationales
modifierLe porte-parole du département d'État américain s'est dit « stupéfait par l'apparente incapacité du gouvernement nigérien à se conformer à ses engagements en faveur d'une transition vers la démocratie rapide et dans la transparence »[5].
L'Assemblée paritaire de la Convention conclue entre les États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et l'Union européenne (ACP-UE) estime que « le scrutin ne s'est pas conformé aux principes d'élections libres, justes et démocratiques ».
Le Bénin s'est déclaré « révolté devant le spectacle du Niger »[9].
La France se montre beaucoup moins regardante. Si le Quai d'Orsay rappelle que « les événements qui se sont produits au Niger soulèvent des interrogations », le ministre de la Coopération Jacques Godfrain déclare lors de la cérémonie d'investiture « qu'un putschiste qui se soumet à l’épreuve des urnes fait preuve d‘une belle force de caractère »[6],[10].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Jusqu'en 1998, le Niger est divisé en 7 départements (qui sont renommés en région en 1998).
- Résultat officiel. La somme des votes par département diffère légèrement : 1 262 299.
- Résultat officiel. La somme des votes par département diffère légèrement : 477 431.
Références
modifier- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Coup d'État de 1996 au Niger » (voir la liste des auteurs).
- « Les syndicats nigériens somment le président et le premier ministre de s'entendre », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- « Un putschiste en campagne au Niger », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- Sayouba Traoré, « Élections en Françafrique : l'hymne à l'hypocrisie », Mouvements, vol. 21-22, no 3, , p. 54 (ISSN 1291-6412 et 1776-2995, DOI 10.3917/mouv.021.0054, lire en ligne, consulté le )
- « La junte supprime la Commission électorale indépendante au Niger » , sur Libération (consulté le )
- « Au Niger, le général Maïnassara gagne l'élection présidentielle », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- Emmanuel Grégoire et Jean-Pierre Olivier de Sardan, « Niger : mise au point et suite », Politique Africaine, vol. 63, , p. 136-141 (lire en ligne )
- « La diplomatie africaine de la France zigzague entre grands principes et realpolitik » , sur Les Echos, (consulté le )
- Dieter Nohlen (dir.), Michael Krennerich (dir.) et Bernhard Thibaut (dir.), Elections in Africa: A Data Handbook, Oxford University Press, , 984 p. (lire en ligne ), « Niger », p. 677-696
- « Tension au Niger après l'élection contestée du général Maïnassara », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- Grégory Chauzal, Les règles de l’exception : la régulation (du) politique au Mali et au Niger, Institut d’études politiques de Bordeaux, (lire en ligne), p. 347
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Rapport de la mission d’observation des élections présidentielles, ACE Electoral Knowledge Network, 10 juillet 1996
- Le harcèlement des opposants est devenu systématique, Amnesty international, mai 1997