Élection à la direction du Parti national écossais de 2023
L'élection à la direction du Parti national écossais de 2023 ont lieu du au , pour élire le nouveau chef de file du parti national écossais, qui doit ensuite devenir premier ministre d'Écosse après le vote du parlement écossais. L'élection intervient à la suite de la démission surprise de la première ministre et cheffe du parti, Nicola Sturgeon.
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Élection à la direction du Parti national écossais de 2023 | ||||||||||||||
au | ||||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
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Votants | 50,494 | |||||||||||||
Humza Yousaf – SNP | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 24,336 | |||||||||||||
48,2 % | ||||||||||||||
Voix au 2e tour | 26,032 | |||||||||||||
52,1 % | ||||||||||||||
Kate Forbes – SNP | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 20,559 | |||||||||||||
40,7 % | ||||||||||||||
Voix au 2e tour | 23,890 | |||||||||||||
47,9 % | ||||||||||||||
Ash Regan – SNP | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 5,599 | |||||||||||||
11,1 % | ||||||||||||||
Chef du Parti national écossais | ||||||||||||||
Sortante | Élu | |||||||||||||
Nicola Sturgeon SNP |
Humza Yousaf SNP | |||||||||||||
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Cette élection à la direction du parti est la première à avoir lieu depuis vingt ans avec plusieurs candidats - Sturgeon fut la seule candidate en 2014. Le , Humza Yousaf devient le nouveau premier ministre d'Écosse. Il est alors la plus jeune personne à occuper ce poste mais également la première issue d'une minorité, étant d'origine indo-pakistanaise et de confession musulmane.
Contexte
modifierA la suite du référendum de 2014 sur l'indépendance de l'Ecosse et de son échec avec une victoire du « Non » à 55,3%, le premier ministre d'Écosse Alex Salmond démissionne et laisse sa vice première-ministre depuis 2007, Nicola Sturgeon prendre sa succession[1]. Elle est confirmé à ce poste lors des élections à la direction du parti de 2014.
Durant son gouvernement, elle remporte de nombreuses victoires lors des élections générales de 2015, 2017 et 2019. Depuis les élections législatives écossaises de 2016, elle gouverne en coalition avec le Parti Vert écossais. Si elle poursuit la politique indépendantiste de son parti, elle essuie néanmoins un revers en 2022 sur la question de la tenue d'un nouveau référendum, la Cour suprême du Royaume-Uni statuant que seul le Parlement britannique peut donner son accord[2]. Le , elle devient la première ministre écossaise à la plus grande longévité.
Le , Nicola Sturgeon présente sa démission. Elle évoque un manque d'énergie pour mener à bien sa tâche de cheffe du gouvernement écossais[3]. De plus, des critiques de son parti sur sa stratégie de faire des prochaines élections générales un référendum pour ou contre l'indépendance, une grève des enseignants des premiers et seconds degrés[4] et un projet de loi sur la reconnaissance du genre fragilisent son gouvernement. Enfin, le SNP est visé par une enquête policière en raison d'irrégularités financières liées à la recherche de fonds pour la préparation d'une nouvelle campagne de référendum pour l'indépendance de l'Écosse (Operation Branchform (en))[5].
Mode de scrutin
modifierLe chef du parti national écossais est élu par les adhérents du parti selon un système de vote à second tour instantané[6]. Les adhérents inscrivent sur leur bulletin leurs premières puis secondes préférences parmi les candidats retenus. Si aucun n'arrive à avoir la majorité absolue des premières préférences, un second tour est automatiquement réalisé à partir des secondes préférences indiquées des voix du candidat arrivé dernier au premier tour.
Ce système permet d'avoir autant de tours que nécessaire jusqu'à ce qu'un candidat obtienne la majorité absolue tout en ne nécessitant d'appeler les électeurs qu'une seule fois.
Enjeux
modifierLa campagne est dominée par trois grands ensembles de questions.
L'indépendance de l'Écosse
modifierLa question de l'indépendance de l'Écosse est au cœur du programme du parti national écossais[7]. Malgré l'échec du premier référendum proposé en 2014, le parti ne faiblit pas. En effet, il enregistre dès les premiers jours suivant l'échec du référendum un accroissement de son nombre d'adhérents puis remporte la majorité des sièges alloués à l'Écosse lors des élections générales de 2015.
Le référendum britannique pour ou contre la sortie de l'union européenne de 2016 puis la sortie effective en 2020 réactivent et nourrissent le programme indépendantiste du parti autant que son europhilie[8].
Le parti national écossais dans la perspective des prochaines élections générales britanniques et dans l'éventualité d'une absence de majorité absolue pour le parti travailliste, propose un accord de gouvernement en échange d'un soutien pour organiser un second referendum avec l'accord du Parlement britannique. Néanmoins autant le chef du parti travailliste écossais, Anas Sarwar[9] que Keir Starmer, chef du parti travailliste britannique, écartent cette proposition[10].
Une réunion du parti devait se tenir en pour définir une nouvelle stratégie au sujet de l'indépendance, mais la démission de Sturgeon entraine un report de celle-ci afin de laisser la nouvelle direction prendre en charge ce sujet[11].
La loi de réforme de reconnaissance de genre
modifierLa Gender Recognition Reform (en) est une loi votée par le Parlement écossais le pour amender la loi de 2004 sur la reconnaissance du genre. Cette nouvelle réforme permet entre autres, de faciliter le changement de genre pour toute personne dès 16 ans. Ash Regan, candidate à la direction du parti, vote contre cette loi tandis que Forbes s'abstient et que Yousaf vote pour. Le , le gouvernement britannique bloque cette loi[12].
L'économie
modifierLes questions économiques prédominent, la coalition gouvernementale formée par le parti national écossais et le parti vert écossais faisant l'objet de critiques sur leur politique[13].
Candidats
modifierLa procédure de nomination commence dès l'annonce de la démission de Nicola Sturgeon. Elle nécessite que les candidates et candidats à la direction du parti obtiennent d'abord un soutien des adhérents à leur candidature. Ils doivent recueillir 100 nominations du parti au niveau national et 20 nomination au niveau local afin de pouvoir concourir[14]. La liste définitive est arrêtée le [15].
Humza Yousaf
modifierNé le à Glasgow, il est issu d'une famille d'origine pakistanaise ayant immigré en Écosse dans les années 1960. Considéré comme le favori pour prendre la succession de Sturgeon, il exerce sous son gouvernement au poste de secrétaire à la Santé et à la Protection sociale depuis 2021. Il occupait précédemment le portefeuille ministériel à la Justice entre 2018 et 2021[16]. Il représente l'aile progressiste du parti national écossais et une continuation de la politique menée par Sturgeon. C'est le premier à se lancer dans
Kate Forbes
modifierNée le à Dingwall, elle est au sein du gouvernement Sturgeon au poste de secrétaire chargée des finances et de l'économie depuis 2020 ayant auparavant participé au gouvernement sous un poste similaire entre 2018 et 2020. Elle représente une aile centriste du parti et est la plus jeune candidate à se présenter. Forbes annonce sa candidature le [17].
Ash Regan
modifierNée le à Édimbourg, elle occupe également un poste dans la gouvernement Sturgeon entre 2018 et 2022 au ministère de la sécurité communautaire. Elle démissionne à la suite de la présentation du projet de loi de réforme de reconnaissance de genre auquel elle s'oppose. Regan annonce sa participation à la campagne pour la direction du parti le [18] - juste avant la clôture des candidatures. Ses positions au regard de la loi de reconnaissance du genre, sur l'indépendance et sur les énergies lui attirent l'opposition du Parti Vert écossais; ses deux ministres au sein de la coalition menacent alors de démissionner si le projet de loi venait à être abandonné[18].
Candidatures n'ayant pas abouti
modifierLe vice premier-ministre de Sturgeon, John Swinney décide de ne pas concourir le [19].
Campagne
modifierRésultats
modifierCandidat | Premier tour | Second tour | |||
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Voix | % | Voix | % | ||
Humza Yousaf | 24 336 | 48,2 | 26 032 | 52,1 | |
Kate Forbes | 20 559 | 40,7 | 23 890 | 47,9 | |
Ash Regan | 5 599 | 11,1 | |||
Votants | 72 169 | 100 | 72 169 | 100 | |
Exprimés | 50 494 | 69,97 | 50 494 | 69,97 | |
Pas de préférence secondaire | S/O | 572 |
Première préférence | Seconde préférence % | |||
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Yousaf | Forbes | Regan | Pas de préférence | |
Humza Yousaf | S/O | 37,71 | 22,17 | 40,12 |
Kate Forbes | 46,62 | S/O | 36,75 | 16,63 |
Ash Regan | 30,29 | 59,49 | S/O | 10,22 |
Le 27 mars 2023, Humza Yousaf est élu à la direction du Parti national écossais[21],[22].
Notes et références
modifier- « Nicola Sturgeon remplacera Alex Salmond à la tête du Parti national écossais », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « UK Supreme Court blocks Scottish independence referendum », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- « Écosse : la première ministre indépendantiste Nicola Sturgeon va démissionner », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- (en-GB) Libby Brooks et Libby Brooks Scotland correspondent, « Scotland’s teacher strikes begin after last-ditch talks fail », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) Severin Carrell et Libby Brooks, « Nicola Sturgeon resignation: why now – and what happens next on key issues? », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) Scottish National Party, « SNP Leadership Election – Voting Results » [PDF], sur www.snp.org, (consulté le )
- (en-GB) « Independence », sur Yes (consulté le )
- (en-GB) « What is the SNP’s position on rejoining the EU? », sur Scottish National Party, (consulté le )
- (en-GB) « Labour will not do post-election deal with SNP, says Scottish leader », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) « Starmer: No deal with SNP under any circumstances », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) Severin Carrell et Libby Brooks, « Sturgeon exit may delay new Scotland independence vote by five years », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- LIBERATION et AFP, « Londres bloque une loi écossaise sur le changement de genre et fâche l’Ecosse », sur Libération (consulté le )
- (en-GB) BBC, « SNP leadership: The battle raging for the party's soul », (consulté le )
- (en-GB) Matthew Robinson et Dominic Penna, « How the SNP will elect a new leader after Nicola Sturgeon's resignation », The Telegraph, (ISSN 0307-1235, lire en ligne , consulté le )
- (en-GB) SNP, « Leadership Election 2023 », sur Scottish National Party, (consulté le )
- « Ecosse : le ministre de la Santé, candidat à la succession de Nicola Sturgeon : Humza Yousaf est le premier candidat à se déclarer à la succession de la Première ministre démissionnaire. Le SNP doit choisir prochainement son nouveau dirigeant lors d'un scrutin interne. », sur lesechos.fr, (consulté le ).
- (en-GB) Libby Brooks, « SNP’s Kate Forbes issues apology in bid to reset leadership campaign » , sur The Guardian, (consulté le )
- (en-GB) Severin Carrell, « Ash Regan outlines Scottish independence plan as SNP nominations close » , sur The Guardian, (consulté le )
- (en-GB) « John Swinney rules himself out of SNP leadership race », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) « SNP Leadership Election 2023 », sur Ballot Box Scotland, (consulté le )
- (en-GB) Severin Carrell et Libby Brooks, « Humza Yousaf elected leader of Scottish National party », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- « En Ecosse, Humza Yousaf élu par les indépendantistes pour devenir nouveau premier ministre », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )