Égyptien ancien
L'égyptien ancien est une langue chamito-sémitique autrefois parlée dans l'Égypte antique et écrite au moyen des hiéroglyphes. Aujourd'hui éteinte, elle a cependant donné naissance à la langue copte, écrite au moyen de l'alphabet copte, langue liturgique qui a cessé d'être utilisée comme langue vivante et a été remplacée par l'arabe.
Égyptien ancien r n km.t
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Période | Du IIIe millénaire avant au Ier millénaire apr. J.-C. | ||||||
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Langues filles | Copte | ||||||
Pays | Égypte antique | ||||||
Typologie | Flexionnelle, VSO | ||||||
Classification par famille | |||||||
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Codes de langue | |||||||
IETF | egy
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ISO 639-2 | egy
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ISO 639-3 | egy
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Étendue | Langue individuelle | ||||||
Type | Langue ancienne | ||||||
Linguasphere | 11-AAA-a
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Glottolog | egyp1246
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État de conservation | |||||||
Langue éteinte (EX) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
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Échantillon | |||||||
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Classification
modifierL'égyptien est classé comme étant une langue chamito-sémitique[1], dont la syntaxe, la forme des pronoms et terminaisons pronominales ainsi que certains mots de vocabulaire, déchiffrés grâce aux hiéroglyphes se rapprochent des langues berbères, sémitiques et plus ou moins couchites[2]. Plusieurs linguistes avaient remarqué la similarité entre différentes langues d'Afrique du Nord ; plusieurs auteurs du XIXe siècle nommèrent cette relation chamito-sémitique, chamite pour les langues berbères et l'égyptien et sémitique pour les langues telles que l'hébreu, l'arabe ou l'araméen. Plus tard viendront s'ajouter les langues couchitiques.
Les caractéristiques typologiques sont entre autres : morphologie fusionnelle, racines lexicales consonantiques, une série de consonnes emphatiques, un système à trois voyelles /a i u/, un suffixe nominal féminin *-at, un préfixe nominal m-, un suffixe adjectival -ī[1].
Histoire
modifierL'évolution de la langue égyptienne sur plus de 4 500 ans peut se découper en six grandes périodes qui sont identifiées par des particularités phonologiques, grammaticales, lexicales et orthographiques[3] :
- l'égyptien dit de « la première phase » :
- l'égyptien archaïque, langue pratiquée durant la période prédynastique égyptienne et la période thinite ;
- le vieil égyptien, langue pratiquée durant l'Ancien Empire et la Première Période intermédiaire ;
- le moyen égyptien, langue pratiquée durant le Moyen Empire et la Deuxième Période intermédiaire, qui représente l'égyptien « classique ».
- l'égyptien dit de « la seconde phase » :
- le néo-égyptien, langue pratiquée durant le Nouvel Empire et la Troisième Période intermédiaire ;
- le démotique de la Basse époque ;
- le copte, attesté dès le IIe siècle et encore parlé par les paysans de Haute-Égypte au XVIIe siècle. Il reste la langue liturgique de l'Église copte.
L'écriture égyptienne a été datée d'environ -3200. Ces premiers textes sont généralement regroupés sous le terme général de textes « archaïques égyptiens ».
En 1999, le magazine Archéologie a rapporté que les premiers glyphes égyptiens datent de -3400[4].
L'ancien égyptien a été parlé pendant quelque cinq cents ans à partir de -2600. Le moyen égyptien a été parlé d'environ -2000 pour une durée de sept cents autres années où le néo-égyptien a fait son apparition ; le moyen égyptien a toutefois survécu jusqu'aux premiers siècles de notre ère comme une langue écrite, semblable à l'usage du latin au Moyen Âge et de l'arabe classique aujourd'hui. Le démotique apparaît vers -650 et a survécu comme langue parlée jusqu'au Ve siècle de notre ère. Le copte égyptien est quant à lui apparu au cours du IVe siècle de notre ère et a survécu en tant que langue vivante jusqu'au XVIIe siècle. Il a probablement survécu dans la campagne égyptienne en tant que langue parlée pendant plusieurs siècles encore. Le dialecte bohaïrique copte est encore utilisé par les Églises chrétiennes d'Égypte.
Les vieux, moyen et néo-égyptien ont tous été écrits en utilisant les hiéroglyphes et le hiératique. Le démotique a été écrit en utilisant un alphabet dérivé du hiératique, son apparence est vaguement similaire à l'écriture arabe moderne et il est également écrit de droite à gauche (bien que les deux peinent à tenir une relation). Le copte est écrit en utilisant l'alphabet copte, une forme modifiée de l'alphabet grec comprenant un certain nombre de symboles empruntés au démotique pour les sons qui n'existent pas en grec ancien.
Grammaire
modifierMorphologie
modifierNoms
modifierLes noms égyptiens peuvent être masculins ou féminins (indiqué comme avec d'autres langues afro-asiatiques en ajoutant un t) ainsi que singulier et pluriel.
Les articles (à la fois définis et indéfinis) ne se développent pas avant le néo-égyptien, mais sont largement utilisés par la suite.
Pronoms
modifierL'égyptien a trois types de pronoms personnels : les suffixes, enclitiques et les pronoms indépendants. Il dispose également d'un certain nombre de terminaisons verbales ajoutées à l'infinitif pour former le statif, qui sont considérés par certains linguistes comme un « quatrième » ensemble de pronoms personnels[5]. Ils portent ressemblance à leurs homologues sémitiques et berbères. Les trois principaux ensembles de pronoms personnels sont les suivants :
Suffixe | Dépendant | Indépendant | |
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1er singulier | -ı͗ | wı͗ | ı͗nk |
2e singulier masculin | -k | tw | ntk |
2e singulier féminin | -t | tn | ntt |
3e singulier masculin | -f | sw | ntf |
3e singulier féminin | -s | sy | nts |
1er pluriel | -n | n | ı͗nn |
2e pluriel | -tn | tn | nttn |
3e pluriel | -sn | sn | ntsn |
Il y a également des pronoms démonstratifs (ce que, celui-ci et ceux-ci), au pluriel masculin, féminin, et commun :
Masculin | Féminin | Pluriel | |
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pn | tn | nn | cet, ce, cette, ces |
pf | tf | nf | ce, ces |
pw | tw | nw | cet, ce, cette, ces (archaïque) |
Enfin, il y a les pronoms interrogatifs (quoi, qui, etc.) qui possèdent des ressemblances avec leurs homologues sémitiques et berbères :
mı͗ | Qui ? Quoi ? | (dépendant) |
ptr | Qui ? Quoi ? | (indépendant) |
iḫ | Quoi ? | (dépendant) |
ı͗šst | Quoi ? | (indépendant) |
zı͗ | Qui ? | (indépendant et dépendant) |
Verbes
modifierLa morphologie verbale égyptienne peut être divisée en deux formes : les verbes finis et non finis. Les verbes qualifiés de finis véhiculent les personnes, le temps/l'aspect, l'humeur, et la voix. Les formes non finies se produisent sans sujet et ils sont l'infinitif et les participes. Il existe deux temps principaux en égyptien : les formes passées et imperfectives. Celles-ci sont déterminées à partir de leur contexte syntaxique.
Adjectifs
modifierL'adjectif s'accorde en genre et en nombre avec son nom.
Prépositions
modifierLes prépositions égyptiennes viennent avant le nom.
m | dans, comme, avec, de |
n | pour |
r | à |
ı͗n | par |
ḥn | avec |
ḥr | sur |
ḥ | à côté |
ẖr | sous |
ḏr | depuis |
Notes et références
modifier- Loprieno 1995, p. 1.
- (en) Zygmunt Frajzyngier et Erin Shay, The Afroasiatic Languages, Cambridge/New York, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-86533-3, lire en ligne), p. 3
- Bard et Shubert 1999, p. 274.
- Mitchell 1999.
- Loprieno 1995, p. 65.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Kathryn A. Bard (dir.) et Steven Blake Shubert, Encyclopedia of the archaeology of ancient Egypt, London/New York, Routledge, , 938 p. (ISBN 0-415-18589-0)
- (en) Antonio Loprieno, Ancient Egyptian : A linguistic introduction, Cambridge (GB), Cambridge University Press, , 322 p. (ISBN 0-521-44384-9)
- Michel Malaise et Jean Winand, Grammaire raisonnée de l’égyptien classique, Liège, C.I.P.L., coll. « Ægyptiaca Leodiensia » (no 6),
- (en) Larkin Mitchell, « Earliest Egyptian Glyphs », Archeology, vol. 52, no 2, (lire en ligne)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- VÉgA (vocabulaire de l'égyptien ancien)