Égopode podagraire

Classification
Règne	Plantae
Sous-règne	Tracheobionta
Division	Magnoliophyta
Classe	Magnoliopsida
Sous-classe	Rosidae
Ordre	Apiales
Famille	Apiaceae
Genre	Aegopodium
Ordre	Apiales
Famille	Apiaceae

Aegopodium podagraria

L'égopode podagraire (Aegopodium podagraria), aussi appelé herbe aux goutteux, podagraire, petite angélique ou herbe de saint Gérard^[1] ou encore Pied-de-chèvre^[2], est une plante herbacée vivace, glabre, de la famille des Apiaceae. Elle apprécie les lieux frais et ombragés. Elle est comestible^[2].

Étymologie

Le nom scientifique Aegopodium est formé sur le grec aïx, aïgos, « chèvre », et podion « pied », allusion aux folioles latérales habituellement divisées en deux comme les sabots d'une chèvre. L'épithète podagraria fait référence à la « podagre », goutte affectant les pieds due à une accumulation d'acide urique. Diurétique, elle permettrait de lutter contre cette goutte^[3].

Description

Ombelle d'égopode podagraire

Appareil végétatif

Cette plante à croissance rapide peut atteindre 30 à 100 cm de hauteur^[1] (60 à 80 cm selon Rodet et Baillet (1872)^[2].

La tige est dressée, robuste, creuse, fistuleuse, ramifiée vers le haut, rameuse au sommet, glabre et cannelée en surface^[2].

Les feuilles ont une couleur vert gai au dessus, plus pâles en dessous et présentent une bordure inégalement dentée, parfois lobées, à dents aiguës, mucronées. Les inférieures sont longuement pétiolées, et présentent généralement trois lobes ; celles situées plus haut sur la tige sont disposées par lot de trois qui chacun se divise en trois folioles (feuilles triséquées)^[2]. Chaque feuille ou segment de feuille a une forme pennée à ovale, à l'extrémité formant un angle aigu. Les pétioles ont une section triangulaire.

Les feuilles froissées ont une odeur qui évoque celles du céleri, de la carotte ou du persil.

Ses racines, nombreuses et profondes lui permettent de résister aux conditions de sous-bois, elles ont une odeur de carotte.

Appareil reproducteur

L'inflorescence (floraison de mai à août, plutôt en juin-juillet) est une ombelle régulière à environ 20 rayons portant de petites fleurs blanches (parfois rosées), d’environ 3 mm de diamètre chacune^[1].

Le fruit est un schizocarpe produisant des akènes de 3 à 5 mm de long^[1]. De forme ovale, ces akènes brun plus ou moins foncé à maturité sont parcourus de sillons.

Répartition et habitat

C'est une plante des lieux ombragés (sous-bois frais) qui était autrefois fréquemment présente dans les vergers et au bord des eaux (selon Rodet et Baillet, 1872)^[2]. Elle est répandue dans les zones tempérées d'Europe et d'Asie^[4].

En Suisse on la trouve à l'étage collinéen, en particulier dans les ourlets nitrophiles mésophiles (Aegopodion + Alliarion) et dans les Aulnaies alluviales (Alnion Incanae)^[5].

Elle est parfois utilisée en sous-bois, ou dans les massifs ombragés comme plante couvre-sol relativement résistante à la sècheresse et à la concurrence avec les systèmes racinaires d'arbres mûrs^[6].

Dans certaines régions du monde, c'est l'une de plantes sauvages comestibles que l'on peut aussi trouver (spontanée ou sur-spontanée) en ville^[7]

Plante localement envahissante

Comme beaucoup d'autres plantes de sous-bois, quand ses conditions de croissance sont optimales en sous-bois ou lisière elle s'étend en formant de larges taches monospécifiques. Quand elle est bien installée, elle peut se révéler tenace, se propageant ou se maintenant par ses rhizomes

Là où elle a été introduite hors de son aire naturelle de répartition elle est parfois devenue invasive (comme au Canada)^[8].

Si on l'arrache en laissant son système racinaire en place, elle repousse. Un petit morceau de racine oublié peut redonner une nouvelle plante ^[9]. Cette plante se reproduit également par graines. Un pied peut donner des centaines de graines…

Pour éviter la prolifération, on peut planter des plantes compétitives (ex. : capucines ou pommes de terre). On pourra également profiter de sa présence pour la consommer, plutôt que tenter de l'éradiquer.

Feuillage caractéristique sur site
Détails des feuilles

Utilisations

Usages médicinaux

Comme son nom l'indique, la plante était utilisée pour soigner la goutte^[10], mais sans efficacité selon Rodet et Baillet (1872). Toutefois, des études scientifiques récentes ont permis d'isoler des principes actifs de la plantes, ayant des propriétés antiinflammatoires, dermo-protectrices, antimicrobiennes et diurétiques^[11]^,^[12]^,^[13].

Usages alimentaires

Sapide, elle peut être consommée crue, en salade (jeunes pousses) ; ou cuite, comme les épinards, avec une « saveur chaude, agréable, analogue à celle de l'Angélique » selon Rodet et Baillet (1872)^[2]. Selon François Couplan, à la fois la feuille et la fleur sont ainsi consommables ; la tige se mange aussi, mais uniquement jeune^[14].

Selon Rodet et Baillet (1872) « les animaux mangent les parties herbacées de cette plante, que l'on considère comme fournissant une assez bonne alimentation »^[2].

Précautions

Comme de nombreuses plantes de la même famille (carotte y compris), l'Égopode produit des substances photosensibilisantes ; les personnes allergiques aux plantes de cette famille devraient le manipuler avec des précautions particulières et/ou ne pas s'exposer au soleil après l'avoir manipulé ou mangé cru^[15].

Notes et références

↑ ^{a b c et d} (fr) HYPPA ; Unité de Malherbologie & Agronomie INRA-Dijon, « Aegopodium podagraria L. », sur www2.dijon.inra.fr, INRA (consulté le 8 décembre 2011).
↑ ^{a b c d e f g et h} Henri Jean Antoine Rodet et Casimir Célestin Baillet, Botanique agricole et médicale: ou Etude des plantes qui intéressent principalement les médecins, les vétérinaires et les agriculteurs, P. Asselin, 1872 (lire en ligne)
↑ François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolites, Éditions Quae, 2012 (lire en ligne), p. 56
↑ Le Grand livre vert: encyclopédie des fleurs et des plantes, Éd. Christophe Colomb, 1990 (ISBN 978-2-88097-389-6)
↑ Raymond Delarze, Guide des milieux naturels de Suisse, Lausanne, Paris, Delachaux et Niestlé, 1998, 413 p. (ISBN 2-603-01083-2), p. 200-201
↑ Nolet, M. (1998). Coup de jeune au jardin: pelouse et vivaces, premières partie. Continuité, (78), 50-53. |URL=https://www.erudit.org/en/journals/continuite/1900-v1-n1-continuite1056374/16329ac.pdf
↑ de Hody C (2017) Cueilleur urbain. À la découverte des plantes sauvages et comestibles dans la ville. Arthaud.
↑ (en) D. R. Clements et P. M. Catling, Invasive species issues in Canada - How can ecology help?, 19 mars 2011 (DOI 10.4141/CJPS07300, lire en ligne)
↑ kgrosselanwer, « Voici comment supprimer durablement l'herbe aux goutteux », sur gesal.ch (consulté le 28 avril 2022).
↑ Jean-Claude Rameau, Dominique Mansion, Gérard Dumé et al., Flore forestière française, guide écologique illustré : montagnes, Paris, Nancy, Institut pour le développement forestier : Direction de l'espace rural et de la forêt ; École nationale du génie rural des eaux et forêts, 1989, 2434 p. (OCLC 489627625, lire en ligne), p. 911.
↑ (en) Katarzyna Jakubczyk; Katarzyna Janda-Milczarek; Daniel Styburski; Agnieszka Lukomska, « Goutweed (Aegopodium podagraria L.) – botanical characteristics and prohealthy properties », sur Researchgate.net, février 2020.
↑ (en) Nizioł-Łukaszewska Zofia, Zagórska-Dziok Martyna, Ziemlewska Aleksandra, Bujak Tomasz, « Comparison of the Antiaging and Protective Properties of Plants from the Apiaceae Family », sur Pubmed (pubmed.ncbi.nlm.nih.gov), septembre 2020.
↑ (en) Nizioł-Łukaszewska Zofia, Zagórska-Dziok Martyna, Ziemlewska Aleksandra, Bujak Tomasz, « Bioactive Compounds in Aegopodium podagraria Leaf Extracts and Their Effects against Fluoride-Modulated Oxidative Stress in the THP-1 Cell Line », sur Pubmed (pubmed.ncbi.nlm.nih.gov), décembre 2021.
↑ Brunel J.C ; flore gourmande (voir le tableau intitulé : Inventaire des urbaines indigènes comestibles) |URL=http://floregourmande.org/wp-content/uploads/2016/06/AMCEV.pdf
↑ Michel Botineau, Guide des plantes comestibles de France, Humensis, 5 septembre 2014 (ISBN 978-2-7011-8885-0, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Égopode podagraire, sur Wikispecies
égopode, sur le Wiktionnaire

(en) Référence JSTOR Plants : Aegopodium podagraria (consulté le 1^er août 2014)
(en) Référence Catalogue of Life : Aegopodium podagraria L. (consulté le 15 décembre 2020)
(en) Référence Flora of Missouri : Aegopodium podagraria (consulté le 1^er août 2014)
(en) Référence GRIN : espèce Aegopodium podagraria L. (consulté le 1^er août 2014)
(fr) Référence INPN : Aegopodium podagraria L., 1753 (TAXREF) (consulté le 1^er août 2014)
(fr + en) Référence ITIS : Aegopodium podagraria L. (consulté le 1^er août 2014)
(en) Référence NCBI : Aegopodium podagraria (taxons inclus) (consulté le 1^er août 2014)
(en) Référence The Plant List : Aegopodium podagraria L. (source : KewGarden WCSP) (consulté le 1^er août 2014)
(en) Référence Tropicos : Aegopodium podagraria L. (+ liste sous-taxons) (consulté le 1^er août 2014)
(fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Aegopodium podagraria L., 1753
(fr) Référence Info Flora (Suisse) : Aegopodium podagraria L.

Portail de la botanique

[hyppa-1] {a b c et d} (fr) HYPPA ; Unité de Malherbologie & Agronomie INRA-Dijon, « Aegopodium podagraria L. », sur www2.dijon.inra.fr, INRA (consulté le 8 décembre 2011).

[RodetBaillet1872-2] {a b c d e f g et h} Henri Jean Antoine Rodet et Casimir Célestin Baillet, Botanique agricole et médicale: ou Etude des plantes qui intéressent principalement les médecins, les vétérinaires et les agriculteurs, P. Asselin, 1872 (lire en ligne)

[3] François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolites, Éditions Quae, 2012 (lire en ligne), p. 56

[4] Le Grand livre vert: encyclopédie des fleurs et des plantes, Éd. Christophe Colomb, 1990 (ISBN 978-2-88097-389-6)

[5] Raymond Delarze, Guide des milieux naturels de Suisse, Lausanne, Paris, Delachaux et Niestlé, 1998, 413 p. (ISBN 2-603-01083-2), p. 200-201

[6] Nolet, M. (1998). Coup de jeune au jardin: pelouse et vivaces, premières partie. Continuité, (78), 50-53. |URL=https://www.erudit.org/en/journals/continuite/1900-v1-n1-continuite1056374/16329ac.pdf

[7] Hody C (2017) Cueilleur urbain. À la découverte des plantes sauvages et comestibles dans la ville. Arthaud.

[8] (en) D. R. Clements et P. M. Catling, Invasive species issues in Canada - How can ecology help?, 19 mars 2011 (DOI 10.4141/CJPS07300, lire en ligne)

[9] rosselanwer, « Voici comment supprimer durablement l'herbe aux goutteux », sur gesal.ch (consulté le 28 avril 2022).

[fff1989-10] Jean-Claude Rameau, Dominique Mansion, Gérard Dumé et al., Flore forestière française, guide écologique illustré : montagnes, Paris, Nancy, Institut pour le développement forestier : Direction de l'espace rural et de la forêt ; École nationale du génie rural des eaux et forêts, 1989, 2434 p. (OCLC 489627625, lire en ligne), p. 911.

[11] (en) Katarzyna Jakubczyk; Katarzyna Janda-Milczarek; Daniel Styburski; Agnieszka Lukomska, « Goutweed (Aegopodium podagraria L.) – botanical characteristics and prohealthy properties », sur Researchgate.net, février 2020.

[12] (en) Nizioł-Łukaszewska Zofia, Zagórska-Dziok Martyna, Ziemlewska Aleksandra, Bujak Tomasz, « Comparison of the Antiaging and Protective Properties of Plants from the Apiaceae Family », sur Pubmed (pubmed.ncbi.nlm.nih.gov), septembre 2020.

[13] (en) Nizioł-Łukaszewska Zofia, Zagórska-Dziok Martyna, Ziemlewska Aleksandra, Bujak Tomasz, « Bioactive Compounds in Aegopodium podagraria Leaf Extracts and Their Effects against Fluoride-Modulated Oxidative Stress in the THP-1 Cell Line », sur Pubmed (pubmed.ncbi.nlm.nih.gov), décembre 2021.

[14] Brunel J.C ; flore gourmande (voir le tableau intitulé : Inventaire des urbaines indigènes comestibles) |URL=http://floregourmande.org/wp-content/uploads/2016/06/AMCEV.pdf

[15] Michel Botineau, Guide des plantes comestibles de France, Humensis, 5 septembre 2014 (ISBN 978-2-7011-8885-0, lire en ligne)

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