Église de la Cassine (Bonchamp-lès-Laval)
L'église de la Cassine est une église du premier âge roman de la commune française de Bonchamp-lès-Laval, en Mayenne. Ces vestiges sont situés à trois kilomètres au sud du bourg, à proximité du château de Poligné. Cet édifice interroge par son importance, son architecture et sa fonction qui reste inconnue. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le [1].
Église de la Cassine | |
Le chevet. | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Type | Chapelle |
Protection | Inscrit MH (1926) |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Pays de la Loire |
Département | Mayenne |
Ville | Bonchamp-lès-Laval |
Coordonnées | 48° 02′ 26″ nord, 0° 42′ 39″ ouest |
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Situation
modifierRuine située à l'entrée d'une ferme, elle est dans une propriété privée. Elle est isolée et aucun habitat ne s'est aggloméré autour depuis sa fondation. Elle est distante de trois cent mètres de la D 21 dont le tracé, à cet endoit, est proche d'un ancien chemin médiéval[note 1]. Visible au nord de cette route à la sortie de Forcé vers Laval, elle est, et a toujours été, au sud du territoire de la commune et de la paroisse de Bonchamp-lès-Laval qui s'étirent sur la rive droite de la Jouanne[2]. Cette église est distante à vol d'oiseau de 3 800 mètres pour l'église Saint-Blaise de Bonchamp-lès-Laval et de moins d'un kilomètre pour l'église Saint-Médard de Torcé[note 2].
Histoire
modifierLes sources écrites anciennes sont absentes[3] et leur rareté ensuite necessitent de s'appuyer seulement sur l'archéologie et les comparaisons architecturales pour connaitre la date et le contexte de la fondation. Les similitudes avec l'église du Lion-d'Angers et les datations au carbone 14 font remonter sa construction entre le dernier quart du Xe siècle et les deux premières décénies du XIe siècle. Sa dimension, similaire à la future église paroissiale de Bonchamp-lès-Laval, et ses caractéristiques architecturales, retrouvées seulement dans quelques édifices majeurs plus au sud dans la région[note 3], montrent l'importance de cette fondation[4].
La première mention écrite est le testament de Jeanne Ouvrouin , chatelaine de Poligné en 1422 qui mentionne un leg pour réparer cette "chapelle du Saint-Sépulchre"[note 4]. Le texte suivant de 1549 évoque la destination des offrandes de la Saint Barthélemy le 24 août : la majorité à la prieure d'Avénière dépendante de l'Abbaye du Ronceray d'Angers, le reste aux seigneurs de Poligné et de Forcé. En 1660 l'édifice appartient au domaine de Poligné. Des études et fouilles archéologiques sont effectuées : en 1861 par A.L. David, vers 1878 par L. Garnier, il dresse un plan et met en évidence des sépultures mérovingiennes, en 1988 l'occupation mérovingienne et les sépultures antérieures à l'édification sont confirmées et l'architecture précisée[5].
Appellation, dédicace et fonction
modifierLa Cassine évoque en vieux français une petite maison[6]. L'appellation Saint-Sépulcre n'est mentionnée qu'une seule fois en 1422 et évoquerait une fonction de chapelle de cimetière, le texte de 1549 évoque une dédicace à Saint Barthélemy[7]. Aucun texte ou usage ultérieur ne confirme ce nom[8]. Si la construction évoque un projet ambitieux[9], l'abandon ancien, la pauvreté des textes la mentionnant et l'absence d'instalation d'une population autour confirment l'échec de cette implantation et de son développement[10],[note 5].
Les spécialistes du XXIe siècle choisissent de parler d'une église et non d'une chapelle en raison de ses caractéristiques architecturales exceptionnelles malgré cet échec[note 6].
Description
modifierPlan
modifierL'église est orientée avec une inclinaison au sud de dix degrés. Elle mesure trente mètres sur une largeur maximale de seize mètres. Elle est constituée d'une nef à trois vaisseaux avec cinq travées, d'un transept peu débordant, un peu plus d'un mètre, avec une absidiole orientale dans l'axe de chaque bas-côté. Le choeur, un peu plus étroit que le vaisseau central de la nef présente trois absides rayonnantes formant un chevet tréflé. Deux contreforts encadrent le portail conservé de la façade occidentale, deux portes complètent les entrées de l'édifice, une sur le mur sud de la nef, dégradée, celle sur le mur nord est remplacée par une large brèche, elle se devine sur les plans du XIXe[11],[12].
Élévation
modifierUne des caractéristiques exeptionnelles de l'édifice est la hauteur des cinq absidioles qui s'élevaient à la hauteur du choeur et de la nef. Les absidioles est et nord ainsi que le mur du choeur s'élèvent encore à plus de dix mètres. Le transept persiste sur quatre mètres et l'angle nord est du croisillon à dix mètres. La nef est plus dégradée et les murs goutereaux ne s'élèvent plus, au maximum, qu'à cinq mètres. La porte sud a perdu ses jambages mais garde son linteau monolithe en grès roussard et son arc de décharge, l'ornementation exeptionelle du portail est conservée sur une moitié. Le tympan, à décor réticulé, comporte des claveaux de calcaire blanc échancrés avec l'insertion de demi besans[13] de grès roussard, l'ensemble est entouré de billettes[14],[note 8]. Les fenêtres en plein cintre à claveaux des absdioles sont très haut situées. Les absides axiales et nord est ont conservé leur cul-de-four, les caractéristiques des murs de la nef évoque une couverture en charpente de cette partie de l'église[15].
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Le chevet.
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L'angle du croisillon nord.
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La nef côté mur nord.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Le chemin valais dont le nom est atesté au XIVe siècle, voie de Tours à Laval, suivait un tracé parallèle à la route un peu plus au nord, sur le chemin valais voir [1]
- mesuré sur « Carte IGN classique » sur Géoportail.
- Triple nef : priorale d'Avénière, abbaye d'Évron et priorale Saint-Jean-Baptiste de Château-Gontier, existance d'un transept et absidioles multiples et rayonnantes : peu fréquents à cette époque où la plupart des chevets sont plats.
- Jacques Naveau tire plusieurs conclusions de ce texte, l'église n'était pas inachevée puisqu'il est question de réparation et non d'achèvement, elle est déjà dans un certain état d'abandon, Jeanne Ouvrouin n'en est pas propriétaire.
- On a voulu attribuer à la Cassine un temple de protestants, si le château de Poligné voisin est un fief protestant au début du XVIIe rien n'authentifie cette hypothèse.
- Voir la bibliographie. Cet échec peut être rattaché à la notion récente de grands travaux inutiles.
- Les deux portes de la nef sont représentés en élévation sur la partie droite du plan
- L'église Saint-Martin-de-Vertou du Lion-d'Angers, qui lui est contemporaine, présente également un portail occidental dont le tympan est à décor réticulé.
Références
modifier- « Chapelle de la Cassine », notice no PA00109471, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus 2021c, p. 125-126.
- Alain Valais 1989.
- « cassine », sur La langue française, (consulté le ).
- « La Cassine », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne), tome 1
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus 2021c, p. 126.
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus 2021c, p. 120.
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus 2021d, p. 97.
- « Besant, Bezant, Besan », sur CNTRL, (consulté le ) : disque ornemental.
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus 2021d, p. 99.
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus 2024c, p. 121.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Alain Valais, « Bonchamp-lès-Laval (Mayenne). Église de la Cassine », Archéologie médiévale, vol. 19, , p. 284-285 (lire en ligne)
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus (directrice de thèse), Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l’ancien diocèse du Mans et à ses confins : Architecture, aménagement de l’espace, vol. 1 synthèse, Nanterre, 2021a, 314 p. (lire en ligne)
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus (directrice de thèse), Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l’ancien diocèse du Mans et à ses confins : Architecture, aménagement de l’espace, vol. 2 Les illustrations de la synthèse, Nanterre, 2021b, 389 p. (lire en ligne)
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus (directrice de thèse), Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l’ancien diocèse du Mans et à ses confins : Architecture, aménagement de l’espace, vol. 3 catalogue de notices des églises de la Mayenne, Nanterre, 2021c, 271 p. (lire en ligne), p. 118-126
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus (directrice de thèse), Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l’ancien diocèse du Mans et à ses confins : Architecture, aménagement de l’espace, vol. 4 les illustrations du catalogue des églises de la Mayenne, Nanterre, 2021d, 243 p. (lire en ligne), p. 97-101
- Alain Valais et Brigite Boissavit Camus (directrice de thèse), Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l’ancien diocèse du Mans et à ses confins : Architecture, aménagement de l’espace, vol. 7 Les inventaires, les tableaux et les références bibliographiques, Nanterre, 2021e, 110 p. (lire en ligne)
Article connexe
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la religion :
- Ressource relative à l'architecture :