Église Saint-Pierre de Brocas

église située dans les Landes, en France

L'église Saint-Pierre de Brocas se situe sur la commune de Montaut, dans le département français des Landes. Elle est classée au titre des monuments historiques par arrêté du [2] et se distingue par son impressionnant portail en arc de triomphe de style gallo-roman.

Église Saint-Pierre de Brocas
Image illustrative de l’article Église Saint-Pierre de Brocas
Présentation
Culte Catholique romain
Type Église
Rattachement Paroisse Notre-Dame-du-Mont-Carmel
Diocèse d'Aire et Dax
Début de la construction XIIIe siècle
Autres campagnes de travaux Fin XVe / début XVIe siècle (collatéral) ;
XVIIe siècle (sacristie)[1]
Style dominant Architecture romane
Protection Logo monument historique Classé MH (1934)
Géographie
Pays France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Landes
Commune Montaut
Adresse 90 Route de Doazit, Brocas
Coordonnées 43° 43′ 07″ nord, 0° 40′ 21″ ouest

Carte

Situation, présentation

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L'église Saint-Pierre se trouve sur une colline du hameau de Brocas[3], route de Doazit, à 2,6 km au sud-ouest du bourg. Le GRP de la Haute Chalosse passe juste à côté de l'église. Quelque 600 m plus loin, il rejoint le ruisseau de Saint-Pierre et le suit jusqu'aux abords de sa source la fontaine Saint-Pierre, à environ 2 km à l'est[4].

Elle est entourée d'un enclos qui clôture également le cimetière au nord-est[3], cimetière communal jusqu'en 1851[5],[n 1]. L'accès à l'enclos se fait par un large portail avec arche en pierre, ouvrant sur la place Saint-Pierre au nord ; on traverse le cimetière pour entrer dans l'église[7].

Elle a l'orientation classique des églises, avec le portail à l'ouest[3],[8] (contrairement à Sainte-Catherine au bourg, dont le portail s'ouvre plein sud).

Topologie

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Dans son ouvrage sur l'histoire l'Abbaye de Saint-Sever, Don Du Buisson identifie à tort S. Petri de Roca (forte de Broca, juxta locum Montis-Alti, vulgo Montaut) pour Saint Pierre de Brocas, situé à Montaut[9]. Il s'agit en fait de Saint-Pierre-du-Mont[10].

Historique

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Le général Jean Constans est le seul à mentionner que vers le XIe siècle les bernardins de Cîteaux fondent à Brocas une abbaye dont il ne subsisterait que l'église actuelle[3]. Il précise que « Le hameau de Brocas a été incontestablement la tête initiale du Montaut actuel. Son église est restée paroissiale jusqu'en 1685, époque à laquelle Mgr de Fromentières, évêque d'Aire (1673-1684), décida que le siège de la paroisse serait désormais au bourg[11],[12]. » L'église Saint-Pierre du hameau de Brocas est la plus ancienne et longtemps seule église de la paroisse[6] ; le chef-lieu de la paroisse est Brocas « depuis un temps immémorial », avant que le simple hameau de Montaut ne se développe en bourg fortifié au gré des rivalités seigneuriales et des conflits de la féodalité[13]. Le titre paroissial est réservé à l'église de Brocas jusqu'en 1685. L'église de Montaut n'obtient le titre officiel de siège paroissial qu'en 1808, et celle de Brocas devient officiellement une succursale[6].

Sébie donne trois étapes principales dans la construction : d'abord simple chapelle à une seule nef[6], puis la construction de la « nef latérale » (le collatéral) au XVIe siècle, et la sacristie au XVIIe siècle[1].

Une fontaine miraculeuse lui est associée, la fontaine de Saint-Pierre, à environ 2 km à l'est de l'église[4]. Au XIXe siècle elle est encore recouverte d'une construction en pierre en forme de reliquaire surmonté d'une croix, avec en façade une niche abritant une statue en terre cuite de saint Pierre[6].

XIIIe siècle, construction

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Au XIIIe siècle, l'église Saint-Pierre, d'architecture romane, est édifiée en pierre de Saint-Aubin. Elle se compose alors d'une nef de deux travées, prolongée par une abside semi-circulaire avec voûte en cul-de-four[11].

 
Tour-clocher

XIVe siècle, la tour-clocher fortifiée

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Au XIVe siècle, la famille éponyme de Brocas est au service des rois d'Angleterre[14]. Elle fortifie l'église en élevant une tour fortifiée qui domine la région. Ses murs, de plus d'un mètre cinquante d'épaisseur à leur base[réf. nécessaire], sont munis de meurtrières et supportent à leur sommet un chemin de ronde avec merlons et créneaux[réf. nécessaire]. Sur son côté sud, la tour est flanquée d'une tourelle d'escalier polygonale.

L'église de Brocas comportait par ailleurs des traces indéniables de l'occupation anglaise. Ainsi, le chanoine Daugé signale en 1930, le mauvais état d'armoiries portant des léopards d'Angleterre. Elles ont disparu avec les années. Notons que les seigneurs de Brocas[15], durant la guerre de Cent Ans, portaient de sable au léopard lionné d'or dans leurs armes.

XVe siècle, nef voutée d'ogives et déplacement de l'entrée

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À partir du XVe siècle, la nef est voutée d'ogives[11]. Elles sont supportées par des contreforts qui obstruent partiellement l'entrée principale. Cette dernière, qui se trouvait en face de la première travée, est alors murée et déplacée vers l'est face à la deuxième travée. La nouvelle entrée forme un passage en arc plein cintre.
Après la disparition de l'abbaye — qui se tenait à la place du cimetière actuel —, cette deuxième entrée est réduite pour être accolée à une chapelle aujourd'hui disparue.


XVIe siècle, le collatéral

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Aux alentours de 1500, l'église est agrandie par l'ajout d'un collatéral[16] sur le côté sud (partie droite de l'église) ; ce collatéral compte deux travées complétées d'une abside gothique à cinq pans[11] il est aussi large que la nef[1].

Sébie rapporte la construction du clocher à la fin du XVIe siècle. De plus, selon lui « la nef principale, avec le clocher » aurait été « soudée avec l'abside à plusieurs reprises, comme l'indiquent les caractères divers de son architecture gothique »[1].

Pendant les guerres de religion, l'église est saccagée - probablement en 1569, date de la prise de Saint-Sève par les huguenots. Les ravages causés par les protestants dans les églises du diocèse d'Aire sont cités dans l'enquête dite « verbal de Charles IX » de 1571[16].


XVIIe siècle, portail monumental et travée du collatéral, paroisse à Montaut

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Dans la première moitié du XVIIe siècle l'église est considérablement embellie, notamment avec la construction, sous le double porche à l'entrée de la tour, d'un portail monumental disposé comme un arc de triomphe[3] de style gallo-roman de la Renaissance tardive (1600-1650), qui se superpose au portail de la nef[11].

Afin d'établir une symétrie avec l'ancienne nef romane, une travée supplémentaire vient prolonger les deux travées du collatéral sud[11].

À l'approche du XVIIIe siècle, la population du bourg est devenue prédominante sur celle du siège de paroisse Brocas. Le premier curé à quitter Brocas pour habiter à Montaut est Christophe Lafaurie, qui appartient à la famille des seigneurs de Montaut ; d'abord curé d'Ourses (canton d'Arjuzanx), il obtient la cure de Montaut et s'installe d'emblée près de la place du bourg, dans la maison de Loubes[13]. Lafaurie reconstitue la confrérie de Saint-Pierre, lui redonne des statuts et obtient du pape Innocent XII une bulle d'approbation et d'indulgences homologuée par l'évêque d'Aire Fleurian d'Armenonville le 22 juin 1699[18].

Les curés de ce siècle sont M. Laroque, curé en 1617 ; M. Ribes ; M. de Sarraute ; M. de Sauvage ; et Christophe Lafaurie[18].

XVIIIe siècle, transfert d'autels et de retables

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À l'occasion de sa visite pastorale en 1755, l'évêque d'Aire Sarret de Gaujac décrit succinctement le maître-autel situé dans le chœur roman à l'extrémité du vaisseau nord (la nef). C'est un autel en calcaire d'époque romane et certainement le maître-autel primitif de l'église[19],[20],[21].

En 1782 l'autel de l'abside sud (celui du collatéral), dédié à sainte Anne, est transféré à la sacristie[19]. C'est vraisemblablement à cette période que le chœur liturgique (autel et retable) du chœur roman de l'abside nord est transféré dans l'abside du collatéral au sud[22], et qu'un nouvel autel, toujours en place à ce jour, est installé dans l'abside du vaisseau nord, devenue vacante[22].

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle[21] le maître-autel d'époque romane est enchâssé dans un coffre (tombeau d'autel) en bois[19] peint, ainsi que son gradin et son tabernacle[21].

Sébie (1864) affirme que le retable a été démonté à la Révolution et ses statues brûlées. Le démontage est vraisemblable mais les statues de saint Pierre et de saint Paul de chaque côté du retable actuel, ainsi que deux statues d'anges (repérées en 1969 mais non retrouvées en 2017) et, très probablement, les deux tableaux qui ornent le retable actuel, dont visiblement des remplois et proviennent selon toute vraisemblance de cet ensemble supposément détruit[19]. En réalite ces destructions semblent s'être limitées à la saisie et à la fonte des cloches et de la riche argenterie cultuelle (ostensoir, ciboire, deux calices et leur patène, encensoir, navette et cuiller, aspersoir, plusieurs croix, lampe), dont l'église ne conserve aucune trace de nos jours[23].

Bergoignan a l'honneur douteux d'être curé de la paroisse quand la Révolution éclate[18]. Mais à cette époque, Brocas est desservie par un vicaire nommé Baffoigne[24], qui a pratiqué une cachette dans une maison voisine de la sienne à Taluchet[n 2] pour y dissimuler le prêtre officiant et déjouer les recherches de la maréchaussée[25].

XIXe siècle, siège paroissial à Montaut

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1806 : les paroissiens du bourg, "fatigués de porter leurs morts à Brocas" (ancien siège de la paroisse), obligent la municipalité à faire choix d’un terrain pour un nouveau cimetière à Montaut. Mais celui-ci « ne convient pas du tout, inspire le dégoût, tout le monde se plaint ». Le conseil municipal tergiverse[26] jusqu’entre 1847 et 1855[27], quand le maire Sylvain Labastugue prend l’affaire en mains avec son nouveau conseil. On joint au terrain acquis en 1806 un emplacement mitoyen "pour faire un beau et immense cimetière"[26].

1808 : le titre de siège paroissial, réservé à l'église de Brocas jusqu'en 1685, passe officiellement à Sainte-Catherine et Brocas devient une succursale[6].

Pendant longtemps l'église de Brocas n'a qu'une seule cloche[28], fêlée « depuis plusieurs années » avant 1853[29] ; celle-ci est refondue en 1853, peut-être par Tourmeau fils, de Mont-de-Marsan (qui fabrique la même année une autre cloche pour l'église Sainte-Catherine du bourg[28] ; les deux cloches sont baptisées dans la même cérémonie[29]). Le registre de la paroisse du XIXe siècle signale aussi plusieurs acquisitions de plus ou moins grande importance : le don d'une statue en bois doré de la Vierge à l'Enfant en 1858, l'achat entre 1867 et 1877 d'un nouveau maître-autel néoroman en marbre (pour un coût de 3 100 francs) placé dans l'ancien chœur roman, le renouvellement du mobilier de la sacristie, etc[23].

Le dorsal et l'abat-voix de la chaire en pierre sont sans doute ajoutés ou remplacés dans la première moitié du XIXe siècle[30].

1854 : la toiture, le clocher et le porche sont restaurés[31].

Le 2 juin 1859, la foudre s'abat sur le clocher de Brocas et cause d'importants dégâts[32].

En 1860, tous les ornements de Montaut et Brocas sont réparés à l'occasion de la visite pastorale de l'évêque. Le curé M. Barbe fait construire une tribune pour y installer l'orgue[33].

Entre 1866 et 1900, restauration du chœur, achat d'un maître-autel en marbre (3100 fr.), de trois ornements blanc, violet et noir pour Brocas (180 fr.)[34].

En 1875 les derniers restes du retable du maître-autel sont définitivement supprimés ; et on dégage l'arcature romane du fond de l'abside nord est dégagée, ainsi que la fenêtre axiale qui les surmonte et reçoit à cette occasion un vitrail de G.-P. Dagrand)[19].

XXe siècle

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De l'ancienne confrérie de saint Pierre ranimée par Lafaurie fin XVIIe siècle, en 1900 ils ne reste que six adhérents âgés. Ils sont intégrés à la confrérie du Saint-Sacrement, plus prospère (30 fr de droit d’entrée). Il existe aussi une confrérie du Rosaire, moins prospère[35].

En 1905 Gustave Delestan, fondeur à Dax, fournit une seconde cloche qui a pour parrains Jean-Baptiste Lannevère et Marie Du Sault. Puis le fondeur tarbais Marcel Fourcade installe en 1937 la cloche Jeanne Hélène, donnant le si bémol, probablement fondue en réutilisant le matériau de la cloche de 1853, pour la somme de 2 112 francs[28].

En 1934 le service religieux est interdit à Brocas à cause du délabrement de l'église : « la couverture, devenue une vraie écumoire, laisse passer des flots d'eau qui détrempent les coûtes et inondent sur certains points le pavé de l'église »[36].

En 1936 le clocher est restauré (de même que celui de Sainte-Catherine à Montaut). "Ce qui constituait le clocher proprement dit a été simplement rasé, sa reconstruction entraînant des dépenses trop considérables. La tour a été simplement exhaussée de 3 mètres et terminée comme chacun peut le voir."[36].

Description

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Le bâtiment actuel se compose de deux vaisseaux à toiture unique, correspondant l'un à la nef originelle, côté nord, et l'autre au collatéral du début XVIe siècle, côté sud. Chaque vaisseau a son portail respectif sur la façade ouest.

Au nord-ouest (partie gauche du côté de l'entrée de l'église) se trouve le clocher-porche de plan carré flanqué d'une tourelle d'escalier semi-octogonale sur son côté sud[3].

Le chœur nord n'est pas dans l'alignement de l'axe principal de la nef : il s'infléchit sur la droite. L'abbé Lamaignère (1943), qui souligne ce fait, précise que le fléchissement vers la droite est « assez fort » et veut y voir un symbole du « geste du Christ expirant sur la croix, et laissant retomber sa tête sur l'épaule »[37]. En réalité l'angle du chœur avec la nef est insignifiant ; par contre l'angle du clocher avec la nef est nettement plus important (voir le plan plus haut).

Le porche

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Les deux entrées dans l'église sont précédées par un porche en appentis[3] qui s'ouvre à ses deux extrémités nord et sud. Le porche est partiellement cloisonné en deux parties, celle au nord desservant le portail de la nef et celle au sud le portail du collatéral.

Le mur ouest du porche porte des plaques commémoratives des morts de la guerre de 1914-1918, et au moins une plaque se trouve près de la porte nord[38].

Dans le porche, le portail vers le clocher et la nef est encadré par un impressionnant portail en arc de triomphe de style gallo-roman. Ce portail d'une « perfection toute romaine » a été l'objet de nombreuses interrogations : sa création remontait-elle à l'Antiquité ? Provenait-il d'une villa des environs ?[réf. nécessaire] Une étude de François-Georges Pariset, professeur de l'Histoire moderne à l'Université de Bordeaux en 1965, a conclu à un portail Renaissance tardive édifié vers 1600 / 1650. Il serait l'œuvre d'un artiste influencé par l'art et les traditions antiques omniprésentes en Italie et qui était très probablement de nationalité italienne[11].

Sur le portail monumental, comme sur le portail de l'église Sainte-Catherine de Montaut, sont sculptées la tiare de Saint-Pierre et les clefs pontificales qui attestent de la consécration de l'église au culte catholique.

Le clocher

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Le double portail du côté nord du porche s'ouvre sur l'espace sous la tour-clocher, une salle aux murs épais éclairée par trois fenêtres ébrasées disposées sur le mur extérieur de gauche. Devant, au-dessus de la grande ouverture à arc brisé qui permet d'accéder à la nef, deux baies éclairaient un étage au plancher aujourd'hui disparu.[réf. nécessaire] Cette salle quadrangulaire et voûtée a servi de porche avant la construction du porche actuel. À l'arrière, elle est équipée d'une tribune où retombent les cordes du clocher. À gauche, le mur de séparation est encore équipé d'une meurtrière qui témoigne de l'agrandissement de l'église, notamment de la troisième travée du collatéral sud.


 
Motifs antiques
et personnages en stuc

Selon F-G. Pariset, les motifs antiques et les personnages en stuc qui ornent les piliers du collatéral seraient également du même artiste[réf. nécessaire]. Les délicats décors de stuc rehaussent le sommet de neuf piles, où ils simulent des chapiteaux et demi-chapiteaux. F.-G. Pariset (1965) puis Jean Cabanot (1987) pensent que, comme le portail monumental à l'antique, ils datent au plus tôt des premières décennies du XVIIe siècle - hypothèse corroborée par la date 1619 récemment découverte dans un cartouche orné de cuirs à l'entrée du vaisseau (sur le premier pilier à droite de la nef), qui, selon toute vraisemblance, concerne la réalisation de ces embellissements[39].

Le chœur nord est formé d'une abside semi-circulaire, précédée d'une partie droite. Le « chœur »[n 3] sud, également précédé d'une partie droite, est formé d'une abside à trois pans.

Le mobilier

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Longtemps siège de la paroisse, Saint-Pierre de Brocas a eu un riche mobilier et des décors soignés ; il en reste des traces dans quelques vestiges et par des textes[23].

Mobilier roman

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Le seul élément conservé de l'édifice roman est l'autel du collatéral en pierre appareillée, présumé du XIIe siècle[23]. Cet autel en calcaire d'époque romane était originellement situé dans le chœur roman, à l'extrémité de l'actuel vaisseau nord[19] (la nef originelle). Après avoir été transféré dans l'abside du collatéral au XVIIIe siècle, il a été enchâssé au XIXe siècle dans un coffrage en bois[23] (dit tombeau d'autel[19]) dont il a été dégagé dans les années 2010[23].

Mobilier gothique

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De l'époque gothique ne subsistent que des fonts baptismaux, peut-être du XVIe siècle ; et quelques fragments d'un grand retable flamboyant en pierre sculptée qui devait rivaliser avec celui (découvert complet) de la proche église d'Audignon. Les vestiges du retable de Brocas ont été découverts lors de fouilles dans le chœur en 1975. Ce premier ensemble mobilier a sans doute été détruit dans sa quasi-totalité lors du sac de l'église par les troupes huguenotes en 1569[23].

 
Chaire en pierre (abat-voix et panneau arrière en bois)

Mobilier du XVIIe siècle

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À partir de 1619 la restauration du bâtiment est vraisemblablement accompagnée d'un renouvellement complet du décor. Vers le milieu du siècle le vaisseau roman reçoit une rare chaire en pierre[23],[30] et surtout un maître-autel monumental[23].

Cette chaire a une cuve suspendue à quatre pans (le cinquième était constitué par un portillon disparu) sur culot galbé, qui semblent dater du XVIIe siècle. C'est l'un des rares exemples de chaires en pierre conservées dans les Landes, avec celles d'Audignon, de Saint-Aubin ou de Saint-Jean d'Aulès à Doazit. Le dorsal et l'abat-voix de la chaire en pierre ont sans doute été ajoutés ou remplacés dans la première moitié du XIXe siècle[30].

Du grand retable décrit en 1755 par Sarret de Gaujac (évêque d'Aire 1735-1757) comme "bien doré et fort beau", il ne reste actuellement que les quatre statues (saint Pierre, saint Paul et deux anges) qui devaient orner les corps latéraux ; le tableau de la contretable d'autel[23], une Cruxifiction inspirée du vénitien Palma le Jeune pour sa partie supérieure[40] et remployé dans le maître-autel actuel ; et peut-être la Trinité de l'attique[23],[41]. Le tableau de la Trinité est daté approximativement de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle et reproduit probablement une gravure flamande du XVIIe siècle[41].

Mobilier du XVIIIe siècle

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Retable du maître-autel[22]
Le maître-autel et son retable

Le maître-autel, installé probablement vers 1782, est dans un style rocaille tardif[22]. Plus moderne que le précédent, il inclut néanmoins des remplois[23]. Son retable est en trois panneaux. Les panneaux latéraux comportent chacun une porte surmontée d'un aileron[42] ; la porte de gauche ouvre sur la sacristie, la porte de droite est une fausse porte[22].

Le soubassement comporte deux petites crédences portées par des têtes en applique. L'entablement est composé d'une architrave, d'une frise ornée de rinceaux, d'une corniche à denticules, le tout surmonté d'un fronton interrompu en volutes. Le couronnement, rapporté, encadre un tableau sommital ; il est flanqué de pots à feu à revers plat. Les éléments de structure sont peints en faux marbres polychromes, les ornements et moulures sont dorés[22].

Parmi les remplois, on note le tableau d'autel, une Cruxifiction provenant très probablement de l'ancien retable[n 4],[22] (dans le chœur roman primitif)[40], et peut-être aussi le tableau de la Trinité encadré par le couronnement[22]. Le tableau de la Cruxifiction a probablement été retaillé sur les côtés et dans les angles supérieurs, et peut-être en bas, pour s'adapter au cadre du nouveau retable[40].

Mobilier du XIXe siècle

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Les vitraux

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Les vitraux sont du bordelais Gustave-Pierre Dagrand/t (1839-1915), comme ceux de Sainte-Catherine du bourg ; mais contrairement à cette dernière, les vitraux de Brocas sont installés en trois temps correspondant à des époques successives de la carrière du verrier. Les vitraux du vaisseau nord, représentant saint Pierre[n 5], datent de 1875 ; à cette époque Dagrand/t travaille à Bayonne. Les vitraux de la sacristie[44] sont installés en 1882 alors que le verrier est revenu dans sa ville natale de Bordeaux. En 1889 le curé Daydrein (1866-1900)[n 6] fait remanier les quatre fenêtres sud[n 7] dans le style flamboyant ("deux panneaux avec meneau au milieu") et commande à Dagrand de nouvelles verrières (dont une « Sainte Famille au travail ») qui sont financées par la fabrique (600 fr.) et les frères Jean-Baptiste[n 8] (200 fr.) et Guillaume Lannevère (100 fr.), fils (?) du donateur de la verrière de Saint Pierre en 1875[45].

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • [Lafitte 1900-1951] Abbé Lafitte (curé de Montaut 1900-1951), Notes pour servir à l'histoire de la paroisse de 1900 à 1928 (entrées dans le registre paroissial), Montaut
    Cité dans Le mobilier de l'église paroissiale Saint-Pierre de Brocas, sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr, section « Annexes » : voir « Inventaire des églises de Montaut et de Brocas » (cliquer sur « Afficher l'annexe » pour ouvrir le menu déroulant)
    .
  • [Lamaignère 1943] Raphaël Lamaignère (abbé), L'église de Brocas. État descriptif en 1943 (manuscrit recopié par Philippe Dubedout), sur dzt-isto.chez-alice.fr (lire en ligne).  .[n 9]
  • [Sébie 1864] Abbé Sébie, « La paroisse de Montaut (Landes) pendant la Révolution française », Revue de Gascogne, t. 5,‎ , p. 209-228 (lire en ligne [sur gallica]).  .

Liens externes

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Notes et références

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Notes
  1. Le cimetiére de Brocas est le cimetière communal jusqu'un 1851. Pourtant, avant même que Sainte-Catherine, l'église du bourg, ne devienne officiellement l'église paroissiale en 1808[6], la municipalité acquiert dès 1806 un terrain à Montaut pour accueillir un nouveau cimetière, poussé par la population « fatiguée de porter ses morts à Brocas ». Mais, selon le curé Barbe, « pressés par la manifestation de l'opinion publique, nos hauts fonctionnaires du lieu entrèrent plusieurs fois en délibérations pleines de maturité ; ils parlaient beaucoup, formaient de nombreux et savants plans, et en définitive ils en restaient toujours au statu quo [...], ils restèrent ainsi en haute suspension jusqu'au jour où fut proclamé le gouvernement républicain ». En 1851 Sylvain Labastugue, maire de Montaut (1837-1870 puis 1872-1878), acquiert un nouveau terrain qui est joint à la parcelle déjà achetée et le nouveau cimetière est aménagé cette même année.
    Voir Cimetière (Montaut), sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  2. Taluchet est un petit hameau à environ 1 km au sud-est de Brocas.
  3. Le « chœur » sud (partie gauche de l'église) n'est en principe pas un chœur puisque cet espace se trouve à l’extrémité d'un collatéral. Mais il est utilisé comme choeur depuis
  4. Selon l'abbé Sébie (1864), le retable du maître-autel aurait été détruit en 1792 lors de la Révolution. en tout cas détruit en 1875 au plus tard. Voir Retable du maître-autel, sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  5. Les verrières du vaisseau nord représentant saint Pierre sont documentées par un dessin préparatoire conservé aux archives départementales de Gironde, fonds Dagrant. Voir Ensemble de 11 verrières (baies 0 à 8), sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  6. Le curé Daydrein fait aussi remanier des verrières de Sainte-Catherine au bourg. Voir Ensemble de 11 verrières (baies 0 à 8), sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  7. Les quatre verrières du vaisseau sud, absentes des archives Dagrand, sont documentées par le registre de la paroisse. Voir Ensemble de 11 verrières (baies 0 à 8), sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  8. Jean-Baptiste Lannevère parraine en 1905 l'une des cloches de Brocas. Voir Ensemble de 11 verrières (baies 0 à 8), sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  9. L'abbé Lamaignère, dans Lamaignère 1943, dit qu'en 1930 le clocher est « inscrit alors au chapitre de la grande pitié des églises de France ». Il fait là allusion au livre de [1914] Maurice Barrès, La Grande pitié des églises de France, , sur archive.org (lire en ligne). Ce livre ne mentionne ni Brocas ni Montaut. Mais il est vrai que l'église de Brocas, à cette époque, mérite d'y figurer car son état est pitoyable puisqu'en 1934 le service religieux y est interdit à cause du délabrement de l'église.
Références
  1. a b c et d Sébie 1864, p. 225.
  2. « Église Saint-Pierre de Brocas », notice no PA00083985, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. a b c d e f et g Église paroissiale Saint-Pierre de Brocas, sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  4. a et b « Brocas sur Montaut, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrographie » activées. Les distances à vol d'oiseau se mesurent avec l'outil « Mesurer une distance » dans l'onglet « Outils cartographiques » à droite (symbole de petite clé plate).
  5. « Cimetière (Montaut) », sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr (consulté en ).
  6. a b c d e et f Sébie 1864, p. 224.
  7. « Église Saint-Pierre de Brocas et le portail de l'enclos, vue depuis le nord en caméra de rue », sur google.fr/maps. On ne voit pas le porche de l'église, caché par la maison à droite.
    La vue "caméra de rue mobile" ("street view") de Google maps montre le paysage le long de la plupart des routes circulables en voiture. Depuis la carte, elle est accessible par l'icône représentant une silhouette, sous la barre verticale du zoom en bas à droite de l'écran : cliquer dessus avec la touche gauche de la souris et maintenir la touche enfoncée, puis l'amener sur la carte : les routes parcourues par la caméra s'éclairent en bleu. Placer l'icône sur un trait bleu (= une route), relâcher le bouton de souris ; la vue en caméra de rue apparaît. Tourner la vue en cliquant sur la fenêtre et en faisant glisser à gauche ou à droite de l'écran. On peut faire avancer la caméra en cliquant sur la route ; et repositionner la caméra ailleurs en cliquant sur un trait bleu dans la carte en encart en bas à gauche de la fenêtre.
  8. a et b Bernard Chabot et Michel Dubau, « Église paroissiale Saint-Pierre de Brocas - Plan », sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr (consulté en ).
  9. [Buisson 1876] (la) Don Petro Daniele Du Buisson, Historiae Monasterii S. Severi, t. 2, , 440 p., sur babel.hathitrust.org (lire en ligne), p. 128.
  10. Jean Cabanot et Georges Pon, Une abbaye au coeur de la Gascogne, Saint-Sever (988-1791), Dax, Comité d’études sur l’histoire et l’art de la Gascogne (CEHAG, 102 av. Francis Planté, 40100 Dax), 2014, p.139, Acte 6 Bernard-Guilhem, comte de Gascogne, confirme la donation du lieu de Saint Sever par son père Guilhem-Sanche ... [997-1009], note 132 : C. et ar. de Mont-de-Marsan, Landes. Autre prieuré du confluent, Saint-Pierre-du-Mont, également au sud de Mont-de-Marsan.
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  14. Attestée dans les Rôles Gascons entre 1242 et 1400, elle est présente à Sault-de-Navailles dès 1225 ; branche d'origine de la Famille de Brocas de Beaurepaire et Roche Court.
  15. [Burrows 1886] (en) Montagu Burrows, The Family of Brocas of Beaurepaire and Roche Court, hereditary masters of the royal buckhounnds, with some account of the english rule in Aquitaine, London, Longmans, Green & Co, , 496 p., sur books.google.fr (lire en ligne). Histoire et documents sur cette famille de gascons au service des rois d'Angleterre.
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  44. Les vitraux de la sacristie sont mentionnés dans un livre de comptes de la maison. Voir Ensemble de 11 verrières (baies 0 à 8), sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
  45. « Ensemble de 11 verrières à personnages (Saint Pierre, Sainte Famille dans l'atelier de Joseph), géométriques et décoratives (baies 0 à 8) », sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr (consulté en ).