Édouard Baldus

photographe français

Édouard Denis Baldus, né le à Grünebach (Duché de Nassau) et mort le à Arcueil (Val-de-Marne)[1], est un peintre et un photographe prussien naturalisé français en 1856.

Édouard Baldus
Édouard Baldus, Autoportrait (vers 1853).
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Ses photographies de paysages et de monuments, innovantes dans leur genre, permettent de témoigner de la transformation du paysage par l'ingénierie moderne durant les années 1850-1869, de la confiance dans le progrès technique[2], mais aussi l’esprit et les ambitions de la France du Second Empire[3].

Son album consacré à la Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée est considéré comme le point culminant de sa période créatrice.

Biographie

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Peintre de formation, Édouard Baldus s’installe à Paris en 1838, après un voyage aux États-Unis, pour perfectionner sa peinture et expose aux Salons de 1847, 1848 et 1851.

Ses premières expériences photographiques datent de la fin des années 1840, sans doute vers 1848, lorsque le calotype — procédé de tirage papier à partir de négatif, inventé par William Henry Fox Talbot —, est importé en France. Dès 1851, Édouard Baldus est reconnu comme l'un des rares photographes sachant imposer une sensibilité esthétique à son art dont les sujets sont essentiellement des éléments d’architecture et des vues citadines. Il est d'ailleurs l'un des cinq artistes sélectionnés par la Commission des monuments historiques, un organisme gouvernemental, pour effectuer des missions héliographiques, des enquêtes photographiques du patrimoine architectural, en se concentrant particulièrement sur les monuments à restaurer. Baldus est envoyé au sud, à Fontainebleau, à travers la Bourgogne, le Dauphiné, le Lyonnais, la Provence et une petite partie du Languedoc.

Il photographie la France entière, principalement ses monuments, mais aussi les travaux ferroviaires de l'époque et réalise aussi les premiers reportages, comme en 1856, lors des inondations du Rhône.

Distinctions

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Chronologie

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La Librairie impériale du Louvre (1856-1857).
 
L'Église Saint-Trophime d'Arles (ca. 1850-1859).

* 1856 : il réalise sur commande des Beaux-arts un reportage sur les inondations dévastatrices du Rhône, à Lyon, Avignon et Tarascon. Il est naturalisé français cette même année.

  • De 1855 à 1857 : il photographie la construction du nouveau Louvre (Paris). Il publie en 1857 Réunion des Tuileries au Louvre. 1852-1857. Recueil de photographies publié par ordre de ... Mr. Achille Fould, ministre d'état et de la Maison de l'Empereur, Paris, Chardon ainé, 4 vol. in-folio oblong[7].
  • 1857 : il devient membre de la Société française de photographie
 
La Gare de Toulon (1859).
  • 1859 : Baldus réalise un nouvel album à l'occasion du prolongement de la ligne de chemin de fer entre Marseille et Toulon.
  • Années 1860 : à partir de 1860, il travaille essentiellement dans des formats plus petits. Commandés en 1861, ses clichés regroupés dans son album sur les chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, juxtaposent avec harmonie les réalisations de l'ingénierie moderne avec celles de l’héritage romain et médiéval dans le but d'en souligner les analogies.
  • À partir de 1865, l'aspect de plus en plus commercial de la photographie l'éloigne de la prise de vue[8]. Il réalise alors avec le docteur Charles Ozanam la mise au point d'un appareil permettant de photographier les battements du cœur[9].
  • en mai-juin 1870, avec d'autres membres de sa famille, il vend un terrain situé 17, rue d'Assas à la Société Thome et Cie pour raison d'alignement[10].
  • 1875 : il rassemble la plupart de ses photographies, retirées en héliographie, dans son ouvrage Les Monuments principaux de la France.
 
Entrée au Port de Boulogne (1855).

Il a laissé un grand nombre de négatifs dont une partie est encore en mains privées.

Il est enterré au cimetière de Cachan.

Les photographies de Baldus ont donné lieu à une jurisprudence fondatrice et essentielle en droit des obligations, et plus précisément en droit des contrats et en droit de la vente. En effet, un vendeur avait assigné son acheteur, pour avoir acquis des photographies sans révéler leur origine et la grande valeur de celles-ci, que ledit vendeur ignorait. Le 3 mai 2000, la 1re chambre civile de la Cour de cassation a rendu un arrêt de principe, posant que, aucune obligation d'information ne pesant sur l'acheteur, celui-ci ne pouvait être sanctionné pour n'avoir pas fait connaître à son vendeur la véritable valeur de ces photographies[11].

Cette jurisprudence est décisive en droit français, car le Code civil (article 1137)[12] dispose que les contrats ne peuvent être valides et sont nuls, dès lors qu'a eu lieu la dissimulation intentionnelle par l'un des cocontractants d'une information dont il savait le caractère déterminant pour l'autre partie. Le prix de la chose étant donc exclu de ces éléments relevant d'un caractère déterminant, on en déduit que le fait d'« arnaquer » son cocontractant quant au prix de la chose n'est pas illicite en droit français, et qu'un contrat passé de telle façon est valide.

Œuvres dans les collections publiques

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Les archives photographiques de la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine de Charenton-le-Pont[13] conservent de nombreux négatifs papier et négatifs verre au collodion, datant pour la plupart de la seconde moitié des années 1850 et des années 1860[14].

Photographies notables

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Cotation

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  • Orange, le Théâtre antique vers 1859, tirage albuminé d’après négatif sur verre, 43 × 33 cm : 40 000 FF (hors frais d’achat), le , étude Pescheteau-Badin, Paris, hôtel Drouot.

Notes et références

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  1. ancien département de la Seine « Actes des décès, état-civil de la commune d'Arcueil », sur Archives départementales du Val-de-Marne, p. 136.
  2. Présentation de Baldus par le Metropolitan Museum of Art de New York, www.metmuseum.org.
  3. [1], site du Centre canadien d'architecture, www.cca.qc.ca.
  4. Dossiers de proposition de Légion d'honneur 1852-1870
  5. « Musée d'Orsay. Édouard Baldus. Vue de la gare de Picquigny », sur www.musee-orsay.fr (consulté le ).
  6. « Bibliothèque nationale de France. Les albums de Napoléon III », sur expositions.bnf.fr (consulté le ).
  7. (en) Malcolm Daniel, « 'Stone by stone'. Edouard Baldus and the New Louvre », History of Photography, vol. 16, no 2,‎ , p. 115-122.
  8. « Édouard Baldus », www.photo-arago.fr.
  9. http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SET=1/TTL=1/CLK?IKT=1&TRM=Balduz,E.
  10. Archives nationales de France, Minutier central des notaires de Paris, étude CXII, de maître Jean Yacinthe Devès, MC/ET/CXII/1332.
  11. Cour de Cassation, Chambre civile 1, du 3 mai 2000, 98-11.381, Publié au bulletin (lire en ligne)
  12. « Article 1137 - Code civil - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  13. Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
  14. « Archives photographiques », www.culture.fr.
  15. Édouard Baldus et Auguste Hippolyte Collard, Chemin de fer du Nord. Ligne de Paris à Boulogne. Album de vues photographiques, Paris, Compagnie des chemins de fer du Nord, , 49 p. (lire en ligne), sur Gallica.

Annexes

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Bibliographie

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  • Édouard Baldus, photographe, Paris, Réunion des musées nationaux, 1994 (ISBN 2-7118-3182-5).
  • (en) Daniel Malcolm, The Photographs of Édouard Baldus, New York, The Metropolitan Museum of Art ; Montreal, Canadian Centre for Architecture, 1994 (ISBN 0-87099-714-9 et 0-87099-715-7).
  • Anne de Mondenard, La Mission héliographique. Cinq photographes parcourent la France en 1851, Paris, Éditions du Patrimoine, 2002, 319 p. (ISBN 2858226903).

Liens externes

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